Cette dernière page de la saison s’inscrit dans un calendrier
aux allures scolaires ; je reprendrai mes écritures en principe à la
rentrée.
A tous coups, le mot « scolaire » ramène
chez moi quelques obsessions, bien que ma légitimité s’amenuise pour m’exprimer
sur un milieu quitté depuis bientôt 20 ans.
Quand s’affole l’immédiateté, ce regard rétro implorera
l’indulgence malgré les rabâchages: l’école-devenue-une-activité-entre-deux-week-ends
ne dicte plus un tempo voulu par l’industrie du tourisme.
Je me garderai cependant de désigner comme unique coupable un secteur
d’activité, fut-il prépondérant dans notre vieux pays où poussent musées et
autres attractions sur les friches industrielles, tant la désignation simpliste
par exemple de « Big pharma » comme mère de tous les maux a épuisé toute
tolérance.
La dénonciation systématique de boucs émissaires pèse méchamment
dans le débat public, alors que s’impose la mise en évidence de la complicité
de tous dans une consommation effrénée de loisirs modifiant en profondeur les
mentalités.
Quand la retraite devient le graal, le travail est grillé.
A réenfiler les perles élimées de valeurs caduques,
j’aggraverai mon cas en n’apportant pas de nuances, en généralisant.
« Un grand nombre
de secteurs ne va pas se relever avant longtemps : la restauration, le
tourisme, l’industrie du spectacle » Quand Jacques Attali à propos de la
pandémie de Covid 19 prophétise ainsi, on peut se permettre de causer aussi.
A l’encontre de la tendance à éviter le labeur et ses pollutions,
je n’ignore pas la volonté de ré industrialisation de l’exécutif pas plus que
les progrès en matière de chômage qui ont fait passer cette préoccupation jadis
prioritaire au second plan. Et dans la lignée de mon légitimisme, concernant les
décisions réformant des retraites qui n’ont guère flatté l’opinion, je
reprendrai volontiers l’image d’un journaliste allemand à propos d’une question
quelque peu orientée sur la semaine de quatre jours en la mettant à la sauce
bretonne : qui refuserait un Kouign aman à la chantilly qui fasse perdre 5
kg ?
D’après la même source étrangère, il semble que la crise des
recrutements dans les écoles, dépasse les limites de l’hexagone, la multiplication
des temps partiels appelant un nombre plus grand de candidatures.
Le salaire n’est pas la cause unique de la crise des
vocations en milieu scolaire.
Ma persistance à lire « Le Monde » prend des
allures encore plus aristocratiques avec une porteuse qui glisse dans ma boite
désertée de tout autre papier, le jadis « journal de référence », la
Poste n’étant plus en mesure d’assurer ce service d’une façon fiable.
Mais le vieux lecteur a de quoi « stresser » quand
dans les titres, est dénoncé le stress de lycéens au moment de leur orientation,
alors que l’épreuve de philo ne les stresserait pas suffisamment ! Je me
trouve ridicule à penser que la philo ne servirait pas seulement à gagner des
points. La marchandisation du monde touche aussi ceux qui la dénoncent quand
ils refusent toute tâche non rémunérée. Leurs élèves les suivent en comptables
de points pourtant accordés généreusement au bout d’une scolarité qui a évité
tout chiffrage.
Titulaire d’un bac en 68, j’approuve Luc Ferry :
« Pour ne pas
avoir le bac, il faut en faire la demande »
Un dernier paradoxe relevé avant de solaires vacances: les
radicaux écologistes venus de loin en voiture pour s’opposer à une ligne
ferroviaire Lyon Turin avaient noté sur un panneau :
« Plus de trains, c’est plus de camions » avant
de s’approvisionner en cailloux depuis le balast où roule la SNCF sur les voies qui conduisent aux plages et autres grèves.