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jeudi 28 mars 2024

Les fêtes galantes. Fabrice Conan.

Le conférencier devant les amis du musée révise le vocabulaire autour du bien-être pour présenter cette époque charnière de la peinture au XVIII° siècle : badinage, élégance, légèreté. « Le Printemps » d’Antoine Watteau est représentatif de cette esthétique : sous des touches lestes, les personnages en costume contemporains montent en musique dans des embarcations décorées où  les distances promettent de se réduire, sous un ciel flamand en mouvement.  
https://blog-de-guy.blogspot.com/2014/01/watteau-antoine.html
Avec « L’Embarquement pour Cythère » de 1709, une narration s’inscrit dans le paysage, en faisant écho d’une pièce à succès : « Les trois cousines » terminée par cette chanson :  
« Venez à l’île de Cythère
En pèlerinage avec nous
Jeune fille n’en revient guère
Ou sans amant ou sans époux. »
Le Valenciennois accède à l’Académie royale de peinture et de sculpture avec la version de 1717 nommée aussi « Le pèlerinage à Cythère » dont on ne sait si les couples amoureux munis de bâtons de pèlerins embarquent pour l’île de la déesse de l’amour ou s’ils en reviennent. Entre deux mondes, l’amant aide sa compagne à se relever en un mouvement amorcé par ceux qui les accompagnent. Après l’austérité dévote de la fin du règne de Louis XIV, la cour sous la régence quitte Versailles pour Paris, la paix est revenue.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2022/12/louis-xv-fabrice-conan.html
Dans ses dessins préparatoires les plis des robes dites à la Watteau cachent les laçages.
D’un côté du
« Pierrot content » , des comédiens avec leurs fraises démodées portent des costumes « à l’espagnole », de l’autre la femme mène le jeu derrière un éventail qui peut signifier « embrasse-moi » ou « laisse moi tranquille » selon sa position.
La statue de  « La Leçon d'amour » ne reste pas de marbre, 
la musique accorde les sons et les cœurs.
« Le concert champêtre »
de Giorgione ou du Titien faisait cohabiter poètes et femmes nues nées de leur imagination. Au XVIe siècle, le visible et l'invisible pouvaient être représentés ensemble, mais peut-on interpréter la flûte dans un registre grivois ?
Constable
a écrit que « Les plaisirs du bal » en leurs jardins imaginaires, 
synthèse des styles italiens et flamand, semblaient « peints avec du miel ».
« Le Repos dans le parc »
de Jean-Baptiste Pater, son élève, 
ne manque pas de mouvements gracieux.
« Les baigneuses dans un parc » appartiennent au Musée de Grenoble.
Celles de Nicolas Lancret, toutes à leur « Plaisir au bain » n’en sont pas moins charmantes,
elles font le pendant du « Repas au Retour de la Chasse ».
Dans sa « Fête Galante avec Persan et statue », le peintre reproduit une sculpture réelle, 
et la position de l’éventail de la belle vaut d’être lue.
Pour la scène « La danse de la Camargo » thème assez rare, 
la robe raccourcit, les chevilles  apparaissent, suggestives.
Dans « L'Alarme » dynamique de
Jean-François de Troy
le jeune homme a la main sur son cœur et celle de la jeune fille trempe dans l’eau qui jaillit.
François Boucher
D
ans un  espace protégé, «  Les Charmes de la vie champêtre » tout en soie et velours, s’illustrent dans un affriolant genre pastoral.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2015/04/francois-boucher-le-bonheur-de-peindre.html
« Le jeu de la palette »
,  tableau de Fragonard redécouvert en 2016, 
consiste pour un jeune homme à frapper la main de la personne désirée
et « Le Jeu de la Main chaude » 
où le « patient » peut cacher sa tête sous les jupes est forcément coquin.
« La Fête à Saint-Cloud » de Fragonard
la nature triomphe dans un « jardin imaginaire pittoresque » 
Ses tonalités mélancoliques annoncent qu’une saison s’achève, plutôt qu’une prophétie, facile deux siècles plus tard, sur la fin des plaisirs aristocratiques.  
« Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1780 n'a pas connu le plaisir de vivre » Talleyrand

jeudi 21 mars 2024

L’art du verre à Nancy. Gilles Genty.

Mêlant esthétique, chimie, alchimie, « l’art du feu » mesure la distance entre l’imagination artistique et le résultat à la sortie du four de l’artisan. Dans la présentation de tant de vases, coupes et autres luminaires devant les amis du Musée de Grenoble, les œuvres n’ont pas à rougir. J’éviterai les répétitions depuis l’article consacré à l’Ecole de Nancy.
Emile Gallé
contemporain de Gauguin a mené de brillantes études avant de devenir dessinateur dans l’atelier de son père.
Nourri de Victor Hugo, Lamartine, il n’oubliera pas de les citer tout au long de sa carrière.
Ses vases sont parfois parlants comme celui pour sa femme Henriette Grimm.
« N’est sortilège que d’aymer »
 à l’émaillage polychrome surajouté au verre fait référence à des techniques anciennes.
La perte de l’Alsace/Lorraine, 
«  Pensez-y toujours n’en parlez jamais »,   
a marqué l’engagement de toute une vie.
Tous les symboles sont réunis autour de Jeanne d’Arc, à décor noir dégagé à l’acide : 
lys, chardon, croix de Lorraine, « De par le Roy du ciel ».
« Le verre soufflé offert à Louis Pasteur »
témoigne de son amour de la nature.
« La Soldanelle des Alpes » inclut  poussières d’argent et de platine 
dans ses deux couches neigeuses de cristal et un décor gravé à la roulette.
Le « japonisme » eut aussi son influence en un opalescent «  Clair de lune ».
« Vase à la carpe »
.
Lors de l’exposition universelle de 1900, Gallé met en scène son travail : 
au dessus des « Sept cruches », d'après le conte de Marcel Schwob est inscrit : 
« Mais si tous les hommes sont méchants, faussaires et prévaricateurs, 
À moi les mauvais démons du feu : 
Éclatent les vases ! 
Croule le four, 
Afin que tous apprennent à pratiquer la Justice. » 
Il milite pour Dreyfus.
Le poème bien nommé « Verre ardent » de Maurice Maeterlinck s’incarne : 
« Et je vois éclore au milieu
De la fuite du cristal bleu,
« Les feuilles des douleurs passées ».
Son œuvre ultime de 1904, « La Main aux algues et aux coquillages » évoque peut être Ophélie de Shakespeare, il se sait malade.
Antonin
est le plus célèbre des deux frères fondateurs de la cristallerie Daum.
Cette « Urne à l’aigle Impérial » sur sa monture en argent utilise les ressources de l’historicisme.
« Nénuphar et Héron »
rappelle une poterie kabyle.
Tel un vase grec, sous la silhouette d’une harpe, « Tristan et Yseult » réalisé avec Jacques Grüber
s’inspire de l’opéra de Wagner, depuis la légende médiévale des deux amants.
 « Aux lys » : 
« Ainsi, tu resteras, comme un lys, comme un cygne,
Blanche entre les fronts purs marqués d’un divin signe »
V. Hugo
« La coupe Papillon Daum »
est devenue un label.
Louis Majorelle participe à « La lampe fleurs de pissenlit ».
Les grains sont collés à chaud sur « le vase raisin ».
Spectaculaire, le vitrail « Les cygnes sur le lac d’Annecy », par Henri Carot verrier d’après le peintre Albert Besnard destiné à l’école de pharmacie de Paris se trouve au Musée d’Orsay.
Et « Souvenir d'automne » signé Théophile Laumonnière décore la piscine de Roubaix.
Dans bien des lieux, des éclairages différents transfigurent les objets Art nouveau, au musée de Wiesbaden les mises en scène séduisent. 

jeudi 14 mars 2024

Les pastellistes au XVIII° siècle. Fabrice Conan.

Les poudres du pastel conviennent parfaitement à la représentation biblique de « l’homme qui n’est que poussière » comme le rappelait Diderot, cité par le conférencier devant les amis du musée de Grenoble. Pietro Antonio Rotari : « Jeune fille à l’éventail ».  
« Au moment où l’expression de l’intime, des sensibilités et de la psychologie entre dans l’art du portrait de façon déterminante, le grain saisissant du pastel, ses poudres, le fondu des traits et le moelleux de la matière sont un atout. »
Dans le « Portrait de Monsieur Quatrehomme du Lys » cet intellectuel peint Charles le Brun, le corps ne commande pas la tête.

Le cadrage serré par Robert Nanteuil de l’évêque de Riez puis d’Autun, 
« Louis Doni d'Attichy »  constitue un travail préparatoire pour une gravure. 
Les traits du visage sont essentiels, les yeux nous dévisagent.

« Louis XV » a 19 ans, François Lemoyne, le saisit en contre-plongée sans perruque. 
Son regard échappe au spectateur

comme le « Portrait d’un homme » de Joseph Vivien, dans des tonalités sourdes 
dont la couleur bleue souvent utilisée révèle la délicatesse de la peau.

Dans son « Autoportrait » le geste de Charles Antoine Coypel s'ouvre vers le public. 
Des collages soignés permettaient de plus  grands formats et le papier devait être préparé pour que le pastel morde et ne perde pas trop d’éclat sous la lumière trop vive du soleil.

Maurice Quentin De La Tour rend hommage à son professeur « Louis de Silvestre »
avec précision et dynamisme.

Il admirait Rosalba Giovanna Carriera, la vénitienne, recherchée par le Tout-Paris, 
et reçue à l‘académie de peinture de Paris.

 Elle a réalisé le « Portrait de James Gray ».
William Hoare de Bath
saisit la belle allure de  Henry Hoare « Henry the Magnificent » banquier mécène aménageur des jardins de Stourhead, à l’anglaise.
Jean
-Baptiste Perronneau va chercher ses sujets hors des cercles parisiens où règne De La Tour.  Son « Théophile Van Robais » industriel du Nord porte une perruque à rouleaux, appelés marteaux
et « Charles-Francois Pinceloup de la Grange » prend bien la lumière.

John Russell ne brosse pas les épaules de « George de Ligne Gregory » 
couvertes de poudre.

Le suisse Jean-Étienne Liotard, après un séjour à Constantinople, aimait se présenter comme peintre turc quand la Turquie était à la mode.
Son « Portrait de Marie-Frédérique van Reede-Athlone » âgée de sept ans a conservé ses nuances vibrantes.
Les couleurs de
« Charles Benjamin de Langes de Montmirail, Baron de Lubières » viennent de dessous.
« La chanteuse Louise Jacquet » nous interpelle
et « Lord Stuart » en pied joue sur toutes les faces.

Dans le « Portrait de Joseph et John Gulston » de Francis Cotes
l’admiration circule et  la volonté dynastique, la propriété s’inscrit dans le paysage.»

Si les portraits sont inhérents au pastel, Cornelis Troost aime illustrer des proverbes, des expressions hollandaises et autres scène théâtrales: 
« Arlequin, magicien et coiffeur: les rivaux exposés »

« Chanter autour de l'étoile lors de la Nuit des rois » ou dans une série les personnages évoluent au gré de leur ébriété :

« Ceux qui le pouvaient, marchèrent, ceux qui ne le pouvaient pas, tombèrent. » 
Mais quand le brillant pastelliste se représente c’est avec la palette du peintre. 
« La vie était couleur pastel, celle des bonbons de l'enfance» David Foenkinos