Le titre ne ment pas en annonçant un style singulier en adéquation avec son sujet, sans rechercher à épater le lecteur.
« Je ne sais par
où commencer, cela remonte au loin, suffisamment pour avoir laissé à quelques
décennies tout le loisir de mâchouiller le peu qu’il reste de l’époque et tout
autant de nous. »
Ce retour vers un personnage de son enfance rejoint mes
préoccupations autour des souvenirs et de leur restitution, surtout quand il
s’agit d’un être mystérieux, solitaire, toujours absent, maintenant disparu.
Le mérite de l’auteur revenu au village est de revivifier
les mots les plus simples prononcés par celui auquel il consacre 125 pages honnêtes,
aimables.
« J’habite toujours
ici ».
Cette recherche littéraire en train de tâtonner, au service
du lien avec ses semblables, transportant les regrets d’avoir manqué des
occasions, respecte les secrets de ceux qui apparaissent dans ce livre édité
par Héloïse d’Ormesson.
« Je n'ai que peu
de peine à peindre cette solitude. Je peux parfaitement me la représenter.
Ces
tiennes routines, manger, dormir, boire, fumer, attendre la suite qui était
très exactement la même histoire, je sais ce qu'elles peuvent être. Lentement,
sans même y prêter garde, on voit le temps se brouiller totalement. Même les
mots qui ne servent plus, on finit par les oublier, jusqu'à atteindre le
dernier. »
Ce livre touchant fait du bien parmi tant de propositions
revanchardes, lourdes, sans recherche.
Cette poésie fraternelle, amenant « les gens de
peu » à la lumière, nous réchauffe.

Des fois il faut se méfier de la simplicité. Ce n'est pas un bien absolu. A chaque sujet, son style, et... beaucoup de sujets ? Oui, ce ne serait pas mal, beaucoup de sujets. Se permettre d'être beaucoup de sujets, aussi ? Pourquoi pas ?
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