samedi 2 juin 2012

Bachelard. Hexagone de Meylan.

La société alpine de philosophie organisait, à l’Hexagone de Meylan, un séminaire concernant Gaston Bachelard dont les travaux ont porté sur les pensées scientifiques et poétiques.
C’était vraiment le bon endroit. La salle de spectacle située au bord d’une fameuse technopole porte avec constance dans ses programmes l’ambition de marier science et culture.
Je n’aurai pas le temps de me plonger dans les ouvrages de l’épistémologue( qui étudie la théorie de la connaissance), j’essaye avec cet article de gratter quelques mots pour aller plus loin qu’un nom sur un stade Grenoblois.
Le barbu de Bar sur Aube exerce une influence qui va au-delà d’un cercle de spécialistes, riche d’une œuvre à la « pluralité cohérente ».
Comme le jour et la nuit, les démarches scientifiques et poétiques se différencient, s’entrecroisent, se complètent. L’esprit tourné vers le passé peut envisager la nouveauté, la créativité, surpasser les résistances.
Les intervenants : un scientifique accessible, un poète du Québec autour d’un philosophe pédagogue ont été plus convaincants lorsqu’ils ont dialogué avec un public averti, se montrant par ailleurs, à mon avis, paresseux lorsqu’inévitablement il fut question de l’école.
Je pense que la suppression des chaises dans les salles de classe n’est pas vécue comme une métaphore par certains casseurs.
Mais il est bien vrai que l’enseignement en sciences des seuls résultats, qui ferait l’impasse sur les erreurs en cours de cheminement, perd le temps qu’il croyait gagner.
Etre patient, le courage de l’acte génère la déstabilisation.
L’alchimiste des temps anciens exerçait dans une maison solitaire, le nouvel esprit scientifique doit se réconcilier avec le groupe. La spécialisation n’est pas un problème puisqu’elle abandonne le survol, en allant vers la profondeur, elle ne s’enferme pas fatalement.
 Les mathématiques permettent de s’éloigner de soi et la démarche scientifique peut prendre ses distances vis-à-vis du réel avec lequel la rêverie sympathise.
L’homme appartient aux générations précédentes et les catégories d’Aristote : l’eau, le feu, la terre, l’air, peuvent être fécondes.
Nous ne pouvons écrire dans le tumulte.
A résumer rapidement une pensée, elle parait aller de soi, alors qu’il suffit d’un échantillon pour ouvrir de stimulantes perspectives :
« Toute objectivité, dûment vérifiée, dément le premier contact avec l'objet, Elle doit d'abord tout critiquer : la sensation, le sens commun, la pratique même la plus constante, l'étymologie enfin, car le verbe, qui est fait pour chanter et séduire, rencontre rarement la pensée. Loin de s'émerveiller, la pensée objective doit ironiser. Sans cette vigilance malveillante, nous ne prendrons jamais une attitude vraiment objective. S'il s'agit d'examiner des hommes, des égaux, des frères, la sympathie est le fond de la méthode. Mais devant ce monde inerte qui ne vit pas de notre vie, qui ne souffre d'aucune de nos peines et que n'exalte aucune de nos joies, nous devons arrêter toutes les expansions, nous devons brimer notre personne. Les axes de la science et de la poésie sont d'abord inverses. Tout ce que peut espérer la philosophie, c'est de rendre la science et la poésie complémentaires, de les unir comme deux contraires bien faits. Il faut donc opposer à l'esprit poétique expansif, l'esprit scientifique taciturne pour lequel l'antipathie préalable est une saine précaution ».

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