La destinée de cette ancienne maison forte située sur la
commune de Chabons (Isère)au cœur des « terres froides », territoire à
l’appellation discutable,
est étroitement liée à celle du château de Virieu, très
proche.
La propriété de François Henri de Virieu, ancêtre du
François Henri présentateur de « L’heure de vérité », qui avait été
élu député de la noblesse aux états généraux avait été pillée, quasiment détruite
au temps de la grande peur de 1789. Le père de Stéphanie de Virieu - celle ci fournira
à la conférencière un lien entre un riche passé et des préoccupations
féministes actuelles - était colonel du régiment de royal-Limousin, il fut tué
lors du siège de Lyon en 93. Son fils Aymon décida de la reconstruction des
bâtiments,
Lamartine son invité y écrivit « Le vallon » depuis les
ruines dominant le val.
« Mon cœur, lassé
de tout, même de l'espérance,
N'ira plus de ses vœux importuner le sort ;
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort. »
Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort. »
90 ans plus tard Anna de Noailles évoque ces paysages
qu’elle a également connus :
« Dans ce vallon
tintant de fraîcheur argentine
J’ai mis mes faibles pas dans vos pas, Lamartine,
Et je vais, le cœur grave et le regard penché,
Sur les chemins étroits où vos pieds ont marché.
Le vallon, entre ses coteaux,
Que parfument de molles menthes,
Comme un vase aux parois charmantes
Contient la liquide douceur
De cent petites sources sœurs.
On entend bruire la course
De ces joyeuses, folles sources ! »
J’ai mis mes faibles pas dans vos pas, Lamartine,
Et je vais, le cœur grave et le regard penché,
Sur les chemins étroits où vos pieds ont marché.
Le vallon, entre ses coteaux,
Que parfument de molles menthes,
Comme un vase aux parois charmantes
Contient la liquide douceur
De cent petites sources sœurs.
On entend bruire la course
De ces joyeuses, folles sources ! »
C’est Alphonse, le petit fils, qui mènera les travaux; voisin
de Mérimée, il confie le projet à l’inévitable Violet Le Duc, père du néo
gothique voire précurseur de l’art déco.
« Restaurer un
édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir
dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné »
Sa signature, un chat, figure au plafond de l’entrée d’une des tours.
Le chemin de ronde est symbolique, les meurtrières factices en
forme de croix de Malte témoignent de
temps chevaleresques d’une famille dont l’origine remonte aux gallo-romains et
dont la devise : «Virescit vulnerus
virtus, la blessure
accroit le courage » était alors une façon d’affirmer ce que l’on
nomme aujourd’hui la résilience.Les miroirs de la grande salle où se réunissait la famille voudraient
davantage refléter les âmes que les visages. Les psychés des cabinets de
toilette leur sont réservées. La coquetterie était de mise, les parures des
dames devaient être différentes au salon de celles de la salle à manger. Cette
pièce n’existait pas au moyen âge, on dressait la table, elle a bénéficié de
moins de soins lors de réfection que la bibliothèque sur deux étages pour 45 000 livres,
une des plus belle du département. Au dessus de tapisseries de la manufacture
de Beauvais, brique, marbre, fer forgé se côtoient autour d’un escalier peint
de fausses tentures. Il mène, à l’étage dit des enfants, où derrière des
panneaux de bois, des feuilles de houx découragent les rongeurs qui voudraient
s’y installer. Une chambre a été décorée de diables par Stéphanie.L’artiste s’était occupée de ses neveux, elle ouvrit au
village une école pour les filles, « dont
le devoir est d’étudier et de s’instruire » après avoir tenu une
correspondance avec Monseigneur Dupanloup. Elle va créer jusqu’au soir de ses
88 ans. Elle a conçu la frise sculptée au dessus de la cheminée qui représente
le don d’une source fait par la famille de Virieu aux Chartreux de la Sylve
bénite voisine dont on retrouve un panneau de bois ayant appartenu à leur
couvent, lui aussi disparu, dans la chapelle du dernier étage. Un oratoire est
installé dans une tour restaurée récemment depuis qu’une
expérience scientifique hasardeuse lui eut mis le feu. Les
communs terminés en 1865 s’harmonisent bien avec le château,
Les eaux du vaste parc, mettent le bâti en valeur, elles courent, jaillissent, dorment dans les étangs où se reflètent sept tours en poivrière.
Les eaux du vaste parc, mettent le bâti en valeur, elles courent, jaillissent, dorment dans les étangs où se reflètent sept tours en poivrière.
Les plus anciennes sont recouvertes d’enduit alors que les murs de galets
impressionnent sous les toits aux 45 modèles de tuiles vernissés. En 2006, Pascal Thomas tourna d’après Agatha Christie, « Le
Crime est notre affaire »
avec Catherine Frot et André Dussolier. L’émission des racines et des
ailes y posa l’œil de ses caméras.
Encore un beau site à aller voir, et pas trop loin de chez nous. Tes photos sont magnifiques, et donnent envie. Merci.
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