jeudi 10 septembre 2020

Grottes d’Ardèche et pont du Gard.

Mes petits enfants ayant réalisé avec leur papa un petit film d’animation consacré à La préhistoire https://www.youtube.com/watch?v=gQO8ljNJYjE, il fallait aller voir sur place de quoi il retournait depuis ces temps reculés.
Une visite près de vallon Pont d’Arc, à La Grotte Chauvet, du nom de son « inventeur » en 1994, allait de soi avec ses dessins deux fois plus anciens que ceux de Lascaux.
La réplique très récente de la grotte originale promettait toutes les séductions de la muséographie contemporaine.
Le choix de miser sur les applications par téléphone pour respecter les mesures sanitaires en individualisant les parcours n’est pas allé sans gène vis-à-vis d’autres visiteurs qui avaient réservé à la même heure que nous. Cependant la profusion des œuvres, la précision des reproductions en font un site exceptionnel,
surtout quand la trace d’un doigt dans l’argile semble toute fraîche alors qu’elle date de 34 000 ans. 
A l’entrée les peintures sont rouges, et noires de charbon de bois en fin de parcours.
Les techniques varient pour représenter lions, panthères, mammouths, rhinocéros, chevaux, bisons, rennes, ours et un hibou.
Les parois préparées sont décorées d’empreintes de mains, les artistes ont utilisé les accidents de la roche, jouant de l’estompe, évoquant le mouvement et la perspective, avec même un couple mi-humain mi-animal très tendance en notre siècle anthropomorphe.
Les hommes et les femmes n’ont pas résidé en ces lieux mais un crâne d’ours sur un rocher entouré d’autres crânes alignés évoquerait des pratiques chamaniques.
Des marques de griffes voisinent avec des gravures et des traces de pas d’un enfant sont inscrites dans le sol pour l’éternité.Si l’interdiction de photographier libère du temps de cerveau disponible pour suivre les explications, nous nous sommes dispensés de visiter la galerie de l’Aurignacien ou le campement paléolithique et autre pôles pédagogiques discrètement installés parmi les chênes verts.
Concrétions, stalactites et draperies scintillantes sont reproduites dans Chauvet 2, mais c’est dans les salles gigantesques de l’Aven d’Orgnac que les paysages souterrains font valoir toute leur majesté.
Un siècle sera nécessaire pour que les belles gouttes qui tombent sur la stalagmite l’augmentent de 1cm.
Nous sommes là dans les temps géologiques remontant à 100 millions d’années pédagogiquement évoqués dans un petit film introductif avant de descendre 700 marches à 121 m sous terre. Nous remonterons en ascenseur. Dans ce royaume minéral subsistent des ossements d’animaux tombés dans le gouffre, voire jetés par les hommes quand la maladie ne les conduisait pas dans l’assiette.
La visite est guidée par une vraie personne et les éclairages facilitent la lecture des panoramas où apparaissent, stalagmites et colonnes, palmiers de calcite et Tour de Pise, piles d’assiettes ou évocation de kébabs, tuyaux d’orgues...
La salle Joly du nom d’un des découvreurs (1935) qui pourrait contenir un terrain de foot, est haute comme un immeuble de 12 étages. Des spéléologues aperçus avec leurs échelles de corde tout petits nous donnent l’échelle.
Un spectacle son et lumières conclut agréablement l’heure et demie de visite où le gilet est de rigueur.
Et c’est dans la cité de la préhistoire de ce site accueillant que nous révisons le passage du paléo au néolithique avec des outils interactifs qui fonctionnent, des maquettes bien faites, des objets authentiques bien choisis, des animaux naturalisés avenants.
De somptueuses images projetées la nuit sur le pont du Gard évoquant les arts de différentes époques, de différentes cultures, ont révisé les peintures pariétales de par ici, parmi les évocations de Gaudi, de l’art aborigène et les prouesses d’Eiffel…
Un guide un peu lourd avec ses blagues sur les belles mères et les touristes (qui le font vivre) nous avait tout de même renseignés sur l’aqueduc.
Sur les 360 m initiaux subsistent 275 m qui ont échappé aux prélèvements des riverains après l’interruption de l’alimentation en eau par les  Francs qui comptaient assoiffer les Wisigoths installés Nîmes.
Le canal de 50 km sur un dénivelé de seulement 12 m avait alimenté pendant 500 ans les termes et les fontaines de la Colonia Augusta Nemausus (Nîmes) depuis Uzès.
La plus haute construction de l’empire romain (49 m) au premier siècle de notre ère est une prouesse technique réalisée en 5 ans avec des pierres pouvant atteindre 6 tonnes et posées sans mortier. Un enduit rouge assurait l’étanchéité du troisième étage et signalait ainsi la limite à ceux qui étaient chargés de gratter les dépôts de calcaire qui aujourd’hui ont rendu le conduit très étroit. Au moyen âge des échancrures furent opérées pour permettre  à des charrois de franchir la rivière mais le trafic imposa au XVIII° siècle un passage adossé à la construction initiale qui n’a pas bougé même sous les crues impressionnantes du Gardon.
Les cars et les voitures y ont circulé jusqu’en 2000.

1 commentaire:

  1. Je ressens une grande émotion, un immense respect, et de la tendresse, en voyant ces empreintes de main (Bien sûr, les dessins d'animaux sont virtuoses, et beaux, par dessus le marché, mais les empreintes de main sont un rappel d'où nous venons, du lien intime, inextricable, entre notre intelligence, notre esprit, et notre main qui éveille notre intelligence.). Ces empreintes de main me font penser à une des premières activités du bébé : de passer des heures à faire passer ses mains devant ses yeux.
    Pour le Pont du Gard, on peut dire que les Romains ont construit pour durer.
    Je pense qu'il est possible que l'armée romaine, ses légions, (qui étaient des hommes libres, en l'occurrence) ET NON DES ESCLAVES... est responsable de cette construction. A vérifier..

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