dimanche 20 novembre 2016

Pindorama. Lia Rodrigues.

"Spectacle debout" précisaient les billets destinés aux spectateurs invités à quitter vestes et portables à l’entrée du spectacle.
Les danseurs dépouillés de tous leurs habits sont à terre, malmenés, d’abord en solo puis à plusieurs, par une bâche en plastique transparent agitée parfois violemment par des comparses, pour évoquer magnifiquement des flots en fureur et leur souffle.
Des lumières subtiles font briller la vague et veloutent les peaux, mais le recouvrement incessant des humains impuissants par un élément  furieux, bruyant, implacable, qui  par ailleurs envahit les océans, est oppressant.
Venir de la ville où l’hiver se pointe et se retrouver avec ces beaux corps nus d’hommes et de femmes au milieu de nos poitrines recouvertes de pulls en polaire ne laisse pas indifférent, tout en nous épargnant l’impression d’être des voyeurs libidineux.
La nudité qui depuis quelques plateaux surplombants a pu paraître parfois un « truc » racoleur, est ici justifiée sans être univoque : innocence ou pauvreté.
Le dispositif dans la salle Rizzardo est efficace avec la grande pièce noire coupée en deux par la scène glissante avec dans le troisième acte, les acteurs rampant à nos pieds, faisant éclater de jolies perles, des préservatifs remplis d’eau: nous voilà dérangés.
Selon nos humeurs, les interprétations peuvent varier entre ceux qui ont vu plutôt une naissance au bout d’une quête de l’élément vital ou d’autres l’expression d’une catastrophe qui s’avance.
Vénus de Botticelli ou le radeau de la Méduse.  
« Né de la vague » ou « le niveau des océans monte » et ne nous épargne pas.
« Pindorama » est le nom du Brésil en langueTupi avant l’arrivée des Portugais.
Si je n’ai pas retrouvé toutes les intentions de la créatrice qui travaille dans une favela de Rio, j’ai apprécié la beauté qui éclaire cette heure de spectacle et les procédés inventifs dont on se souviendra.
Quelques chants d’oiseaux ténus, des cris, des respirations, pas de musique.
Alors que les danseurs tentaient jadis de s’élever, de bondir au dessus des pesanteurs, à présent je les vois souvent, fragiles, se débattre face à des forces effrayantes et fatales.

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