vendredi 28 juin 2024

Zadig n° 21. La bagnole stop ou encore ?

Après le train qui ne posait aucun problème écologique,
le trimestriel développe un questionnement équilibré autour de l’automobile.
Un grand récit historique, illustré par une 2CV en bord de route lors d'un pique-nique et un départ des 24 heures du Mans du temps des rêves de vitesse, se boucle sur l’annonce des appellations des prochaines Renault électriques : R4 et R5. 
« La bagnole cristallise les clivages territoriaux et illustre jusqu’à la caricature le dilemme entre préservation du pouvoir d’achat et décarbonation des activités humaines. »
Si les rubriques révisant le vocabulaire automobile ou l’évocation de l’auto radio comme objet culte étaient prometteuses, la mise en forme est bien plate. 
Pourtant la revue soigne son style comme dans le récit vivant d’Arles à Paris en Blablacar 
et offre des angles originaux avec l’association CAR 80 (Conduire l’automobile d’un retraité de la Somme), 
les voitures « sans pe » (sans permis) qu’adoptent des adolescents à Marseille 
ou l’évocation de la R12 pour les voyages au bled. 
Des entretiens avec des automobilistes sur une aire d’autoroute,
avec des animateurs de sites POA (Petites Observations Automobiles) sur YouTube complètent un argumentaire documenté à propos de la voiture électrique 
et des réflexions autour du genre même si  la réflexion « femme au volant, mort au tournant » est morte.
Pastoureau « le spécialiste des pigments » n ‘apporte pas grand-chose lorsqu’il constate que la palette des couleurs de voitures est peu diversifiée, 
pas plus que Le Bras et ses cartes une fois qu’il a dit que  
«  Dans la diagonale du vide, les modèles de voitures plus écolos peinent à percer mais ils ont du succès dans l’Ouest de Paris ». 
Le dessin de Catherine Meurisse et la bande dessinée de Guillaume Long sont toujours réussis. 
La conversation avec Dany Boon, acteur qui ne me passionne pas à priori, est très intéressante, sa trajectoire extraordinaire, depuis une enfance difficile qu’il est capable de regarder avec tendresse.
Au pays des algues vertes dont une bande dessinée a contribué à la mise en cause d’un système d’agriculture bretonne malfaisant
des agriculteurs résistent, cultivent du blé noir, du chanvre, élèvent des moutons des landes de Bretagne, des vaches armoricaines et préservent des semences : coco de belle Ile, sucrine du Berry, Potimaron Angélique, ils refont haies et talus…
Dans les vignobles bordelais, les conditions de vie de roumains ou de marocains soumis à des passeurs et à des patrons véreux sont scandaleuses, alors que les passeurs de savoir-faire anciens à Grasse sentent bon.
La nouvelle de Belinda Cannone m’a laissé indifférent, 
mais j’ai découvert un écrivain Franck Courtès, dont un voisin a affiché :  
« Oubliez le chien, méfiez vous du maître », terrible. 

jeudi 27 juin 2024

Jeux vidéo japonais. Romain Lebailly.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble expose son intention de donner une place aux jeux vidéos dans le champ artistique académique à partir des créations japonaises et de leur réception en France, sous le signe de « Sega Saturn Tokimeki Memorial ».
Dans l’industrie culturelle de masse, les jeux vidéo, au-delà de l’aspect ludique et de l’économie constituent un domaine où les américains ne sont pas seuls, bien qu’à l’origine l’entreprise japonaise SEGA (Service Games) née pendant l’occupation américaine ait été dirigée par eux. Parmi les machines à sous, les flippers, arrivent les bornes des jeux d’arcade.
« Rifleman » en 1967 a adopté un habillage western
alors que «  Pong Tron » copié sur le concurrent américain Atari souscrit aux codes nippons.
Nintendo produisait des cartes à jouer  « Hanafuda ».
Cette société ancienne devenue partenaire de Disney, 
 lance en 1977 la console desalon« Color TV-Game 6 ».  

À la fin des années 1980, au Japon et aux États-Unis, 
un foyer sur trois était équipé de « Famicom » (Family Computer). 
Les thématiques gangsters ont du succès 
et le motard de « Zippy Race » conduit de Los Angeles à New York.

 
Le jeu « Space invaders », unique dans sa façon de jouer,  
 s’inspire de « La Guerre des mondes » d’H.G. Wells
et connaît  des prolongements dans la rue avec le mosaïste « Invader ».  

Les premier jeux de samouraï n’étaient même pas commercialisés en dehors du Japon et pourtant les duels des films de sabre comme « La Légende de Zatoïchi : le masseur aveugle » ont inspiré quelques scènes finales de westerns spaghetti. 
Pour parler à tout le monde, les jeux deviennent inodores, 
le hérisson « Sonic », mascotte véloce de Sega, affronte les robots et sauve les animaux.
« Le cuirassé Yamato » véritable lieu de mémoire, avait été coulé pendant la seconde guerre mondiale ; dans une version récente son épave sert à construire un vaisseau spatial sauveur de l’humanité.
Le loup « Okami » incarnation de la déesse du soleil est très référencé parmi les mythes fondateurs, avec des sonorités de shamisen (« trois cordes parfumées »), ambiance shintoïste dans une narration sur emaki (rouleau déroulant),
ainsi que Sesshū Tōyō peignait « Paysage d’automne ».
 
Au temps de « la guerre froide »,  
le ninja du jeu de plateformes « Strider » se bat dans le même camp


que le reaganien « Rocky».

« Dragon quest » adopte sur sa jaquette les codes des mangas

alors que les sources étrangères de « Donjons et dragons » sont réinvesties en des jeux de rôle devenus un genre à part entière : les JRPG (Japonese role playing game) où s’effacent les références des débuts.
Les gameurs nourris par leur presse spécialisée  dont les catalogues offrent du choix en version originale, s’approprient les productions japonaises au-delà de leur passion initiale et se montrent curieux de culture japonaise. Le goût pour l’empire du soleil levant se développe depuis les estampes qui séduisirent Van Gogh jusqu’à Goldorak que le club Dorothée popularisa.

Japan Expo, créée par des français, témoigne chaque année pendant plusieurs jours, de l’intérêt du public pour la culture populaire japonaise à travers manga, jeux vidéo, arts martiaux, musique J-pop, cinéma…
 

 Le soft power n’aurait-il pas désormais planté là bas des cerisiers en fleurs ? 
« J’envie aux Japonais l’extrême netteté qu’ont toutes choses chez eux. Jamais cela n’est ennuyeux et jamais cela paraît fait trop à la hâte. Leur travail est aussi simple que de respirer et ils font une figure en quelques traits sûrs avec la même aisance comme si c’était aussi simple que de boutonner son gilet. » Van Gogh


mercredi 26 juin 2024

Chroniques de Melvile. Romain Renard.

Chaque image de ces 240 pages d’une série de quatre volumes est une œuvre d’art dans le genre réaliste où le flou conforte les fantômes n’en paraissant que plus probables.
Cette interprétation d’un sombre univers pour être brillante se situe aux antipodes de la ligne claire, comme si Hopper avait manqué de crayon blanc s’il avait travaillé sur papier noir.  Melvile, ville américaine imaginaire peuplée de disparus, prend vie, d’après les écrits d’un journaliste débarqué là en 1946. Il ne devait rester que quelques mois tout au plus … 
« On avait chanté les chants d’autrefois. Ces chants qui remontaient des premiers âges. 
On avait tapé la terre de nos pieds pour lui rappeler que maintenant nous la possédions. 
Puis nous avons versé la bière et le sol de la grange la but et pour sûr ne la recracha pas. » 
L’auteur ponctue ses nouvelles d’une ténébreuse poésie, de chansons à écouter grâce à un QR code, dilatant l’imaginaire d’un univers qui doit avoir affaire avec le cinéma prochainement.
Nous découvrons petit à petit des histoires tragiques de familles ayant vécu dans cette ville de pionniers, isolée, hors du temps, entourée de forêts qui ont fait la fortune d’une dynastie dirigeant la communauté, aujourd’hui disparue. 
« Arriva alors le père, et l’homme pleurait, et personne ne vint le consoler, 
car il était dit qu’il en serait ainsi. »

mardi 25 juin 2024

Il fallait que je vous le dise. Aude Mermilliod.

Le titre énigmatique sur fond de nuages légers et ciel blanc m’avait tapé dans l’œil.
Je n’avais pas lu jusqu’au bout la quatrième de couverture qui annonçait qu’il serait question d’avortement, avant que je le comprenne et me dise : « encore ! » tellement le sujet occupe l’actualité dans le monde entier. 
« Fallait que ça tombe sur moi ! Le 0,6% de chance, c'est moi !!! Je sais même pas qui est le père !!! Ouais, ouais, je sais : faut se protéger !!! Mais merde ! J'ai un stérilet, quoi !!! » 
Et puis cette approche intime, sincère, poétique, drôle, nerveuse, par une femme à laquelle s’ajoute la rencontre avec le médecin Martin Wickler m’a convaincu de la nécessité de continuer de parler de ce sujet.
Et de modérer ma sévérité pour le dernier livre du médecin vedette dont le premier «  La maladie de Sachs » m’avait pourtant bien plu. 
Les paroles d’une chanson d’Anne Sylvestre » intitulée « Non, tu n’as pas de nom » donnent le ton entre violence et douceur : 
« Depuis si longtemps l je t’aime
Mais je te veux sans problème
Aujourd’hui je te refuse
Qui sont-ils ceux qui m’accusent. » 
Les témoignages incarnés, avec une représentation graphique de la douleur très parlante, 
se situent dans un contexte où est rappelée l’intervention de Simone Veil devant l’assemblée nationale il y a 50 ans : 
« Croyez bien que c'est avec un profond sentiment d'humilité devant la difficulté du problème, comme devant l'ampleur des résonances qu'il suscite au plus intime de chacun des Français et des Françaises, et en pleine conscience de la gravité des responsabilités que nous allons assumer ensemble. » 
Et c’est ce que font comprendre ces 160 pages : 
« … aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes. C'est toujours un drame et cela restera toujours un drame. » 
Le médecin  a appris auprès d’une infirmière et cet avis vaut au-delà des soins hospitaliers : 
« Tu es là pour accueillir ça sans porter de jugements, tu vois ? Je sais que c’est pas facile mais notre boulot c’est pas de les sauver… ou d’leur faire la leçon. »
 Quand les mots des amies peuvent parfois tomber à côté, la simplicité peut se révéler d’une grande profondeur: 
« Avorter, c’est un choix de maman » 
Qui pourra avoir la modestie de ce papa ? 
« C'est une décision trop importante pour que tu t'encombres de nos opinions...
On sera là quoi que tu décides. »

lundi 24 juin 2024

Border Line. Alejandro Rojas, Juan Sebastián Vasquez.

Ce film de 1h 17 parait bref par rapport aux formats habituels, mais l’attente dans l’aéroport de New-York est longue pour un couple venu d’Espagne, lui vénézuélien, elle catalane.
La tension monte et les questions intrusives de la police aux frontières amènent le thème des migrations au cœur des histoires intimes.
Même nés du bon côté du mur, nous sommes impliqués dans cette histoire parfaitement construite et remarquablement jouée d’un homme et d’une femme cherchant à vivre mieux. 
Les émotions suscitées par les tergiversations autour de la permission d’entrer aux Etats-Unis nous amènent au-delà des clichés qui voient l’étranger comme le danger ou comme le rédempteur et nuancent ces idées générales ne manquant pas d’enflammer les débats en ce moment et partout dans le monde.

samedi 22 juin 2024

Incidences. Philippe Djian.

L’image de couverture énigmatique comme le titre s’avère signifiante après la lecture des 230 pages du livre. Il s’agit d’une faille où s’entassent des morts, d’une fente évoquant le sexe qui mène bien des protagonistes de cette histoire chaude et glaçante. 
« Le gouffre était un solide allié. Il s’y était caché durant trois jours et trois nuits, autrefois, sans bouger, se préparant déjà à trembler de tous ses membres dès que la nuit viendrait, claquant des dents par avance, gémissant par anticipation comme n’importe quel enfant de son âge… or, contre toute attente, en complète contradiction avec ses sombres pronostics, il s’y était senti protégé, en sécurité, apaisé, malgré ce silence caverneux et cette noirceur sans fond qui semblaient siffler autour de lui, et n’eussent été la soif et la faim qui l’avaient tiraillé, le froid qui l’avait mordu, les représailles qui l’attendaient d’une façon ou d’une autre lorsque l’on remettrait la main sur lui, il s’était estimé relativement comblé par son séjour dans son intimité minérale et moussue. » 
Un écrivain raté enseigne l’écriture à des étudiantes et en baise quelques unes, il vit avec sa sœur, boit et fume comme sa Fiat 500. Ses goûts littéraires quoique désabusés sont affirmés et le narrateur met en œuvre ce qu’il préconise : 
« N'importe quel crétin est capable de raconter une histoire. 
La seule affaire est une affaire de rythme, de couleur, de sonorité. » 
Le style singulier de Djian nous permet de prendre du recul envers cette famille tordue, d’entamer un suspens policier puis de l’abandonner, de nous régaler à retrouver le plus rock de nos écrivains. 
« Son appétit pour elle s’aiguisait une nouvelle fois comme un rasoir, repartait comme une flamme de la braise, dans un souffle brûlant, en sorte qu’il se leva vivement, posa un billet sur le comptoir sans attendre sa monnaie… »

vendredi 21 juin 2024

Balle au centre.

 
Bien que regrettant un individualisme associé à une rareté des expressions personnelles ensevelies sous les copié /collé, je persiste dans l’exposition de mon opinion.
Vacciné contre les excès, réfugié dans la modération, je voterai centriste au premier tour.
Quand le regard porte sur la planète, on n’y voit que du feu, pourtant concernant une taxation des super riches, Paris, Brasilia, Berlin et Madrid sont sur la même ligne offensive, qui le dit ?
A l’échelle européenne, a été abordé le problème des migrations qui selon la formule en vogue en ce moment fait figure « d’éléphant dans le magasin de porcelaine ».
Mon pays, de papiers noircis de la rage de Céline ou de la générosité d’Hugo, qu’est-il devenu ?
Quelles citations choisir entre deux interrogations ? 
« Cultiver la sagesse en même temps que la force permet  d’éliminer la violence et d’établir des relations plus constructives avec son environnement. » 
Chrétien de Troyes
« En même temps » a fait monter dans leurs tours les extrêmes, ne voulant surtout pas être nommées ainsi, alors que la haine envers l’étranger ou la police ne peut être acceptée en démocratie. Désormais, la scansion : « tous ensemble, tous ensemble » se joue de Philippe Poutou à François Hollande : « en même temps ».
Mes cabotages souverainistes puis européistes, me dispensent de voir Léon Blum réincarné en François Ruffin. Après son intervention « Front Populaire » le soir de la dissolution 
- « dite solution » - où il dénonce un « taré », un reportage à son QG révélait que l ‘expression avait été pesée par l’artiste qu’aurait pu excuser une émotion authentique.
Mais je ne vais pas interpréter ce langage en termes psychanalytiques sur un terrain encombré par trop d’observateurs privés d’indignations au cas où le recours au peuple aurait été différé. 
« Les humains doivent se reconnaître dans leur humanité commune,
 en même temps que reconnaître leur diversité tant individuelle que culturelle. » 
Edgar Morin
Les urnes ne garantissent plus une légitimité dans nos sociétés grippées alors que nous avons mérité Emmanuel Macron en Président et Eric Piolle comme maire, quel député va advenir ?
Quand Gabriel Attal se montre plus compétent que Jordan Bardella, cela devient contre productif. Le face à face avec le RN ne paye plus et les manifs pour - faire - barrage ont-elles modifié l’opinion des followers de Jordan?
Nous avons instruit en civisme des générations, mais l’absentéisme a dû être important aussi en cours de géographie quand pour certains la terre persiste dans sa platitude et que nous voilà rendus à causer de cravates
 ou à compter sur les déclarations d’un footballeur pour convaincre les abstentionnistes. 
Ariane Mnouchkine n’est « pas certaine qu’une prise de parole collective des artistes soit utile ou productive » car « une partie de nos concitoyens en ont marre de nous : marre de notre impuissance, de nos peurs , de notre narcissisme, de notre sectarisme, de nos dénis ».

jeudi 20 juin 2024

Musée d'Art Contemporain Lyon. 2024.

Cette visite au MAC dans la diversité de ses propositions aperçues lors de biennales entre Saône et Rhône me réconcilie quelque peu avec l’art contemporain glacial et abscons croisé en d’autres FRAC désertes 
Au bord du parc de La tête d’or, l’institution lyonnaise accueille volontiers des artistes accessibles  
Sa programmation prévue jusqu’à début juillet met en valeur trois démarches.
La toile de 140 m de long de Sylvie Selig impressionne, mais étant de passage, difficile de tout lire, même si l’introduction est prometteuse : 
« Alors ils continuèrent, suivant les courants sans contrainte qui les menaient jusqu’aux lieux oubliés ou passé et futur s’entrechoquent. »
Il peut être amusant de repérer les allusions à des artistes, des architectes, de Géricault à Koons, mais difficile de ne pas être un promeneur de plus le long de la bannière démesurée.
« Désordres », extraits de la collection d’Antoine de Galbert, dont certaines pièces ont déjà  été vues au musée de Grenoble, est attrayante car hétéroclite, émouvante et distanciée.
https://blog-de-guy.blogspot.com/2019/06/souvenir-de-voyage-2-etienne-brunet.html
Parmi 250 pièces ou se côtoient avec bonheur, art brut, art premier, humour et coups de poings, les dents en or d’une hyène vont bien
avec les nuages poétiques de Nicolas Nabonne.
La carte de France en allumettes de Clairefontaine saute aux yeux.
Nous nous souvenons de l’attentat de Nice, des tours jumelles avec les maquettes sensibles de Stéphane Pencréac’h,
et la verrière brisée de Stéphane Thidet intitulée « A bout de souffle » nous trouble : 
la destruction peut générer de belles ombres.
Nous retrouvons le travail impressionnant d’ ACM 
https://blog-de-guy.blogspot.com/2015/11/elevations-hauterives.html
« L’Armée de la Paix »
d’Ingrid Berger nous rappelle de belles heures vécues au Musée International des Arts Modestes (MIAM) à Sète,
et célébrons dans le même esprit les « Sculptures de fond de poche » de Benoit Pype.
Toute l’exposition « L’éloge des meilleurs amis » n’est pas aussi limpide que les photographies de Markéta Luskacová et ses « Children in Playground IV ».
« Seven Days Hotel »
de Fabien Verschaere évoque plutôt une solitude sublimée par de grandes pages enluminées comme au moyen-âge.
« La Lutte amoureuse »
de Marie-Anita Gaube conte plutôt l’affrontement 
à la manière d’un Bacon réveillé par Hockney.

mercredi 19 juin 2024

La mauvaise rencontre. Philippe Grimbert.

L’amitié fusionnelle entre Mando et Loup est tellement fusionnelle que l’issue habillement annoncée éclatant au bout des 180 pages ne peut être révélée. 
« Nous avions tant partagé, jeux, lectures, premières expériences amoureuses, 
mais il fallait échapper à l’exigence de cette amitié, de plus en plus tyrannique. » 
Depuis les châteaux de sable du parc Monceau jusqu’aux séances de spiritisme, la culpabilité accompagne le narrateur devenu psychanalyste, alors que Mando rédacteur lui aussi d' un journal intime a choisi droit et politique.  
Passion et remords alternent également, envers Nine ou Gaby, l’amie haute en couleurs de sa mère.
«  … si vraiment le Verbe était au commencement, 
le néant ne pouvait pas être d’un « Et tu retourneras à la poussière »
mais plutôt d’un « Et tu retourneras au Verbe ».
Je n’étais pas mécontent de cette idée d’inscription : 
des mots, toujours des mots pour annoncer notre venue comme pour se souvenir de nous,
de « Comment va s’appeler ce petit bonhomme ? » à «  Comment s’appelait-il déjà ? » 
L’auteur par ailleurs psychanalyste propose une écriture précise, presque trop clinique, mais pourquoi ne pas nommer Lacan qui le fascine pour le surnommer « Psychopompe », bien peu élégant.  
« Tous les tabourets n’ont pas quatre pieds, il y en a qui tiennent avec trois. 
Mais alors, il n’est plus question qu’il en manque un… »