Les mots prennent du poids avec des dessins à la ligne
claire et aux couleurs pastels et effectivement, ils font essentiellement du
bruit. Banale source de malentendus, ils sont, bien entendu, à la fois des outils élémentaires de la communication
et vecteurs d’incommunicabilité, terribles et insignifiants.
On a envie de déguster chaque scène qui est de la veine
occupée par Fabcaro, en moins déjanté http://blog-de-guy.blogspot.com/2020/03/et-si-lamour-cetait-aimer-fabcaro.html
mais on arrive vite au bout des 96 pages car on a envie d’en
découvrir de nouvelles.
Ces dialogues brefs et variés telles des pastilles acidulées
révèlent avec humour l’absurdité de nos conditions aggravée par les technologies
nouvelles:
« - Mon portable
marche pas. Le réseau passe pas ici.
- Et la beauté du paysage, elle passe ?
- J'ai froid ! »
- Et la beauté du paysage, elle passe ?
- J'ai froid ! »
Au miroir d’une information en continu:
« Nous n’avons
pas d’information pour le moment. Mais surtout restez avec nous ! Nous
referons le point dans quelques minutes. »
Quand le chef d’entreprise fait allusion à un employé peu
scrupuleux, une dizaine d’auditeurs se sentent visés, et sur une autre planche un fils annonce à son père agriculteur qu’il veut être
web designer.
Sur les chantiers, dans la rue, au lit, sur la plage, autour
de la table ou au marché, dans les réunions, entre copines, entre père et
fille, l’humour rattrape tous les conseils décalés, les surdités, les indifférences,
les cruautés avec une pointe de poésie.
« - Papa pourquoi
on vit ?
- La question c’est
pas pourquoi on vit mais pour quoi en deux mots.
- Alors pour quoi on
vit ?
- Tu préfères manger
des fraises ou des cailloux ?
- Des fraises !
- Alors voilà, tu vis
pour des fraises !
- Mais tu dis toujours
que les fraises c’est bourré de saloperies aujourd’hui.
- Ça c’est pourquoi on
meurt ma chérie. Mais on en parlera plus tard si tu veux bien. Ça suffit pour
ce soir. »
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