dimanche 30 décembre 2018

Causerie musicale. Michel Fugain.

De cinq à sept, à l’heure du thé (dansant), je suis venu retrouver quelque « ver d’oreille » comme disent les Québécois, pour désigner une mélodie obsédante. C’est d‘ailleurs Fugain entouré de sa petite bande de trois musiciens et de sa femme chanteuse, qui  nous a appris l’expression en reprenant au rappel : «  C’est comme l’oiseau ».
Le mélodiste retrace sa carrière avec un humour qui éloigne la nostalgie, bien que :
« Finies les années guitares
Les années couleur d'espoir
Fini l'âge où tout est permis »
Alors que je craignais une pathétique étape d’une tournée de trop, je suis sorti de ces deux heures, ravi par ce spectacle chaleureux valorisant la chanson populaire.
« Un grand poème est l'âme d’un homme,  une grande chanson est l'âme d'un pays. »
Ce n’est pas le genre qu’aimait un journaliste du « Monde » quand il a reproduit l’extrait ci-dessous dans un article féroce pour illustrer sa détestation. Il ne sera pas condamné pour sa critique, mais pour avoir cité sans autorisation l’auteur qui avait été très affecté de tant de mépris.
« Par des chemins difficiles,
De la naissance au trou noir de l'oubli,
Ainsi va la vie
Attention tu n'as pas le droit
De manquer un instant de joie
Sois heureux jusqu'à en crever
Et pour l'âme immortelle, on verra si c'est vrai »
Celui qui a passé son enfance à Voreppe, nous raconte les aléas du métier : « Je n’aurai pas le temps » a du attendre sa reprise par un australien pour connaître le succès, et les intuitions, les fulgurances de ses auteurs qu’il met en valeur : Pierre Delanoë, Maurice Vidalin, Claude Lemesle et Brice Homs.
« Il rentrait chez lui, là-haut vers le brouillard
Elle descendait dans le midi, le midi »
A partir d’une idée autour de la route 66 américaine, cette romance avait trouvé son french public : l’autoroute avait remplacé « Nationale 7 ».
Bercé par « Le temps de cerises », et autre « Bandiera rossa »,  il avait créé « Le chiffon rouge » qui sonorisa les manifs, mais je ne connaissais pas sa chanson de colère contre les fanatismes religieux :
« Oh! les Très-hauts, là-haut, ça déconne !
C'est quoi tous ces chiens enragés-là ?
Oh! S'ils sont à l'image des hommes
Les Très-hauts, là-haut, sont tombés très bas
Les Très-hauts sont tombés très bas ! »  
Le chanteur solaire dont l’hommage au monde avait servi pour les jeux de Nagano
« Bravo, le vent
Qui fait danser les blés
Qui fait trembler les océans
Bravo pour le soleil
Et la colère du volcan
Bravo pour l'arc-en-ciel
Qui met de la joie dans le cœur d'un enfant »
Il a aussi des accents graves :
« Depuis le temps qu'elle fait le trou
De sa tanière grise
Là-bas, ici, partout
Au cœur de chacun de nous
Elle est l'enfant que la bêtise
A conçu avec l'ombre
La bête immonde »
Mais de toute façon :
« Pour oublier qu'il pleut sur tes vacances
Chante oui chante »

samedi 29 décembre 2018

Chéri tu m’écoutes ? Nicole De Buron.

Il y avait comme un plaisir régressif à ouvrir ce livre dont le titre se complète par la demande « et  …alors répète ce que je viens de dire… » lancée par une dame, sortie de la douche sous sa serviette rose roulée sur la tête, devant monsieur interloqué derrière son journal, comme du temps des pièces de boulevard.  
Une autre référence plus contemporaine aurait pu avoir l’allure svelte de dessinatrices de magazines féminins, Margaux  Motin
ou Pénélope Bagieux
mais c’est vers un plus vieux monde que nous sommes renvoyés ; le livre date de 98.
Des pièces de boulevard, je n’en ai pas vu depuis fort longtemps, il m’en reste cependant un tendre souvenir, réactivé par ce catalogue des situations amoureuses en milieu bourgeois, avec « Jour de France » du temps de Giscard : léger, factice, aimable et décati.
« Brigitte Bardot : avec quelle viande nourrit-elle ses chiens, ou sont-ils au régime végétarien? »
La grande famille avec bonne est élargie, cependant familière avec mamie coquette qui se remarie à Las Vegas et une narratrice qui consacre un chapitre entier aux défauts majeurs de son Homme dont un seul trait aurait pu être rédhibitoire, avant une conclusion aussi caricaturale que les scènes qui ont précédé, mais romantique.
La fille ainée se remarie avec grands tralalas, sans s’occuper de rien et le petit fils Attila est amoureux de sa maîtresse : le coup d’œil sur les amours dans ces années enfuies est panoramique et ne manque pas de pittoresque.
Une des relations d’une de ses filles : « expliqua un jour, en riant, qu'il gagnait sa vie, dans les moments difficiles, en écrivant.
- Vous écrivez quoi? avez-vous demandé, intéressée.
- Une lettre à mon père. »
Cette comédie m’a lassé parfois tout au long de ses 230 pages, mais elle révèle peut être plus de vérités que bien d’autres tentatives plus tortueuses de descriptions des relations sociales. «  Qui veut un cheval sans défaut doit aller à pied »
Sous le burlesque, les arrangements avec la réalité sont nécessaires, le ridicule masquant des solitudes tragiques.
« - Nos gamins ne nous écoutent pas.
- Remarque, on n’écoutait pas non plus nos parents.
- Oui, mais ils étaient cons !
- Peut être que nos enfants nous trouvent connes.
- Tu crois ? »
 «  Qui veut un cheval sans défaut doit aller à pied »

vendredi 28 décembre 2018

Etre ouvrier en Isère. XVIII°- XXI° siècle.

Récemment l’occasion m’a été donnée de lire la publication du musée dauphinois qui accompagnait une exposition présentée il y a déjà dix ans.
L’ouvrage collectif présente chronologiquement l’évolution de la condition ouvrière à partir d’études depuis des lieux très divers comme il se doit dans un département qui va du Rhône aux Alpes.
Ainsi les tailleurs de pierres à Montalieu dans le Nord Isère illustrent le passage du statut d’artisan à ouvrier au XVIII° siècle alors que la pluriactivité était la règle dans les montagnes de l' Oisans :
paysan l’été, colporteur ou mineur l’hiver.
La fabrication des toiles du côté de Voiron occupait les familles paysannes, pendant que les peigneurs de chanvre au début du XIX° siècle en milieu urbain se devaient d’être mobiles.
Au XIX° siècle, Vienne, où se tissaient les draps Renaissance fabriqués à partir de chiffons mélangés à de la laine, était « un centre révolutionnaire redoutable ».
Le tissage de la soie débordait « à partir de la matrice lyonnaise » dans le bas Dauphiné et les activités papetières du Grésivaudan à Rives se développaient depuis 57 établissements.
Les vagabonds, venant en particulier de la région parisienne avec la fin des travaux haussmanniens furent attirés dans la région. La France traversait une crise importante,  mais la «  houille blanche » a permis le renouvellement de l’industrie dans la chimie ou les cimenteries.
Tandis que 55 grèves de 1870 à 1914 ont agité Voiron, les syndicats regroupant en particulier les femmes se sont multipliés. Elles travaillaient jusqu’à 60 heures par semaine, pour 1,60 Franc par jour contre 2 Francs pour les hommes et 0,90 Franc pour les jeunes filles. Certaines logeaient dans les « usines pensionnats » où s’exerçait fortement l’influence de l’église.
Les conditions de vie et de travail des ouvriers de la Viscose pendant la seconde guerre mondiale étaient dantesques : tuberculose,  saturnisme, dénutrition. Sur 288 accidents du travail en 1944, 78 ont été dus à des glissade sur le sol détrempé des ateliers. Le manque de gants en caoutchouc provoquait des lésions cutanées.
Chez Neyrpic, les braseros sont remplacés en 1948 par des équipements plus efficaces. Dans ces années là l’entreprise déclarait une trentaine d’accidents du travail par mois.
Les témoignages sont trop rares à mon goût, comme celui de cet ouvrier  de la rive gauche de l’Isère :
« Je regrette l’ambiance des petits bals parce que ça permettait aux gens qui ne dansaient pas de sortir, de s’asseoir »  
ou ce souvenir ambiguë des cantonnements d’étrangers à Salaise-sur-Sanne :
« Moi les cantonnements, je suis fier d’y avoir vécu, ça m’a construit. Mais certains ne veulent pas en parler, ils considèrent qu’ils ont réussi. »
La classe ouvrière n’est pas uniforme et les travailleurs algériens sur les chantiers étaient relégués. Pourtant des acquis sont arrachés en 36 par l’action des syndicats et les compétences sont mieux reconnues, favorisées par les écoles professionnelles ou d’entreprises, les cours du soir.
La mise en place des comités d’entreprise institutionnalise une citoyenneté ouvrière qui dépasse le paternalisme à l’œuvre par exemple dans « Le trait d’union », journal d’entreprise  édité dans l’entre deux guerres.
Dans cet ouvrage à l’initiative d’un musée, il n’est pas étonnant que soient évoqués les mouchoirs commémoratifs de Bourgoin qui servaient en particulier à essuyer les boules lors des tournois. Une dernière création représente un pompier qui embrasse la « Fanny » dont un baiser sur ses fesses nues était réservé aux perdants. Le responsable du musée matheysin met en valeur les oeuvres des mineurs qui se sont multipliées depuis qu’ils sont à la retraite.
Vers la fin de ces 168 pages, la synthèse est efficace qui relie tous les articles aux tonalités universitaires scrupuleuses qui alourdissent parfois le propos. Cependant la reprise d’une citation de Jean Paul Molinari, sociologue, peut dispenser d’un résumé.
« La classe ouvrière n’est plus ce qu’elle était à l’apogée de son nombre (1975) comme de sa puissance sociale, de même qu’elle n’est plus ce qu’elle avait été, dans le temps où l’illusion de son essence valait science de sa réalité et foi en son avenir. »

jeudi 27 décembre 2018

Andrea Palladio (1508-1580). Benoit Dusart.

Le conférencier devant les amis du musée de Grenoble a commencé par une facétie : le portrait de l’illustre architecte par Le Greco intitulé pourtant «  Portrait de Palladio » ne le représente pas, et même ses contemporains dont Véronèse n’ont pas laissé de traces de son image.
Par contre ses écrits, dont Les Quatre Livres de l'architecture, d’une clarté empreinte d’un savoir faire pratique, lui ont assuré une renommée internationale.
Le comte Giangiorgio Trissino fut son premier pygmalion et donna à Andrea di Pietro della Gondola un nouveau nom inspiré de Pallas, un géant grec. 
Il l’emmena en voyage et comme pour d’autres architectes, la spectaculaire coupole de 43 m de diamètre du  Panthéon de Rome déclencha chez le sculpteur, sa vocation.
Il avait vu aussi le Tempietto de San Pietro in Montorio de Bramante
Avant une autre conférence qui traitera de l’héritage palladien voire du palladianisme, il allait de soi d’examiner ses soubassements en faisant le tour de ses inspirateurs.
Avant sa démolition, Le pallazzo Caprini s’inscrivait dans un vocabulaire antique qui sera repris avec ses colonnes doriques au dessus d’un socle aux puissants bossages.
Dans la ville où est né Palladio, Mantoue, Giulio Romano a construit Le palais du Te dont les murs selon le vocabulaire de l’architecture, loin d’être lisses, sont « plastiques ».
Dans le genre maniériste, Michel Ange avait bousculé les codes avec La bibliothèque Laurentienne de Florence annonçant le baroque.
Le château de Roncade à côté de Trevise gardait ses tours médiévales mais annonçait les opulentes villas à venir.
Daniel Barbaro, pourtant délégué au concile de Trente, consacra plus de temps à ses livres concernant Vitruve ou à ses recherches en optique (camera obscura) qu’à ses activités ecclésiastiques ; il accompagna Palladio, le classique, qui multiplia les résidences aristocratiques à vocation agricole dans toute la Vénétie.
La paix est installée depuis que La Sérénissime République dont les prétentions à s’étendre sur la terre ferme eurent été contrariées par la défaite infligée par la ligue de Cambrai et un certain Bayard.
« Les proportions des voix sont harmonie pour les oreilles; celles des mesures sont harmonie pour les yeux »
Un pigeonnier et un silo destiné à recevoir du maïs encadrent la façade sobre de la villa Emo.
La villa Godi Malinverni incorpore les dépendances dans le plan d’ensemble, 
les fresques de la Sala del Putto sont de Gualtiero Padovano.
Pour la villa Pisani, de noblesse dogale, au caractère élitiste, 
une des façades comporte une baie thermale (en demi-cercle divisée par deux montants).
La résidence Cornaro est dans la surenchère avec ses deux niveaux au dessus du pronaos, comme à l'entrée d'un temple.
Les « barchesses », abris destinés à recevoir le matériel agricole, ouvrent leurs bras autour de la villa Badoer surélevée à cause des inondations fréquentes dans ces plaines.
Joseph Losey a tourné des scènes de Don Giovani dans la villa Rotonda aux quatre façades au bout d’une croix grecque.
Comme 24 de ses villas réparties dans la campagne, tout le centre historique de la ville de Vicenze est classé au patrimoine de l’UNESCO. 
Pour les arcades du  palazzo de la Ragione il multiplie les « serliennes », triplette de fenêtres dont la centrale est cintrée, entre deux rectangulaires.
Après le palais Valmarana, le palais Schio, le palais Barbaran de Porto, le palais Chiericati,  il se vit confier par l’académie, qui précédait la française de 80 ans, le théâtre olympique, premier à être bâti depuis l’antiquité par-dessus une forteresse médiévale.
A Bassano au dessus de la Brenta, il construisit un pont mainte fois détruit et reconstruit.
A Venise même, s’il a assez peu travaillé, la basilique de Santa Maria Maggiore se voit de loin. 
«  Une fresque du Dominiquin ou du Titien qui s’efface, un palais de Michel Ange ou de Palladio  qui s’écroule, mettent en deuil le génie de tous les siècles. » Chateaubriand

mercredi 26 décembre 2018

Lacs italiens # 4

Gros orage dans la nuit : des trombes d’eau se déversent sur la terre et les toits, le tonnerre gronde dans un roulement continu et les éclairs s’enchaînent. Pourtant au  matin, pas un nuage ne traîne sur le bleu du ciel.
Tout le monde se retrouve au petit déj’, où le grill à viande électrique remplace le grille-pain.  Nous préparons nos maillots et le pique-nique et départ pour Sirmione bâtie sur une presqu’île du lac de Garde, distante d’une cinquantaine de kilomètres. Le ciel se voile peu à peu, nous avons parfois l’impression de zigzaguer car nous n’écoutons pas scrupuleusement les instructions de direction fournies par le GPS. Au bout d’une heure nous atteignons quand même notre destination, nous rapprochant au maximum et abandonnant la Clio dans un énorme parking aux portes de la vieille ville moyenâgeuse. A pied nous longeons le lac puis franchissons un pont-levis.
Nous négligeons la visite du château où, semble-t-il, il y a peu de choses à voir, si ce n’est le point de vue du haut d’une tour ou des chemins de ronde.
Nous hésitons  puis nous optons pour une courte promenade panoramique qui devrait nous permettre de trouver un endroit propice pour le pique-nique; midi a déjà sonné.
Sur le chemin nous regardons du dehors et du dedans la chiesa Santa Maria Maggiore dans laquelle subsistent encore des fresques du XV°.

Joli porche d’entrée pour cette petite église soutenue par quelques colonnes assez courtes. Nous nous arrêtons dans un espace arboré occupé par des jeux pour les bambini, peu de tables  mais des bancs de pierre.  Puis nous retournons vers le parking, non sans avoir remarqué qu’une gelateria jouxte une gelateria qui touche un commerce de glaces etc… Des monceaux de glaces que nous regardons à peine.
Retour au bercail sous un ciel carrément gris. On est comme le temps, tout mous bien que l’on nous a repérés : « Vous êtes champions du monde ! ».
Et puis la pluie arrive d’abord doucement puis violemment au moment où nous avons décidé de nous promener à Castelrotto. G. se préoccupe du repas : salade verte, pommes de terre sautées dégustées après un spritz et un Cinzano. Pas flammes les petits français ! A 9 heures la moitié de l’équipe gagne son lit et l’autre lit, pianote téléphone ou tablette sous la bienveillante clim’ facile à régler et bien appréciée.



mardi 25 décembre 2018

Ailefroide. Rochette.

Un beau et grand livre qui ravira ceux qui n’oublient jamais les sommets couronnant
«  la capitale des Alpes » et même celui qui gite obstinément à 212 m d’altitude, admiratif de l’audace des alpinistes et de la force de leur émerveillement face au monde.
J’ai retrouvé des émotions d’enfant comme j’en ai connues à la lecture de Frison Roche avec le sentiment d’aborder une BD dont le succès présent l’inscrit d’emblée comme un classique.
A travers la naissance puis l’assouvissement d’une passion absolue, une relation filiale à la violence suggérée est abordée, comme est parfaitement rendue la force des amitiés exacerbées par le danger. 
Le beau texte de Bernard Amy qui  vient à la fin des 300 pages pourrait jouer des grands mots appelés par cette recherche de sublimes paysages, de sensations extrêmes, il rappelle simplement un mot de l’alpiniste Georges Livanos à qui on demandait qui était à son époque le meilleur alpiniste :
« Le plus vieux ! »
Oui, la mort est omniprésente mais le récit de cette jeunesse qui s’est donné les moyens de sa liberté nous ragaillardit comme un coup de vent matinal.
Ma femme se rappelle du joli garçon discret du lycée Champollion, moi j’avais apprécié ses toiles et le film qui fut tiré de sa BD culte  « Le Transperceneige ».

lundi 24 décembre 2018

DVD divers.

Good Will Hunting. Gus Van Sant (1997): Robin Williams est un psy décisif pour réorienter Matt Damon, un orphelin qui ne pense qu’à boire des bières plutôt que d’exploiter ses dons mathématiques. Feel good film de Gus Van Sant dont la conclusion souligne une trajectoire trop attendue rendue fréquentable par le tempérament de Minnie Driver.
Tueurs nés. Oliver Stone (1994): Une première mouture de Tarentino inspirée de faits réels donne une mixture démodée d’images tourbillonnantes qui finissent par être bien anodines. La présentation d’une violence inouïe s’avère complice de ce qu’elle semble dénoncer : les médias fascinés par des tueurs fous d’amour et de pétarades.
Trainspoting. Danny Boyle (1996): Orange mécanique sans Beethoven, musiques hagardes, montages speed, gueules hallucinées, comme un Ken Loach sans espoir.
L’héroïne c’est de la merde.
Blood diamond. Edward Zwyck (2006): Di Caprio, provisoirement méchant, rencontre une belle et bonne journaliste : la guerre c’est pas bien, surtout avec des enfants soldats. Le rouge sang sur fond de paysage africain condamne le trafic de diamants mais les clichés à la pelle accusent l’industrie hollywoodienne de fournir de tels films convenus.
Qui a peur de Virginia Woolf ? Mike Nichols (1966) : « C’est pas nous, c’est pas nous ! ». Il faut bien avoir en tête la comptine enfantine pour respirer un peu dans cet affrontement entre Liz Taylor et Richard Burton, un moment de l’histoire du cinéma, qui dans leurs jeux cruels et leurs mensonges révèlent des vérités dérangeantes. « Film saoulant » a dit un commentateur. Pas un « fuck »  dans ces dialogues très écrits peut être encore plus violents par leur intelligence.
Les bronzés. Patrice Leconte (1978): Des séquences oui, mais j’ai attendu 40 ans pour voir en intégralité les deux films cultes à la plage et à la montagne. Le temps a passé et c’est intéressant de le mesurer comme avec tant de films estimés vieillis pour vérifier notre fraîcheur critique. L’Hermitte le G.O. dragueur est devenu plus fragile quand le modèle Club Med n’est même plus un objet de railleries. Témoignage d’une époque mais beaucoup de rires se sont perdus.
Les sept mercenaires. John Sturges (1960): Film tellement archétypal qu’il na pas pris une ride depuis sa création en 1960 : une légende. Yul Brynner et Steve McQueen sont venus défendre un village mexicain avec cinq autres compères comme le firent les sept samouraïs de Kurosawa en 1954 parce qu’ils sont la justice et ça marche.
The Magdalene sisters. Peter Mullan (2001): Peut on aller plus loin dans la privation de liberté ? Le destin de quatre filles enfermées dans une institution religieuse pour expier des fautes de chair alors qu’elles en sont des victimes, révèle bien des perversions, mais au-delà il s’agit d’une remise en cause de l’oppression exercée par toute la société irlandaise, puisque ce type de punition a concerné 30 000 femmes jusqu’en 1996.
Seven. David Fincher. (1996): Un inspecteur à la veille de la retraite et un jeune impétueux enquêtent sur d’affreux crimes commis en référence aux sept péchés capitaux. Il pleut et les scènes de crime s’éclairent à la lampe torche. Une référence du film noir inventif, tordu, bien interprété et brillamment réalisé.