mardi 25 juin 2024

Il fallait que je vous le dise. Aude Mermilliod.

Le titre énigmatique sur fond de nuages légers et ciel blanc m’avait tapé dans l’œil.
Je n’avais pas lu jusqu’au bout la quatrième de couverture qui annonçait qu’il serait question d’avortement, avant que je le comprenne et me dise : « encore ! » tellement le sujet occupe l’actualité dans le monde entier. 
« Fallait que ça tombe sur moi ! Le 0,6% de chance, c'est moi !!! Je sais même pas qui est le père !!! Ouais, ouais, je sais : faut se protéger !!! Mais merde ! J'ai un stérilet, quoi !!! » 
Et puis cette approche intime, sincère, poétique, drôle, nerveuse, par une femme à laquelle s’ajoute la rencontre avec le médecin Martin Wickler m’a convaincu de la nécessité de continuer de parler de ce sujet.
Et de modérer ma sévérité pour le dernier livre du médecin vedette dont le premier «  La maladie de Sachs » m’avait pourtant bien plu. 
Les paroles d’une chanson d’Anne Sylvestre » intitulée « Non, tu n’as pas de nom » donnent le ton entre violence et douceur : 
« Depuis si longtemps l je t’aime
Mais je te veux sans problème
Aujourd’hui je te refuse
Qui sont-ils ceux qui m’accusent. » 
Les témoignages incarnés, avec une représentation graphique de la douleur très parlante, 
se situent dans un contexte où est rappelée l’intervention de Simone Veil devant l’assemblée nationale il y a 50 ans : 
« Croyez bien que c'est avec un profond sentiment d'humilité devant la difficulté du problème, comme devant l'ampleur des résonances qu'il suscite au plus intime de chacun des Français et des Françaises, et en pleine conscience de la gravité des responsabilités que nous allons assumer ensemble. » 
Et c’est ce que font comprendre ces 160 pages : 
« … aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes. C'est toujours un drame et cela restera toujours un drame. » 
Le médecin  a appris auprès d’une infirmière et cet avis vaut au-delà des soins hospitaliers : 
« Tu es là pour accueillir ça sans porter de jugements, tu vois ? Je sais que c’est pas facile mais notre boulot c’est pas de les sauver… ou d’leur faire la leçon. »
 Quand les mots des amies peuvent parfois tomber à côté, la simplicité peut se révéler d’une grande profondeur: 
« Avorter, c’est un choix de maman » 
Qui pourra avoir la modestie de ce papa ? 
« C'est une décision trop importante pour que tu t'encombres de nos opinions...
On sera là quoi que tu décides. »

1 commentaire:

  1. Pas d'accord.
    Il y a trois semaines, j'ai parlé à un vieux médecin de.. l'euthanasie, où nous nous préparons pour prendre le même chemin.
    Ce que je récuse, c'est la volonté de la société ? de qui, au fait ? de légiférer sur une question qui devrait, pourrait relever du cas par cas, et par le passé, a relevé du cas par cas. La preuve que nous tenons à tout prix à être... une masse ?
    Je dis cela parce que l'expérience me dit que... toute femme passe par une énorme ambivalence dans l'enfantement. Elle prête son corps à un étranger pendant neuf mois. Elle risque sa vie, et en sortira profondément transformée. Cela n'est pas de tout repos. Pendant ces neufs mois, son corps ne sera pas... à elle, mais franchement... notre corps est-il à nous ? D'une certaine manière, toutes les femmes doivent adopter leur enfant à la naissance, qu'il sort de leur corps ou pas.
    Je ne le crois pas. Je crois, au contraire, que notre société est d'une profonde inconséquence dans ce qu'elle manifeste, et croit croire sur ces questions. Je crois... que nous nous racontons des histoires, dans la mesure que l'enfant à venir, quel que soit le stade où il se trouve, n'appartient ni à l'homme, ni à la femme par qui il passe pour arriver dans ce monde. Il n'est pas une POSSESSION. Rien moins que la science elle-même a déterminé que nos gamètes ne sont pas comme toutes les autres cellules de nos corps. Nos gamètes... ne nous appartiennent pas, de la manière dont on peut sortir acheter un paquet de cigarettes, par exemple.
    Alors, je crois qu'avec nos mensonges, nos croyances délétères, nous avons considérablement fragilisé les femmes, et les futures mères, en leur faisant un mal incommensurable. Non, contrairement à ce que raconte le planning, ce n'est pas une histoire de "un enfant si je veux, quand je veux", pour une femme parce qu'on peut enlever un enfant du ventre d'une femme, mais on ne peut pas l'y mettre avec l'assurance qu'il arrivera à terme. Nous NE sommes PAS des machines, avec des mécaniques reproductives. Nous sommes des êtres de chair qui voudraient anéantir la chair en nous. Credo. Pour ma très grande tristesse.
    Peu importe que nous procédons avec les meilleurs intentions du monde : moi aussi, j'ai pu faire des choses avec les meilleures intentions du monde, avec bienveillance, avec des conséquences tragiques.
    A vouloir tout légiférer, nous nous anéantissons. C'est bien pourquoi je ne suis pas une très grande fan de la Loi en ce moment. Dans notre bas monde, tout supporte la corruption, et la Loi aussi.
    Je pense qu'en faisant porter la décision de l'avortement à la femme seule, on ne lui fait pas une fleur, une faveur, et loin de là. Et en plus, nous banalisons l'avortement.
    A un moment où la natalité s'effondre, on pourrait être en train de se poser des questions à ce sujet, mais... le ferons-nous ? Comme je dis souvent, dans l'Antiquité, l'effondrement de la natalité était un signe de la peste, mais nous, nous roulons les mécaniques en nous croyant supérieurs.
    Le monde à l 'envers...
    Je fais, et j'ai fait sécession. Je continuerai sur mon trajet.
    Et oui, c'est un sujet qui déclenche des passions... pour cause, car il s'agit de Notre avenir, et cela dépasse nos pauvres petites personnes.

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