Depuis quelques paires d’années nous visitons les usines
désaffectées de Lyon pour aller à la rencontre de nouveautés en matière de
création artistique.
Cette fois nous commençons notre visite par les « Grandes
Locos », anciennement lieu de maintenance de la SNCF sur la commune de La
Mulatière.
Le thème de cette 17 ° édition, « Voix des
fleuves », a été respecté au mieux quand les locaux au bord de l'Yzeron
étaient évacués par crainte d’inondation, deux semaines auparavant.Sinon, il faudrait quelques médiateurs talentueux pour
expliquer le lien avec Saône et Rhône de beaucoup des 78 artistes sélectionnés qui
nous ont étonnés, émus ou laissé de glace.Les « Marmites
enragées » sifflant l’Internationale nous ont mis de
bonne humeur.L’ample installation d’Oliver Beer,
« Resonance
Project: The Cave » qui nous avait été recommandée fait entendre
huit chanteurs exprimant leur premier souvenir musical dans des grottes
préhistoriques en Dordogne.Les sons ont laissé de belles traces sur la toile. Quelque peu maniéré mais intéressant.Les mille magnifiques paysages de Jean Christophe Norman sont
effectués sur les pages de l’ouvrage « Le fleuve sans rives »
de Hans Henny Jahnn dont il avait retenu une phrase : « Par mer calme le bateau disparut de la surface de la mer ». Bel
hommage aux livres et respect du thème, originalité du propos : le tour de
force est impressionnant. Des costumes liés par une toile sortiront de la grève
quand
des performeurs se glisseront dedans comme des bouteilles attendent des
exécutants pour un moment musical.Après Joanna Vasconcelos reine des textiles
monumentaux,
« Le Cactus » de Mona Cara ne retient pas particulièrement
l’attention, pas plus que les oiseaux de Chourouk Hriech
pourtant de belle taille et soigneusement exécutés. Les squelettes de « La
chariotte des malins » de Clément Courgeon en rouge et blanc convoquent
l’enfance. Un long cylindre de bois ou un plateau mobile peuvent divertir aussi
ceux qui feront baisser une moyenne d’âge élevée qui inquiète en général les
organisateurs d’évènements culturels.Les toiles du
bien nommé Edi Dubien, se retiennent plutôt que l’entre soi de Ludivine Gonthier, « Portrait de groupe
revivifié » ou les anecdotiques évocations de Tirdad Hashemi et Soufia Erfanian
« originaires d’Iran et exilé·e·s en France pour vivre plus librement
leurs identités queer » trouvées au MAC.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2024/06/musee-dart-contemporain-lyon-2024.htmlLorraine de Sagazan dans son « Mont de piété » a mis
littéralement aux clous des objets qui ont vécu, dérisoires et évocateurs de
vie, de séparation.Robert Gabris ,« rom et queer », vaut
plus par ses réalisations pour nous faire apprécier son univers « This
Space Is Too Small For Our Bodies » que par des commentaires
tellement attendus: « … développant
une critique postcoloniale des structures institutionnelles. Par opposition au
système capitaliste et patriarcal, il cherche à inventer des espaces inclusifs,
sensibles et ouverts, qui célèbrent la diversité du vivant et la variété des
émotions. »Un petit texte suffit pour accompagner les photographies de
trousseaux de clefs de maisons détruites à Gaza présentés par Taysir Batniji
pour ramener les drames entre nos murs lisses. Il a aussi par frottis relevé
des empreintes de chaussure.Il faut se déchausser pour entrer dans « The Blue Room »
de Grace
Ndiritu où un côté tape à l’œil contredit une invitation à la
méditation.