Accro des journaux en papier, je ne manque pas de guetter chaque
apparition du bimestriel satirique de la cuvette grenobloise
Invariablement, je m’agace de leur prétention à faire la
leçon à tout le monde et parfois de leur grossièreté qui amenuise une
crédibilité pas forcément recherchée, comme avec l’illustration du récit d’un
émouvant accident du travail.
Ces militants de l’écrit ne feraient
ils pas confiance en l’éloquence de leur clavier en surlignant leurs propos de
crades gribouillis ?
Leur violence m’inquiète :
« …on apprendra qu’Emmanuel Macron sera testé positif au Covid
19, et on se mettra presque tous à espérer que le variant présidentiel soit
l’un des plus sévères de la planète. »
Leur irresponsabilité
quant au port du masque ou à propos du Pass sanitaire m’attriste.
Je suis
imperméable à une poésie de pacotille qui leur fait souhaiter une submersion de
l’autoroute par le Drac: la « déambulation » de l’eau plutôt que des flux
humains.
La parole est donnée aussi bien à ceux qui se plaignent du bruit qu'à d’autres
gênés par un mur anti- bruit : pourvu qu’ils soient contre !
Leur nostalgie des cabines
téléphoniques qui court sur plusieurs numéros n’est pas que rigolote, plus
ils sont moins nombreux, plus ils se sentent du bon côté!
Bien que peu ouverts à l’autocritique, quelques remarques
concernant un article précédent sur le CHAI apportent des compléments utiles.
Dans le même domaine, l’article à charge «
Les autistes entre de mauvaises
mains » offrira peut être l’occasion, avec un certain sens du
« teasing », d’entendre d’autres voix au prochain numéro.
J’apprécie cette fois la mise en évidence des dilemmes de
ceux qui travaillent dans la technologie infrarouge destinée en particulier au
guidage de missiles. Bien entendu
cette « dissonance cognitive » est vue principalement à travers
Emilie Chalas, une de leur cible récurrente, qui dénonce les exactions commises
par la Turquie tout en sachant que l’entreprise high tech de Veurey ne fait pas
qu’offrir à ses salariés un atelier jardinage pour déstresser. Le sujet
est sérieux.
Et d’autres contradictions, sont bien exposées dans le supplément
consacré à la montagne qui rend plus
convaincante leur opposition aux canons à neige car dans ce domaine la
caricature s’oublie de temps en temps. A Gresse-en-Vercors, le débat sur les
enneigeurs donne la parole à tous les protagonistes.
J’aime leurs angles
originaux quand ils font des tests comparatifs de différents lieux pour
soulager sa vessie quand on est une femme, ou lorsqu’ils décrivent les usages
de sites de rencontre à destination des amoureux de la montagne.
La bonne idée
de séparer les articles par des mots laissés dans les livres d’or de cabanes
autour de Grenoble est gâchée par la mauvaise définition des photographies et
leur goût de la transgression les amène à être indulgents avec un chercheur de
cristaux inquiété par la justice car il
y allait quand même à la dynamite. Il est vrai qu’il s’agit du fils de Roger
Canac figure intouchable de l’Oisans.
Leur vigilance envers les communicants est toujours
affutée :
- vis à vis de ceux de la Métro pour leurs installations
nécessitant des flash codes pour « marcher sur les pas des bergers de
Chamechaude » dans le cadre d’un projet « art culture et
transitions » qui vise« à faciliter l’accès du citoyen à la
culture en tant que facteur d’intégration sociale et contribuer à renforcer le
sentiment d’appartenance au territoire »
- ou en relevant les propos de la directrice de la clinique
mutualiste où E. Piolle a tourné un face book live : « L’écologie et les naissances ne font qu’un, la sage-femme
protège la terre-mère, fait de la santé environnementale, elle éduque les
familles, elle leur explique ce qu’il faut manger »
A donneur
de leçons, donneur de leçons et demie.
Je me suis déjà bien exprimé ici sur ces sujets. L'époque est à la radicalisation. Tout le monde veut donner la leçon,avoir raison, de ce que je vois. Moi, aussi, je veux donner la leçon. Comment en est-on arrivé là, à tous, donneurs de leçons ?
RépondreSupprimerJe pense que c'est en partie à cause du credo moderne dans la valeur absolue, inconditionnelle des leçons, entendons, l'éducation. Au lieu de faire de l'éducation une valeur parmi d'autres, à employer avec modération, nous avons cru, comme nos pères de la révolution, et avant, même, que l'éducation était nécessaire ET SUFFISANTE pour transformer l'Homme en le rendant meilleur.
Mais c'est faux, ça. Ça s'appelle mettre tous ses oeufs dans le même panier. Quand on met tous ses oeufs dans le même panier, il y a danger pour les oeufs, et pour le panier. C'est... une évidence, ça. Mais nous nous obstinons à vouloir fermer nos yeux à cette évidence, à ce que je vois.
Pour la caricature... elle est glauque et lassante. Le symptôme d'une époque sans foi, et bientôt sans loi ? Force est de constater que nous testons les limites en ce moment, en allant... de plus en plus loin.
Si je trouve que les propos sur Macron sont indignes, je trouve que la gestion du Covid est indigne aussi.
Nous arrivons malheureusement dans cette configuration où il devient de plus en plus difficile de penser... par soi-même, tellement nous NOUS SOUMETTONS à la propagande, et tellement... nous ne voulons plus penser, fondamentalement. C'est trop difficile, trop dur de penser, et nous préférons baisser les bras et laisser d'autres penser pour nous.
Au prix de... notre liberté.