vendredi 28 novembre 2025

Responsabilité.

A l’image des chevaux ombrageux, voilà que les grands mots m’effraient, comme celui du titre qui pouvait occuper toute une vie, jadis. 
Pourtant j’avais déjà décliné, le mot. 
Je persiste à déplorer l’effacement de l’implication de chacun dans sa propre trajectoire.
L’individu, fils de toute une dynastie d’enfants-roi, préférant se placer en victime, estime que ce sont toujours les autres les fauteurs de difficultés, alors que Moimoi ne prend pas tellement part à la marche de la société bonne fille. 
La confiance et le respect ayant fui, la démocratie souffre.
De subventions à l’industrie à l’arrosage des vignerons pour arracher leurs vignes, 
la collectivité est constamment sommée d’agir.
Toujours plus de moyens sont demandés à l’Etat, entité abstraite en poils de bouc émissaire à laquelle on refuse toute contribution nouvelle.
Les maîtres d’un destin sans Dieu ni tribun, en sont pourtant toujours à se plaindre. "Le vertige écologique et la fragilisation économique" seraient des excuses pour les drogués. Quelques bien-pensants ne veulent surtout pas culpabiliser les consommateurs alimentant de puissants réseaux de narco trafiquants aux mœurs capitalistes des plus sauvages. 
Ni responsable, ni coupable.
Je me mets dans la file des amateurs d'absurdités et remarque dans un vieux film un bellâtre au moment de sa déclaration qu'un robot sans I.A. aurait pu formuler: 
« Si un jour je te fais mal, ce ne sera pas de ma faute ». 
Ma position de boomer me conduit à jouer souvent en défense, mais arrivé en haut du cocotier, de celui qu’on secoue pour faire tomber papou, j’assume aussi mes options de citoyen, de père, de grand-père, de mari, d’ami …
A la manière d’un Clémenceau affirmant 
« la Révolution française est un bloc dont on ne peut rien distraire », 
j’aime « en même temps », à contre temps de tant de tambourineurs, 
les contradictions de mon pays, ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas.
On en arrive à manquer de mots comme le délicat Souchon doutant que « les français soient assez cons… » Et bien qu’il n’y ait pas d’autres raccourci en territoire populiste, il se montre contreproductif.
Le G 20, la Cop 30 ne disent plus rien. Trump fait peur au monde, à tout le monde.
Nos députés votant contre un budget par eux discuté paraissent anecdotiques bien que membres éminents du royaume de l’absurde. Ils s’amusent à l’abri de l’Europe mastrichienne, que certains vilipendent encore, alors que l’€uro nous a épargné dévaluation et autre crack.
Accablés de lointaines nouvelles catastrophiques où s’épuisent les clichés de chute de la falaise, la proximité vaut essentiellement pour le contenu de notre assiette, alors que nous n’avons pas vu qu’un proche n’était pas vraiment dans son assiette.
Pour se détendre, mon journal propose à la page des films de la semaine : 
l'enregistrement d’une fillette palestinienne avant sa mort, un documentaire avec les rushs de « Shoah », « Une traversée de l’Amérique des marges », « Queer panorama », « Hell in paradise »… « La monstruosité filmée au cœur de la maison familiale ». 
La fréquentation des salles de cinéma serait en baisse. 
« L'homme est responsable de Dieu. » 
André Gide

1 commentaire:

  1. Tordant, le dessin. Oui, on en est tous un peu là, maintenant. A savoir que ce qui nous agite collectivement, me semble-t-il, c’est la hantise d’échapper à la routine. Ma culture française s’amenuise avec l’âge, mais je crois que Pascal a déjà bien dirigé son regard sur ce phénomène : notre appétit colossal pour être distrait afin d'échapper à ce que nous vivons comme la pauvreté de notre vie quotidienne avec sa « routine ». (Pour ceux qui ont le temps d’avoir une réflexion, car à une certaine vitesse « ça » n’a plus le temps de penser, même. Peut-être que c’est ce qui arrive dans les hautes sphères du pouvoir ? Plus LE TEMPS de penser/réfléchir ? Ces activités nécessitent, et nécessiteront toujours, du recul, et la possibilité de regarder un peu.. EN ARRIERE. Le sens se dégagera toujours dans l’après coup. La vie est ainsi faite.)

    Qui aurait cru qu’en déposant ses bambins dans une salle pour regarder une pièce classique avant de partir regarder un spectacle pour « adultes » et « avant-garde », nous étions en train de jouer aux fossoyeurs de la culture… classique, renvoyée aux bambins, alors que « NOUS »… nous sommes GRANDS maintenant, et avons droit à d’autres…. distractions ? (Je mets la main sur le coeur en étant contente de ne l’avoir jamais fait. Ça fait du bien de se sentir vertueuse de temps en temps. Pas trop souvent, peut-être, mais quand on se sent attaqué pour avoir détruit la planète par… des inconséquents, on a tendance à se mettre sur la défensive un peu. N’est-ce pas, Guy ?)

    L’autre soir un couple d’ami récents est venu nous raconter le film d’art et d’essai qu’ils avaient vu dans notre salle locale, et ça ne m’a fait nulle envie. Tu te souviens de l’époque où tu te déplaçais pour regarder « Portier de Nuit » ? Je m’en souviens encore. Mais… pourquoi je « me » faisais ça ? Etait-ce nécessaire ? Etait-ce… CATHARTIQUE ??

    Que de questions auxquelles je n’ai plus de réponses confiantes…Sans vouloir vivre dans le monde de Disney, jusqu’où va ma capacité d’empathie pour l’humanité entière ? Et qu’est-ce que je suis prête à FAIRE pour elle ?

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