Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble nous
amène au delà de la « Skyline » de la troisième ville des Etats-Unis dans
une agglomération de 10 millions d’habitants à cheval sur trois états du Middle
West (Illinois, Indiana, Wisconsin).Chicago est dans une situation remarquable
avec l’axe Nord Sud du Mississipi voisin,
à mi-parcours entre Atlantique et Pacifique au bord du lac Michigan plus étendu
que la Suisse.En 1673, les premiers blancs, Jacques Marquette, un jésuite et le commerçant Louis
Jolliet traversent la Chicago river. « Jean
Baptiste Pointe du Sable » originaire
de Saint Domingue y installe son commerce à la fin du XVIII° siècle. La sculpture
commémorant « La bataille de Fort Dearborn » (1812) demeure en
place, contrairement à d’autres statues
concernant la défaite des américains face aux amérindiens armés alors
par les anglais. En 1820 la ville renait de ses cendres. Des canaux se
creusent dont l’un inverse le sens de la
rivière. Le chemin de fer s’installe avec une douzaine de gares rivales
« Dans les années
1870, Chicago dominait trois pôles économiques majeurs : la région
industrielle de la Manufacturing Belt « ceinture des
usines » devenue La Rust Belt « ceinture
de la rouille », la
région agricole de la Corn Belt (« ceinture de maïs »), et
la voie de transport fluvial des Grands Lacs. »Les larges rues organisent un damier traversé d’allées
secondaires. L’école de Chicago, célèbre en architecture, existe aussi en
sociologie pour expliquer la violence de la cité par la présence d’immenses
abattoirs décrite dans « The
Jungle » de Upton
Sinclair.Le « Palmer House », premier hôtel offert à
Bertha Honoré a été détruit 13 jours après son ouverture par le grand incendie
en octobre 1871. 100 000 personnes se retrouvent sans abri.La « Chicago Water Tower »,
le château d’eau, a résisté. Mais les habitants de Chicago ne s’attardent pas sur le
passé ; la
ville reconstruite rapidement passe de 300 000 habitants à un million en
30 ans.Le quartier central
du « Loop »
doit son nom à la trajectoire en boucle du métro aérien construit en 1874.Le « First Leiter Building »,
par William Le Baron
Jenney, aux structures en fonte derrière une façade non porteuse est éclairé par des
fenêtres tri partites caractéristiques.Son premier gratte-ciel à ossature d’acier « Le
Home Insurance Building » mesurait 42 mètres de hauteur.Le « Sullivan Center » du nom
de son architecte s’agrémente d’une entrée métallique dont les motifs
foisonnants s’inspirent de l’art nouveau. Son agence employa Frank Lloyd
Wright que la concurrence voulut séduire par une offre de séjour de
quatre ans en Europe, qu’il refusa.https://blog-de-guy.blogspot.com/2024/11/franck-lloyd-wright-benoit-dusart.htmlDes progrès dans les fondations, l’ignifugation
et dans les ascenseurs permettent la
multiplication des constructions de grande hauteur parallèlement à
une extension à l’horizontale dans les plaines voisines. « Reliance Building ».La « Willis Tower »
(442 mètres),
un moment plus haut immeuble du monde a été dépassé depuis 1998 par le One World Trade Center à New York.Daniel Burnham conçut les plans de l'exposition universelle de 1893,
surnommée « White City » pour la couleur des matériaux des bâtiments néo-classiques
tel le « musée des sciences et de l’industrie »
et élabora
un des premiers plans d’urbanisme. A la question : pourquoi Mies van der Rohe, architecte
minimaliste, n’habitait pas les immeubles en verre « 860
et 880 » de Lake Shore Drive », il répondit qu’il
ne pouvait pas y accrocher tous ses tableaux de Klee. Il a construit aussi le « Kluczynski Federal Building » devant lequel tranche un Calder. Quel
sera son avenir à côté de la « Trump
tower » ( 98 étages) ?
Les électeurs de Chicago n’ont pas élu un seul maire
républicain depuis William (Big Bill) Thompson, allié d’ « Al Capone », mais la ville de Martin Luther King est très divisée. Les amateurs de basket
qui ont adulé Michael Jordan des « Chicago bulls » ne fréquentent pas
les amateurs de football américain ni ceux du base-ball. Les quartiers sont
délimités par les communautés raciales. Les Irlandais de la grande famine sont entrés
en concurrence avec les Italiens délogés de leur quartier par un maire d’origine
irlandaise pour construire un dynamique campus.
Les Allemands, surtout
installés à Milwaukee, ont animé les syndicats dans l’industrie de précision, les
associations musicales et gymniques. Les polonais se retrouvent autour des paroisses.
Dans la ville composée de 80 communautés culturelles,
le
nombre de blancs, noirs et latinos s’équilibre. Dans la ville d’Obama, les populations noires venues
du Sud vers un mirage abolitionniste vont suppléer les soldats envoyés sur le
front en 1916, mais c’est un exode dans l’autre sens qui s'opère
ces dernières années à cause de la violence armée et du coût de la vie.
«Tête nue, pelleter, démolir, planifier, construire, casser, reconstruire,
Sous la fumée, la poussière sur toute sa bouche, riant avec des dents blanches,
Sous le terrible fardeau du destin, rire comme un jeune homme rit. »
Sous la fumée, la poussière sur toute sa bouche, riant avec des dents blanches,
Sous le terrible fardeau du destin, rire comme un jeune homme rit. »
Carl Sandburg Chicago poems
Très peu de courbes dans toute cette construction. Le triomphe de la ligne droite dans toute sa rationalité ? Fatigant. Et cela émousse ce qui me reste d'imaginaire. Parler de la violence qui pourrait être induite par les abattoirs permet de passer sous silence tout le dispositif mis en route pour acheminer les bêtes vers les "stock yards", par le chemin de fer, bien entendu, pour les engraisser, et ensuite tuer sur place. Une logique pour rationaliser la mise à mort du plus grand nombre de bêtes pour le plus grand nombre d'habitants. Et cette logique est toujours sur pied, à ma connaissance.
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