Belle surprise différée pendant des années avec cet album de 2005 oublié dans mon coin à CD et si peu documenté sur Internet que le temps semble s’être
arrêté aux années 60 avec choucroute, rouge à lèvres et corsages pointus telles
que la pochette orange l’annonce. Cela permet d’apprécier que le groupe ait anticipé la
mode :  
«  Un autre
genre » avertit de ne pas se fier aux apparences, 
et pourrait servir d’intitulé
aux douze chansons : 
«  Au balcon la
gorge qui pigeonne
Du genre de celle qui
a croqué la pomme »[…] 
« Oui mais
derrière le décorum…
Se cachait bel et bien
un homme ! » 
Le ton narquois et les « musiques de guinguette »
font passer des textes bien tournés qui s’attaquent à des sujets difficiles.
Il est question d’un enfant « mongolien », comme
on disait alors, 
dans « Huitième
merveille » :
« Quand tu râles,
que tu grondes,
J’ai trop honte
d’avoir peur,
Je te déteste d’avoir
honte » 
«  La main de Fatma »,
c’est la main du menuisier à laquelle manquent deux doigts : 
« D’une main il
comptait jusqu’à trois
Au mieux quatre, la
belle affaire. »
 Les allitérations  de « Mâles en colique » enrobent
la solitude d’immigrés : 
« Les sous
amassés si chichement qu’il en chiale
Les sous hommes cassés
slalomant en slips sales »
Celle qui  cherche un
emploi accepterait haltérophile ou « Reine
des Belges »
quant à la Rom « Febronia » : 
« Mieux vaut,
c’est vrai, qu’elle ramène des lovés
Pour éviter la volée,
qu’elle n’aura pas volée »
 La mort n’a pas la majesté qu’elle avait chez Brassens, pour
le « Champ du signe » 
«  Je suis mal à
l’aise dans mon alaise
Et même mes larmes
sont rouillées » 
L’humour noir permet de voir la réalité en face et parait si
léger quand il est question de « Petites
rides » : 
« Elles te
piétinent le coin des yeux,
S’y accumulent, à qui
mieux mieux ? » 
Le temps passe, alors même «  A leurs guises » :
« Réveiller mon
corps
Avec des jeteurs de
sort » 
Voire prendre le temps d’être « Indécis »alors que sages,  
« Les
vaches » nous ressemblent : 
« Et toute leur
vie se taisent et mâchent
Un seul même foin et
elles sourient » 
Jusque dans leurs rêves : 
«  Je sais que Gavroche
m’aguiche
On me croit mioche,
pas chiche de clash ! »
 Mais : « Les
vaches… on les lynche ! »