samedi 17 juillet 2021

Festival de Cannes 2021.

Les troupes cinéphiles munies de leur masque et de leur téléphone étaient en général clairsemées pendant ce mois de juillet 21.
De nouvelles dispositions électroniques ont permis un accès fluide aux séances afin de déguster une nouvelle fois ce concentré enivrant de cinéma. 
Parmi 32 films, beaucoup de grands-mères fortes et quelques vaches.
Nous avons vu toutes les propositions, souvent les plus audacieuses, de la sélection de l’ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) rendant parfois d’autres offres plus fades. 
« Down with the king », un rappeur à la campagne, reste le plus surprenant, alors que « Little Palestine », journal d’un siège en Syrie, nous a secoués.
« Municipales » avec un comédien en candidat aux élections dans une bourgade des Ardennes constitue un bon révélateur politique.
« I comete », exprime les violences de la Corse. 
« Gost song » met en musique quelques jeunes éperdus à Houston, comme « Soy libre » dans le sillage d’un jeune écorché à qui sa sœur a confié une caméra.  
« Aya », une jeune fille attachée à son île de Côte d’Ivoire rongée par la mer, devra s’en arracher et des femmes de différentes générations dans «  Vénus by the see », bien que traitées avec un formalisme paralysant, ne crachent pas sur la société chinoise où elles vivent.
Une vache de l’Hérens, « Vedette », fournit une raison de vivre à ses propriétaires.
Le thème de la liberté, qui tant nous agite, traverse beaucoup d’œuvres : « Libertad » est le nom d’une jeune colombienne vivant avec sa mère domestique en Espagne. Le traitement des hiérarchies est plus approfondi  dans « El empleado y el patrón ». 
« Olga », jeune gymnaste ukrainienne, vit en Suisse loin de sa mère journaliste restée au pays. Son histoire met en lumière la place des individus parmi les événements les plus explosifs de la planète, comme «  Freda » dans sa famille où les hommes sont absents, une fois encore. Celle-ci se bat pour survivre et vivre intensément en Haïti. « Amparo », une mère colombienne empêche le départ de son fils enrôlé de force dans l’armée.
Les deux films où le Liban  apparaît en toile de fond sont décevants, dans des tonalités désabusées : «  The sea ahead » ou dans les pastels factices de « Sous le soleil d’Alice ».
Les confinements dans des voitures deviennnent fréquents dans le cinéma iranien : « Hit the road » va vers la frontière, mais le 4X4 embourbé en direction d’ « Intregalde » est roumain.
Bien des films français, confondent énergie et énervement, comme «  Entre les vagues », ou le vomitoire «  Titane »,  et même Anaïs Dumoustier arrive à agacer dans « Les amours d’Anaïs ». Alors, le romantisme d’une « Histoire d’amour et de désir » repose.
Le mal nommé « Rien à foutre » traite avec justesse de notre société.
Sean Penn peut également être tourmenté, excité, son « Flag day », d’après une histoire réelle, se laisse voir. 
Faut-il chercher aux antipodes ? L’australien « Œil pour œil » est trop stéréotypé et «  High ground » parait quelque peu scolaire pour un rappel de la colonisation des aborigènes tandis que « Palm Beach » aux airs de «  Déclin de l’empire américain » est chaleureux et le sobre « Bellbird », sur les difficultés de la transmission, vaut le coup d’œil. 
« La jeune fille qui va bien » de Sandrine Kiberlain dont la légèreté rend avec encore plus d’acuité la gravité des évènements de 1942, figure pour moi au dessus de tous.
Je ne suis pas sûr de garder longtemps en mémoire « Les promesses d’Hasan » trop fabriqué ou « La femme du fossoyeur » trop jolie, bien que l’on puisse oublier des coups de cœur et se souvenir d'un lointain film des Larrieu « Le voyage aux Pyrénées».
A partir de « The big Kity » faisant plaisir essentiellement à ses réalisateurs, je me garderai de laisser entendre que cette pochade représente une profession restant dans l’entre soi comme aurait pu le symboliser également des membres d’une équipe de film en bordure de scène plus nombreux que les spectateurs restés dans la salle.
Nous avons eu la chance d’entendre des réalisateurs modestes, la plupart ne s’abandonnant pas dans l’illusion surplombante des donneurs de leçons. La diversité de leurs caractères laisse espérer d’autres belles rencontres et des surprises au cours de l’année cinématographique à venir. Si le sentiment d’être au bord du gouffre accroit une intensité proportionnelle aux inquiétudes qu’ils expriment, nos mots insuffisants ne savent qu’inscrire dans le cartouche : « crise de civilisation ».


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