Daniel Blake, le menuisier aimerait travailler, et malgré
des problèmes cardiaques qu’il n’arrive pas à faire reconnaître, il doit
déposer ses C.V chez des employeurs, bien qu’il ne soit pas
« employable ». La révolte peut-elle venir à bout de
l’absurdité ?
Pourtant qui n’a pas été troublé par des récits concernant
des individus qui abusent des allocations, alors que la fraude fiscale
représente 70% des manques à gagner pour l’état, contre 30% concernant la
fraude sociale ?
Ce film utile nous remet du côté des pauvres, du côté des
« éligibles » - les moins nombreux possibles - aux aides car ils se
multiplient.
Contrairement aux productions françaises dont nous reconnaissons
d’abord les acteurs avant d’identifier un ouvrier ou une mère célibataire, nous
poussons la porte des appartements des plus humbles à Newcastle et partageons
leur combat quotidien pour survivre.
Au-delà de la dénonciation de lourdeurs administratives
outre Manche, ce sont les conséquences implacables de la privatisation qui sont
démontrées intelligemment.
Et finalement peu importe que certaines scènes soient trop
appuyées quand il s’agit de défendre la dignité des hommes.
Contre l’exclusion par Internet, la culpabilisation et la déshumanisation,
les call center, les vigiles à l’accueil, la fraternité est là. Tous les
employés du « job center » ne
sont pas des machines et les enfants sont des boosters à résilience.
Cannes l’a récompensé et les « Indignés » vont
aimer, bien qu’il n’y ait pas de quoi en faire un programme. Face à la misère
qui vide de ses meubles les intérieurs miteux, sont attaquées jusqu’à nos
espérances. Les machines ont gagné pas seulement par leurs algorithmes mais
dans ce que nous avons perdu en estime des autres et donc de soi.
Dans la filmographie de l’octogénaire, cette heure et demie
est plus proche du sombre « Jimmy’s hall »
que de l’enjoué « La part des anges »
On a beau répéter que « L’humour est la politesse du
désespoir », le tag final, affirmation désespérée de l’individu, apposé à
la surface d’un « monument en airain », souligne une solitude que des
bouffées de solidarité n’ont pu résoudre.
…………….
Suite à quelques faiblesses dans ma boîte vitale (live box)
je n’ai pu poster tous les articles dans les temps que je m’étais donné, les
fidèles voudront bien me pardonner. Cette semaine à venir, je vais m’occuper de
mes petits enfants et mettre de côté la machine ; retour sur écran jeudi
17 novembre.