Pour éviter les réjouissances à l’occasion de son 100° anniversaire, un alerte vieillard s’échappe de la maison de retraite.
Pas question pour lui de se reposer, car les rebondissements s’enchainent, les cadavres s’accumulent à la suite d’une valise dont il prend possession fortuitement.
Le ton est alerte dans ce le livre que les mensonges structurent.
«Le jeune homme décida subitement de renouer avec ses bonnes vieilles habitudes et de se servir d’un pied-de- biche pour avancer l’heure d’ouverture du bar-tabac. »
L’ambiance nordique convoque inévitablement Paasilinna le grand, mais le retour sur le passé du héros traine en longueur, forcément. Même si ses rencontres avec Franco, Truman, Mao, Staline… et les façons de passer de l’un à l’autre sont divertissantes, un peu de lassitude s’installe malgré quelques explosions.
Ce livre offert bien sûr pour mon anniversaire vaut pour son titre, il aurait gagné à perdre quelques pages sur les 454 qu’il comporte.
« Suharto… s’attaqua aux communistes, à ceux qui étaient soupçonnés d’être communistes, aux peut être communistes, à ceux qui étaient sûrement sur le point de le devenir, et à quelques innocents. En très peu de temps, il avait fait tuer entre deux cent mille et deux millions de personnes. Les chiffres n’étaient pas très précis, car beaucoup d’individus d’origine chinoise furent tout simplement expulsés d’Indonésie avec l’étiquette de communistes et durent se réfugier en Chine où ils furent traités de capitalistes. »
samedi 31 décembre 2011
vendredi 30 décembre 2011
Influence, argent, élections : qui détient le pouvoir ?
Au pays de la République des idées où il s’agit de reformuler quelques « exigences universelles face aux images de la décomposition de la vie politique », ce sujet me paraissait central.
Gérard Courtois (Le Monde) dirigeait la discussion entre Pierre Lascoumes (sociologue), William Bourdon (avocat) et Guillaume Courty (politiste).
La réglementation visant à contrôler les financements des partis politiques est exemplaire en France, le problème c’est l’application élastique entretenant le soupçon de 2 français sur 3 qui pensent que les politiques sont corrompus. Notre croyance est également molle concernant la défense de l’intérêt général par nos élus et ceux qui les entourent en staffs dans les cabinets.
De la même façon que la prohibition a fait la fortune de la maffia, la loi a produit des financements parallèles. Pour la contourner le nombre des micros partis a été multiplié par 10. Les commissions multiples annoncées depuis 1988 pour moraliser la vie politique n’ont pas de pouvoir de vérification des déclarations des messieurs qui nous gouvernent, encore moins le pouvoir de sanction. Des organismes consultatifs tels que ceux qui travaillaient derrière la façade désuète du Plan ont été démantelés.
Dans le domaine de l’énergie, des armes, des télécommunications … les marchés donnent droit à des rétros commissions via le Luxembourg, la City, les îles anglo normandes.
Ces zones grises sont assombries par nos méconnaissances, nos fantasmes : oui la politique a un prix.
Aux Etats-Unis, donner pour les élections peut s’assimiler à une offrande rituelle aux dieux sur un autel style époque romaine, à un cadeau à une maîtresse (celle de l’école) : il n’y pas de retour sur investissement, nous a-t-on dit.
Cette déploration face au lobbying peut paraître comme un prétexte pour masquer la déresponsabilisation des élus. Sur ce plan là aussi, la financiarisation de l’économie sécrète ses virus antidémocratiques, les juges sont mis en échec par la mondialisation. L’argent sale engraisse et va se caser du côté de Pékin.
Revient le nom de Woerth comme un hoquet de dégout dans les circuits qui pourrissent notre époque quand l’appartenance à un cabinet ministériel n’est plus un honneur de servir la collectivité mais une étape pour s’enrichir. L’état se privatise, c’est le règne de la connivence, de la consanguinité. Avec le cumul des responsabilités, les règles s’accommodent dans les cercles du pouvoir où grenouillent les médias complices.
......
Cette semaine dessin de Libé
Gérard Courtois (Le Monde) dirigeait la discussion entre Pierre Lascoumes (sociologue), William Bourdon (avocat) et Guillaume Courty (politiste).
La réglementation visant à contrôler les financements des partis politiques est exemplaire en France, le problème c’est l’application élastique entretenant le soupçon de 2 français sur 3 qui pensent que les politiques sont corrompus. Notre croyance est également molle concernant la défense de l’intérêt général par nos élus et ceux qui les entourent en staffs dans les cabinets.
De la même façon que la prohibition a fait la fortune de la maffia, la loi a produit des financements parallèles. Pour la contourner le nombre des micros partis a été multiplié par 10. Les commissions multiples annoncées depuis 1988 pour moraliser la vie politique n’ont pas de pouvoir de vérification des déclarations des messieurs qui nous gouvernent, encore moins le pouvoir de sanction. Des organismes consultatifs tels que ceux qui travaillaient derrière la façade désuète du Plan ont été démantelés.
Dans le domaine de l’énergie, des armes, des télécommunications … les marchés donnent droit à des rétros commissions via le Luxembourg, la City, les îles anglo normandes.
Ces zones grises sont assombries par nos méconnaissances, nos fantasmes : oui la politique a un prix.
Aux Etats-Unis, donner pour les élections peut s’assimiler à une offrande rituelle aux dieux sur un autel style époque romaine, à un cadeau à une maîtresse (celle de l’école) : il n’y pas de retour sur investissement, nous a-t-on dit.
Cette déploration face au lobbying peut paraître comme un prétexte pour masquer la déresponsabilisation des élus. Sur ce plan là aussi, la financiarisation de l’économie sécrète ses virus antidémocratiques, les juges sont mis en échec par la mondialisation. L’argent sale engraisse et va se caser du côté de Pékin.
Revient le nom de Woerth comme un hoquet de dégout dans les circuits qui pourrissent notre époque quand l’appartenance à un cabinet ministériel n’est plus un honneur de servir la collectivité mais une étape pour s’enrichir. L’état se privatise, c’est le règne de la connivence, de la consanguinité. Avec le cumul des responsabilités, les règles s’accommodent dans les cercles du pouvoir où grenouillent les médias complices.
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Cette semaine dessin de Libé
jeudi 29 décembre 2011
Stéphane Cerutti. « Roues libres »
Jusqu’au 17 décembre la galerie Alter Art présente, rue Saint Laurent, de drôles d’engins drôles aux vives couleurs, ludiques et poétiques. Des formes aux airs de Niky de Saint Phalle à mettre entre toutes les mains.
Les enfants peuvent aimer faire tourner les rouages pour produire quelques sons, inventer d’autres choix à la télévision et les amoureux de Peynet peuvent tester l’intensité de leurs sentiments. « Savoir qui croire ». Les cartels ne se prennent pas la tête : « heureux qui comme hélice » et les pieds après un 1km « s’amusent ».
C’est « un bamboulot » et « il n’en a pas trophée ».
Ces jouets avec leurs airs de bande dessinée permettent de réserver l’interrogation sur le temps qui passe à ceux que Noël remplit plus de nostalgie que d’espérance.
Les enfants peuvent aimer faire tourner les rouages pour produire quelques sons, inventer d’autres choix à la télévision et les amoureux de Peynet peuvent tester l’intensité de leurs sentiments. « Savoir qui croire ». Les cartels ne se prennent pas la tête : « heureux qui comme hélice » et les pieds après un 1km « s’amusent ».
C’est « un bamboulot » et « il n’en a pas trophée ».
Ces jouets avec leurs airs de bande dessinée permettent de réserver l’interrogation sur le temps qui passe à ceux que Noël remplit plus de nostalgie que d’espérance.
mercredi 28 décembre 2011
Sète.
Premier port de pêche en Méditerranée, où la crise frappe fort; la ville photogénique avec tous ses canaux est-elle condamné à devenir seulement un décor pour cinéastes ? Ainsi « La graine et le mulet » un des derniers qui va bien à ces lieux déjà arpentés par Agnès Varda. D’autres artistes qui y naquirent : Valéry, Brassens, Manitas de Plata, Vilar, Di Rosa, Combas … invitent le visiteur à fréquenter les musées qui ne manquent pas. J’ai sur ce blog évoqué les cimetières fameux, l’un dominant la mer, l’autre proche de l’étang de Thau.
En Méditerranée, entre tant d’eau et lames de terre salées, est-ce cette topographie singulière qui donne un air spécifique à la cité, à la gastronomie originale ? Je reviendrai vers Cette visitée déjà à plusieurs reprises et qui n’a pas épuisé pour moi tous ses mystères. Au Musée International des Arts Modestes, le MIAM, outre l’expo permanente remaniée nous avons découvert :
- les réalisations en bois animées d’Emile Ratier, paysan bricoleur qui devenu aveugle se mit à la création,
- des automates musiciens à base de boites de conserve qui s’animent bruyamment en tapant sur des pianos guitares et batteries miniatures.
- Frédéric Magazine, collectif d’artistes d’horizons divers.
- P.Q. : ville de Michel Gondry, en carton,
- des dessins Bamun du Cameroun, certains traditionnels, d’autres contemporains.
- de l’art carcéral Chicano : série de mouchoirs décorés, proches de l’art du tatouage.
- Une chaise, un trône plutôt construit à partir de l’assemblage de capsules de bouteilles appartenant à la Halle St Pierre de Paris.
- Des rouleaux constitués de feuilles de papier cousues et marouflées sur toile peints avec des couleurs végétales par des « Patmas » (peintres), support pour des conteurs indiens itinérants.
A La Pointe courte le musée est en plein air, nous avons fait un tour dans le quartier où un esprit de village particulier se dégage avec les petites maisons, les tables et étendages en bord de canal, et le port de barques qui reviennent de l’étang, encombré de filets, de congélateurs recyclés, de caisses en plastique et de cabanons construits à base de matériaux de récupération variés et décorés de bibelots hétéroclites. L’esprit s’affiche, fantaisiste. C’est le royaume des chats. « Interdit aux chiants » « Il vaut mieux une sardine sur le grill qu’un thon qui nage ». Ces quelques pensées laissent supposer la gouaille des habitants qui tiennent à s’appeler les pointus … Les ruelles portent des noms évocateurs : rue de la Pétanque, ruelle des Nacelles, traverses des Pêcheurs, des Jouteurs, des Tambours… Nous engageons la conversation avec un pêcheur de 70 ans occupé à confectionner un filet. Il ne se fait pas prier pour nous raconter sa vie, son quartier, on ne peut plus l’arrêter ! « Peuchère ! » Les conditions de vie et de pêche ont bien changé depuis son enfance et le mal de mer n’est jamais passé. Peu de chance que se petits enfants poursuivent dans cette voie.
En Méditerranée, entre tant d’eau et lames de terre salées, est-ce cette topographie singulière qui donne un air spécifique à la cité, à la gastronomie originale ? Je reviendrai vers Cette visitée déjà à plusieurs reprises et qui n’a pas épuisé pour moi tous ses mystères. Au Musée International des Arts Modestes, le MIAM, outre l’expo permanente remaniée nous avons découvert :
- les réalisations en bois animées d’Emile Ratier, paysan bricoleur qui devenu aveugle se mit à la création,
- des automates musiciens à base de boites de conserve qui s’animent bruyamment en tapant sur des pianos guitares et batteries miniatures.
- Frédéric Magazine, collectif d’artistes d’horizons divers.
- P.Q. : ville de Michel Gondry, en carton,
- des dessins Bamun du Cameroun, certains traditionnels, d’autres contemporains.
- de l’art carcéral Chicano : série de mouchoirs décorés, proches de l’art du tatouage.
- Une chaise, un trône plutôt construit à partir de l’assemblage de capsules de bouteilles appartenant à la Halle St Pierre de Paris.
- Des rouleaux constitués de feuilles de papier cousues et marouflées sur toile peints avec des couleurs végétales par des « Patmas » (peintres), support pour des conteurs indiens itinérants.
A La Pointe courte le musée est en plein air, nous avons fait un tour dans le quartier où un esprit de village particulier se dégage avec les petites maisons, les tables et étendages en bord de canal, et le port de barques qui reviennent de l’étang, encombré de filets, de congélateurs recyclés, de caisses en plastique et de cabanons construits à base de matériaux de récupération variés et décorés de bibelots hétéroclites. L’esprit s’affiche, fantaisiste. C’est le royaume des chats. « Interdit aux chiants » « Il vaut mieux une sardine sur le grill qu’un thon qui nage ». Ces quelques pensées laissent supposer la gouaille des habitants qui tiennent à s’appeler les pointus … Les ruelles portent des noms évocateurs : rue de la Pétanque, ruelle des Nacelles, traverses des Pêcheurs, des Jouteurs, des Tambours… Nous engageons la conversation avec un pêcheur de 70 ans occupé à confectionner un filet. Il ne se fait pas prier pour nous raconter sa vie, son quartier, on ne peut plus l’arrêter ! « Peuchère ! » Les conditions de vie et de pêche ont bien changé depuis son enfance et le mal de mer n’est jamais passé. Peu de chance que se petits enfants poursuivent dans cette voie.
mardi 27 décembre 2011
Je mourrai pas gibier. Alfred.
Brutale BD. Noces sanglantes à Mortagne mille deux cents dix neuf habitants, sa scierie et ses vignes ; ici tout le monde pratique la chasse et il y a même un dicton qui dit :
« je suis né chasseur, je mourrai pas gibier ».
Cinq morts, deux personnes dans un état grave ; le blessé léger c’est le narrateur, l’assassin.
Destinée parait- il à la jeunesse, cette adaptation d’un roman de Guillaume Guéraud est d’une efficacité secouante mais le jeune qui se verrait confier ces 112 pages devra être averti parce que c’est dérangeant et bien mené.
Le jeune homme auteur du carnage n’était pas de ceux qui crachent sur le pleu-pleu du village, ou qui ont pu le tuer, mais dans sa bouffée meurtrière parmi quelques abrutis, un enfant est là au milieu et meurt.
« je suis né chasseur, je mourrai pas gibier ».
Cinq morts, deux personnes dans un état grave ; le blessé léger c’est le narrateur, l’assassin.
Destinée parait- il à la jeunesse, cette adaptation d’un roman de Guillaume Guéraud est d’une efficacité secouante mais le jeune qui se verrait confier ces 112 pages devra être averti parce que c’est dérangeant et bien mené.
Le jeune homme auteur du carnage n’était pas de ceux qui crachent sur le pleu-pleu du village, ou qui ont pu le tuer, mais dans sa bouffée meurtrière parmi quelques abrutis, un enfant est là au milieu et meurt.
lundi 26 décembre 2011
A dangerous method. David Cronenberg.
Ce film va fouiller dans les passions humaines qui s’emparent aussi de ceux qui les ont disséquées.
Quand des hommes considérables comme Freud et Jung font preuve de quelque faiblesse cela peut excuser de nos défaillances et ajoute de l’humour où on ne l’attend pas forcément : ce n’est que meilleur.
Chez ces gens là, la violence côtoie la nuance, les conflits de pouvoir alternent avec la générosité.
Le côté « la psychanalyse pour les nuls » m’a convenu : Freud le scientifique veut faire accepter le monde à ses patients alors que Jung veut les transformer, le juif athée parle du corps, le protestant de culture et de spiritualité.
Jung guérit, un peu vite à mon goût, Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d'hystérie grâce aux apports de Freud. Après avoir été la maîtresse de Carl, elle deviendra une psychanalyste émérite, celle de « la pulsion de mort », et entrera dans le tourbillon intellectuel de Vienne à Zurich. Jung se séparera de Sigmund.
La modernité des termes des querelles de ce début de XX° siècle m’étonnent toujours comme lorsque je vois les dates d’un tableau de Picasso ; la reconstitution est passionnante
Quand des hommes considérables comme Freud et Jung font preuve de quelque faiblesse cela peut excuser de nos défaillances et ajoute de l’humour où on ne l’attend pas forcément : ce n’est que meilleur.
Chez ces gens là, la violence côtoie la nuance, les conflits de pouvoir alternent avec la générosité.
Le côté « la psychanalyse pour les nuls » m’a convenu : Freud le scientifique veut faire accepter le monde à ses patients alors que Jung veut les transformer, le juif athée parle du corps, le protestant de culture et de spiritualité.
Jung guérit, un peu vite à mon goût, Sabina Spielrein, une jeune femme souffrant d'hystérie grâce aux apports de Freud. Après avoir été la maîtresse de Carl, elle deviendra une psychanalyste émérite, celle de « la pulsion de mort », et entrera dans le tourbillon intellectuel de Vienne à Zurich. Jung se séparera de Sigmund.
La modernité des termes des querelles de ce début de XX° siècle m’étonnent toujours comme lorsque je vois les dates d’un tableau de Picasso ; la reconstitution est passionnante
dimanche 25 décembre 2011
Octopus. Philippe Decouflé.
Beau spectacle, beaux corps, nous en avons pour notre argent avec de beaux éclairages et une utilisation brillante des nouvelles technologies.
Nous passons d’un tableau à l’autre avec quelques ponctuations humoristiques.
« Shiva pas », « Hélas tique »sont les intitulés de deux des huit séquences.
Mais Schopenhauer est cité aussi:
« Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, il leur faut l’obscurité ».
Noir et blanche, ombre et spot, mi homme mi femme, mi gnou, les amants se mélangent, et les chaussures à talons aiguilles peuvent aller aux hommes.
La musique est excellente avec un chanteur époustouflant à l’amplitude de tessiture étonnante et le final bien emballé comme il se doit avec une vue par dessus simple et séduisante.
Spectacle pour les fêtes, nous aurons bien d’autres nuits pour fouiller les profondeurs.
Nous passons d’un tableau à l’autre avec quelques ponctuations humoristiques.
« Shiva pas », « Hélas tique »sont les intitulés de deux des huit séquences.
Mais Schopenhauer est cité aussi:
« Les religions sont comme les vers luisants : pour briller, il leur faut l’obscurité ».
Noir et blanche, ombre et spot, mi homme mi femme, mi gnou, les amants se mélangent, et les chaussures à talons aiguilles peuvent aller aux hommes.
La musique est excellente avec un chanteur époustouflant à l’amplitude de tessiture étonnante et le final bien emballé comme il se doit avec une vue par dessus simple et séduisante.
Spectacle pour les fêtes, nous aurons bien d’autres nuits pour fouiller les profondeurs.
samedi 24 décembre 2011
Le Noël d’Hercule Poirot. Agatha Christie.
Quitte à essayer d’apprécier un roman policier autant revenir à la reine mère du genre, que j’ai délaissée depuis la nuit des temps.
Parfaite sous sa couverture jaune et noire des éditions du masque avec tous les ingrédients pour réussir une fête tellement familiale.
Dans un manoir avec majordome, un vieux père manipulateur réunit ses enfants légitimes et d’autres.
Un assassinat a lieu et chacun a de bonnes raisons d’être le coupable : depuis le fils soumis et sa femme jusqu’au fils prodigue, car il est question de surcroit de modification de testament : alors les humiliés se découvrent ainsi que les pièces rapportées pas vraiment franches.
Typiquely british comme on les adore avec humour allant jusqu’au burlesque.
« Les meules du seigneur broient avec lenteur,
mais elles réduisent en fine poussière ».
Nous sommes menés par le bout du nez pour surtout ne pas trouver le coupable, avec des haines recuites, des mensonges qui s’empilent, et beaucoup de sang sur les murs. La ficelle est fine fine.
Les promesses d’un Noël dans les traditions se réaliseront, peut être l’an prochain, mais on peut en douter ; cette fois le rendez-vous de l’innocence a été quelque peu perturbé.
Dans un manoir avec majordome, un vieux père manipulateur réunit ses enfants légitimes et d’autres.
Un assassinat a lieu et chacun a de bonnes raisons d’être le coupable : depuis le fils soumis et sa femme jusqu’au fils prodigue, car il est question de surcroit de modification de testament : alors les humiliés se découvrent ainsi que les pièces rapportées pas vraiment franches.
Typiquely british comme on les adore avec humour allant jusqu’au burlesque.
« Les meules du seigneur broient avec lenteur,
mais elles réduisent en fine poussière ».
Nous sommes menés par le bout du nez pour surtout ne pas trouver le coupable, avec des haines recuites, des mensonges qui s’empilent, et beaucoup de sang sur les murs. La ficelle est fine fine.
Les promesses d’un Noël dans les traditions se réaliseront, peut être l’an prochain, mais on peut en douter ; cette fois le rendez-vous de l’innocence a été quelque peu perturbé.
vendredi 23 décembre 2011
De quoi avons-nous peur ?
Il serait bon de n’avoir pas peur d’avoir peur quand les ressources naturelles s’épuisent et que le climat dégénère.
Enfin nous comprendrions les dégâts du progrès !
« Le concept de progrès doit être fondé sur la catastrophe » Walter Benjamin
Les émissions de CO2 continuent à croître bien plus vite que l’économie qui ralentit pourtant.
Prudence mère de sûreté a donné naissance à l’omniprésent « principe de précaution » émergeant dans un monde où la décision politique est de plus en plus à courte vue. L’appréhension peut être un instrument de mobilisation.
C’était cocasse de percevoir le trac qui s’était emparé d’intervenants à ce débat de la République des idées, où les échanges ont manqué de vivacité bien que les apports, entre autres, d’une anthropologue qui faisait part de son expérience dans les prisons soient intéressants.
La peur est construite en ce lieu pour distinguer surveillants et détenus qui tiennent à se présenter eux-mêmes comme dangereux. Là s’exacerbent les distances, les différences qui sont désormais un trait marquant de notre société toute entière où l’inquiétude anticipe le déclassement.
« L’homme d’aujourd’hui peut perdre son travail, sa femme, la santé, son appartenance à une communauté qui elle-même peut perdre son influence, son pouvoir, son attrait, son identité supposée ou réelle. » Laurent Mauvignier
J’ai peur de moi, j’ai peur des autres. Le voisin devient un concurrent. Les classes moyennes sont plus angoissées car elles ont plus à perdre ; le risque de la perte de l’emploi n’est pas forcément corrélé au statut de celui qui émet cette opinion pessimiste. Le chômage a une empreinte forte sur la dynamique sociale.
Mais si l’artificialisation du monde rend les peurs collectives moins évidentes, les frayeurs individuelles se multiplient. Il convient d’arrêter d’euphémiser les dangers et de parler d’incertitudes, il est trop tard par exemple pour les ressources halieuthiques: « Les mauvaises performances de la pêche sont dues fondamentalement à un très important déséquilibre entre les capacités de production mobilisées pour l'exploitation et le potentiel biologique des ressources. Elles imposent le constat que les politiques publiques mises en œuvre à l'échelle européenne, nationale, ou régionale n'ont pas réussi à atteindre les objectifs de conservation des ressources et de maîtrise des surcapacités »Ifremer.
Depuis les fauteuils confortables de la MC2, on aurait tendance à repérer une instrumentalisation des peurs sociales, alors que l’on devrait regretter que l’on ne s’angoisse pas assez des catastrophes environnementales qui s’opèrent sous nos yeux.
…
Dans le Canard de cette semaine :
Et dans « Marianne », un article de Julliard concernant l’école:
« L’école est le couteau suisse de nos impuissances »,
« la France va au bordel et elle envoie ses enfants au catéchisme »,
il cite Péguy :
« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement ; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement ; elles sont des crises de vie (...) une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est le cas de la société moderne. »
.......
Dessin du Nouvel Obs
Enfin nous comprendrions les dégâts du progrès !
« Le concept de progrès doit être fondé sur la catastrophe » Walter Benjamin
Les émissions de CO2 continuent à croître bien plus vite que l’économie qui ralentit pourtant.
Prudence mère de sûreté a donné naissance à l’omniprésent « principe de précaution » émergeant dans un monde où la décision politique est de plus en plus à courte vue. L’appréhension peut être un instrument de mobilisation.
C’était cocasse de percevoir le trac qui s’était emparé d’intervenants à ce débat de la République des idées, où les échanges ont manqué de vivacité bien que les apports, entre autres, d’une anthropologue qui faisait part de son expérience dans les prisons soient intéressants.
La peur est construite en ce lieu pour distinguer surveillants et détenus qui tiennent à se présenter eux-mêmes comme dangereux. Là s’exacerbent les distances, les différences qui sont désormais un trait marquant de notre société toute entière où l’inquiétude anticipe le déclassement.
« L’homme d’aujourd’hui peut perdre son travail, sa femme, la santé, son appartenance à une communauté qui elle-même peut perdre son influence, son pouvoir, son attrait, son identité supposée ou réelle. » Laurent Mauvignier
J’ai peur de moi, j’ai peur des autres. Le voisin devient un concurrent. Les classes moyennes sont plus angoissées car elles ont plus à perdre ; le risque de la perte de l’emploi n’est pas forcément corrélé au statut de celui qui émet cette opinion pessimiste. Le chômage a une empreinte forte sur la dynamique sociale.
Mais si l’artificialisation du monde rend les peurs collectives moins évidentes, les frayeurs individuelles se multiplient. Il convient d’arrêter d’euphémiser les dangers et de parler d’incertitudes, il est trop tard par exemple pour les ressources halieuthiques: « Les mauvaises performances de la pêche sont dues fondamentalement à un très important déséquilibre entre les capacités de production mobilisées pour l'exploitation et le potentiel biologique des ressources. Elles imposent le constat que les politiques publiques mises en œuvre à l'échelle européenne, nationale, ou régionale n'ont pas réussi à atteindre les objectifs de conservation des ressources et de maîtrise des surcapacités »Ifremer.
Depuis les fauteuils confortables de la MC2, on aurait tendance à repérer une instrumentalisation des peurs sociales, alors que l’on devrait regretter que l’on ne s’angoisse pas assez des catastrophes environnementales qui s’opèrent sous nos yeux.
…
Dans le Canard de cette semaine :
Et dans « Marianne », un article de Julliard concernant l’école:
« L’école est le couteau suisse de nos impuissances »,
« la France va au bordel et elle envoie ses enfants au catéchisme »,
il cite Péguy :
« La crise de l’enseignement n’est pas une crise de l’enseignement ; il n’y a jamais eu de crise de l’enseignement ; les crises de l’enseignement ne sont pas des crises de l’enseignement ; elles sont des crises de vie (...) une société qui n’enseigne pas est une société qui ne s’aime pas ; qui ne s’estime pas ; et tel est le cas de la société moderne. »
.......
Dessin du Nouvel Obs
jeudi 22 décembre 2011
« Le peuple veut ». La révolution Tunisienne.
Aux moulins de Villancourt à la limite entre Echirolles et Pont de Claix sur le cours Jean Jaurès jusqu’au 23 décembre 2011 sont exposées des affiches, des dessins de presse d’Europe et de certains pays arabes, sur les jours qui ébranlèrent la Tunisie.
Avec un drapeau rouge, un croissant de lune, une étoile, les graphistes peuvent s’en donner à cœur joie en rappelant des airs de liberté qui soufflèrent jadis rue Soufflot ou à Gdansk. Travaux efficaces des artistes. Mais la convocation de l’image de « La liberté guidant le peuple » drapée dans un foulard bien couvrant, œuvre d’un lycéen, m’a semblée discutable dans un ensemble remarquable de travaux d’élèves.
A trop adresser de clins d’œil, on y voit trouble.
Enfin, il n’y a pas que les symboles qui se brouillent en ce moment dans les pays qui assument leur libération.
Par contre le chat dénommé Willis de Tunis est sans ambigüité, c’est un personnage percutant.
Nadia Khiari qui le dessine ne manque pas de verve.
mercredi 21 décembre 2011
Après Lisbonne : Saragosse
Nous sommes en avance d’une heure et demie sur l'horaire prévu et confions notre sort à madame Tom Tom qui nous sort de Lisboa sans encombre. Notre longue étape dépassant les 800 km passe par Badajoz (la frontière) Caceres, Madrid et Saragosse. Peu de circulation. La voiture roule bien, trop bien même car un véhicule à moteur banalisé à peine balisé nous contraint à nous arrêter sur la bande d’arrêt d’urgence ; un bras agité par la fenêtre impérativement est le signe le plus apparent de la Guarda civil, ainsi qu’une bande passante lumineuse sur la plage arrière de l’automobile qui nous dépasse. Un «sergent Garcia » peu amène, se dispensant d’un bonjour élémentaire, verbalise l’excès de vitesse de 137 km/h au lieu des 120 autorisés, photographié depuis le véhicule administratif équipé d’ordinateurs et radars.
C’est à la vitesse réglementaire nettement plus poussive que nous atteignons à Saragosse l’hôtel Avenida, Avenida César Augusto n°55, excellemment situé en plein centre où la circulation se révèle compliquée à cause des sens interdits et de rues vraiment étroites. L’accueil en français est efficace et agréable. Nous profitons sous une chaleur d’été (30°) de la ville en fin d’après midi. Grande place devant la cathédrale Virgin del Pilar pas loin de l’Ebre, églises, loggia, fontaine en forme de mur d’eau au bruit rafraîchissant. Lors de ce passage éclair, la capitale de l’ Aragon comme San Sébastien à l’aller nous semble prospère.
On croise des mariés à tous les coins de rues souvent dans des voitures de collection, décapotables, américaines, Rolls Royce, sortant de l’église ou attendant d’y entrer, prenant des poses étudiées pour les photographes professionnels. Les rues piétonnes sont arpentées par des familles ou des couples « habillés en dimanche », s’attardant devant les saltimbanques et amuseurs. Le couchant fait chanter les couleurs des pierres. Nos pas nous conduisent au hasard et nous choisissons le restaurant de tapas « La Republicana » calle Mendez Nunez 38 où nous mangeons plus que copieusement dans un décor de brocante et d’évocation des années 30.
C’est à la vitesse réglementaire nettement plus poussive que nous atteignons à Saragosse l’hôtel Avenida, Avenida César Augusto n°55, excellemment situé en plein centre où la circulation se révèle compliquée à cause des sens interdits et de rues vraiment étroites. L’accueil en français est efficace et agréable. Nous profitons sous une chaleur d’été (30°) de la ville en fin d’après midi. Grande place devant la cathédrale Virgin del Pilar pas loin de l’Ebre, églises, loggia, fontaine en forme de mur d’eau au bruit rafraîchissant. Lors de ce passage éclair, la capitale de l’ Aragon comme San Sébastien à l’aller nous semble prospère.
On croise des mariés à tous les coins de rues souvent dans des voitures de collection, décapotables, américaines, Rolls Royce, sortant de l’église ou attendant d’y entrer, prenant des poses étudiées pour les photographes professionnels. Les rues piétonnes sont arpentées par des familles ou des couples « habillés en dimanche », s’attardant devant les saltimbanques et amuseurs. Le couchant fait chanter les couleurs des pierres. Nos pas nous conduisent au hasard et nous choisissons le restaurant de tapas « La Republicana » calle Mendez Nunez 38 où nous mangeons plus que copieusement dans un décor de brocante et d’évocation des années 30.
mardi 20 décembre 2011
Renée. Ludovic Debeurme.
La suite en 500 pages de « Lucille », dans la même veine déprimante.
Arthur est en prison, où il n’est pas à l’abri d’une explosion de violence qui arrive inéluctablement.
La tension se retrouve aussi au-delà des murs avec celle qui l’attend et se ronge.
Par ailleurs, les aléas de la rencontre adultérine de Renée et d’un homme n’apportent même pas une once de tendresse, l’ennui reprend le dessus.
Les solitudes de chacun sont peuplées de fantômes dessinés d’une plume acérée avec des corps déformés pour matérialiser leur douleur. A la pointe sèche.
Les traumatismes de l’enfance mènent tellement à l’autodestruction, que nous n’arrivons plus à croire à une heureuse issue quand de nouvelles rencontres surviennent.
La poésie n’est pas toujours consolatrice :
« Le temps n’a pas de cœur. Mais il bat… Il bat comme un démon. Il enfonce son rythme des enfers dans les plis de notre peau… Il débobine notre fragile pelote et nous tend, un jour venu, le bout du fil pendouillant. »
Arthur est en prison, où il n’est pas à l’abri d’une explosion de violence qui arrive inéluctablement.
La tension se retrouve aussi au-delà des murs avec celle qui l’attend et se ronge.
Par ailleurs, les aléas de la rencontre adultérine de Renée et d’un homme n’apportent même pas une once de tendresse, l’ennui reprend le dessus.
Les solitudes de chacun sont peuplées de fantômes dessinés d’une plume acérée avec des corps déformés pour matérialiser leur douleur. A la pointe sèche.
Les traumatismes de l’enfance mènent tellement à l’autodestruction, que nous n’arrivons plus à croire à une heureuse issue quand de nouvelles rencontres surviennent.
La poésie n’est pas toujours consolatrice :
« Le temps n’a pas de cœur. Mais il bat… Il bat comme un démon. Il enfonce son rythme des enfers dans les plis de notre peau… Il débobine notre fragile pelote et nous tend, un jour venu, le bout du fil pendouillant. »
lundi 19 décembre 2011
Cinéma : rattrapage.
Certains films reviennent souvent comme des références, alors nous nous sommes prescrits une session de remédiation avec quelques DVD.
« Tant qu’il y aura des hommes »et sa séquence du baiser de Burt Lancaster et Déborah Kerr a été tellement vue, qu’elle a épuisé sa hotte, et si Burt est mieux en « Léopard » qu’en maillot de bain remonté très haut, Montgomery Clift lui peut faire tomber filles et garçons sans avoir à remettre les gants. Le film n’est plus très crédible aujourd’hui tant la patte de celui qui réalisa pourtant « le train sifflera trois fois » nous a semblé lourde dans un milieu militaire qui ne prête pas à la nuance.
« Sur les quais » de Kazan brille aussi par la personnalité de Brando mais le sujet des syndicats maffieux traverse les époques depuis 1954 et l’idylle est émouvante.
« Nos plus belles années » met à l’affiche le beau – décidément - Robert Redford et Barbara Streisand que j’ai bien aimée dans cette fresque qui reflète une époque sans avoir pris trop de rides.
La cruauté dans « Le chat » avec Gabin et Signoret est tout à fait contemporaine, il est vrai qu’inspiré de Simenon l’affaire était déjà bien engagée.
« L’homme de la rue » de Capra, c’est Garry Cooper devenu John Doe, un phénomène politique créé par Barbara Stanwyck en journaliste. Si le film de 1941 est manichéen à souhait, replacé dans le contexte historique, il illustre bien une façon très américaine d’envisager la politique avec des politiciens manipulateurs, une presse toute puissante, un peuple naïf, un dénouement heureux après un destin miraculeux.
« Tant qu’il y aura des hommes »et sa séquence du baiser de Burt Lancaster et Déborah Kerr a été tellement vue, qu’elle a épuisé sa hotte, et si Burt est mieux en « Léopard » qu’en maillot de bain remonté très haut, Montgomery Clift lui peut faire tomber filles et garçons sans avoir à remettre les gants. Le film n’est plus très crédible aujourd’hui tant la patte de celui qui réalisa pourtant « le train sifflera trois fois » nous a semblé lourde dans un milieu militaire qui ne prête pas à la nuance.
« Sur les quais » de Kazan brille aussi par la personnalité de Brando mais le sujet des syndicats maffieux traverse les époques depuis 1954 et l’idylle est émouvante.
« Nos plus belles années » met à l’affiche le beau – décidément - Robert Redford et Barbara Streisand que j’ai bien aimée dans cette fresque qui reflète une époque sans avoir pris trop de rides.
La cruauté dans « Le chat » avec Gabin et Signoret est tout à fait contemporaine, il est vrai qu’inspiré de Simenon l’affaire était déjà bien engagée.
« L’homme de la rue » de Capra, c’est Garry Cooper devenu John Doe, un phénomène politique créé par Barbara Stanwyck en journaliste. Si le film de 1941 est manichéen à souhait, replacé dans le contexte historique, il illustre bien une façon très américaine d’envisager la politique avec des politiciens manipulateurs, une presse toute puissante, un peuple naïf, un dénouement heureux après un destin miraculeux.
dimanche 18 décembre 2011
Les clowns. François Cervantes.
« C’est un malheur du temps que les fous guident les aveugles. » Shakespeare
Cela faisait belle lurette que je n’avais vu de clowns et avant que je retourne sous chapiteau à l’Esplanade il faudra que ma petite fille grandisse un peu.
Dans la salle de création de la MC2, les nez rouges s’appellent Boudu, Arletti et Zig.
Une fois passés les rires de convenance, j’ai retrouvé la force dérangeante de ces personnages théâtraux qui m’avaient fait aduler le film de Fellini. Celui-ci leur rendait hommage en 1970.
Entre comique régressif et tragique à la Beckett, les gestes mécaniques des paillasses sont ceux des nourrissons, gestes premiers aux analogies animales. La chute est proche de l’envol, la barbarie de la tendresse, la naïveté de la roublardise, la finesse, des effets les plus gros. La poésie, le jeu, la couardise sont des ingrédients que l’on peut repérer dans la pièce du roi Lear redécouvert par les trois excellents acteurs sur fond de château en carton, où le pouvoir est mis à nu.
Problèmes de succession et vieillissement : de quoi remplir les salles.
Cela faisait belle lurette que je n’avais vu de clowns et avant que je retourne sous chapiteau à l’Esplanade il faudra que ma petite fille grandisse un peu.
Dans la salle de création de la MC2, les nez rouges s’appellent Boudu, Arletti et Zig.
Une fois passés les rires de convenance, j’ai retrouvé la force dérangeante de ces personnages théâtraux qui m’avaient fait aduler le film de Fellini. Celui-ci leur rendait hommage en 1970.
Entre comique régressif et tragique à la Beckett, les gestes mécaniques des paillasses sont ceux des nourrissons, gestes premiers aux analogies animales. La chute est proche de l’envol, la barbarie de la tendresse, la naïveté de la roublardise, la finesse, des effets les plus gros. La poésie, le jeu, la couardise sont des ingrédients que l’on peut repérer dans la pièce du roi Lear redécouvert par les trois excellents acteurs sur fond de château en carton, où le pouvoir est mis à nu.
Problèmes de succession et vieillissement : de quoi remplir les salles.
samedi 17 décembre 2011
Ma grand-mère avait les mêmes. Philippe Delerm.
Ce titre s’explique par une réflexion ambiguë entendue dans une brocante entre tendresse vis à vis du passé et mépris.
Comme annoncé en sous titre, « les dessous affriolants des petites phrases » sont soulevés avec légèreté :
« n’oubliez pas de rallumer vos portables », « on ne vous fait pas fuir au moins ? » universels,
et des détresses plus personnelles : « c’est le soir, que c’est difficile »,
des élégances : « V’là le bord de la nuit qui vient »,
des fiertés : « j’ai moins huit su’l’plateau »
ou radiophoniques « merci de prendre ma question »
Mais le « maître confiseur », derrière le caractère anodin de certaines expressions, gratte le sucré pour révéler une frontière difficilement franchissable avec « du côté de mon mari »
où le ton comminatoire du « par contre, je veux bien un stylo » de celui qui ne veut pas partager l’addition.
« - Cette fois c’est presque l’hiver ! - Oui, on commence à coucher les oreilles ! Des ouvriers accrochent des guirlandes à l’angle de la pharmacie. Encore quelques jours avant d’allumer les lumières. On n’a rien dit de trop. Surtout ne pas effaroucher l’ombre légère de l’idée. Le thermomètre rouge est descendu encore d’un degré. Il pourrait bien neiger. »
L’ancien prof de collège est devenu directeur de la collection « le goût des mots » qui a l’air de promettre d’autres bons moments de lecture.
Une fois encore « ça a été » avec l’écrivain reposant, « y a pas de souci ».
Comme annoncé en sous titre, « les dessous affriolants des petites phrases » sont soulevés avec légèreté :
« n’oubliez pas de rallumer vos portables », « on ne vous fait pas fuir au moins ? » universels,
et des détresses plus personnelles : « c’est le soir, que c’est difficile »,
des élégances : « V’là le bord de la nuit qui vient »,
des fiertés : « j’ai moins huit su’l’plateau »
ou radiophoniques « merci de prendre ma question »
Mais le « maître confiseur », derrière le caractère anodin de certaines expressions, gratte le sucré pour révéler une frontière difficilement franchissable avec « du côté de mon mari »
où le ton comminatoire du « par contre, je veux bien un stylo » de celui qui ne veut pas partager l’addition.
« - Cette fois c’est presque l’hiver ! - Oui, on commence à coucher les oreilles ! Des ouvriers accrochent des guirlandes à l’angle de la pharmacie. Encore quelques jours avant d’allumer les lumières. On n’a rien dit de trop. Surtout ne pas effaroucher l’ombre légère de l’idée. Le thermomètre rouge est descendu encore d’un degré. Il pourrait bien neiger. »
L’ancien prof de collège est devenu directeur de la collection « le goût des mots » qui a l’air de promettre d’autres bons moments de lecture.
Une fois encore « ça a été » avec l’écrivain reposant, « y a pas de souci ».
vendredi 16 décembre 2011
La gauche moche et la mouche du coche.
De Bouches du Rhône en Pas de Calais, les boulets que le PS traine depuis longtemps reviennent sous notre nez. Où le terme de mafia est employé avec naturel pour quelques uns qui se sont sans doute lavé la bouche avec Jaurès dans leur jeunesse.
Tant mieux si les abcès sont vidés.
Les soupçons à l’égard des porteurs de mauvaises nouvelles sont dérisoires bien que dans l’air du temps où le mobile de chaque action devrait être égoïste voire cynique.
La non résolution des problèmes nous accable.
Oui les médias organisent la remontée du compagnon d’Angela avec Pujadas en cireur de première et France Inter en propagandiste éhonté de BHL. Avec la ronde des éditorialistes qui expriment l’unique pensée, ils pourraient faire des économies, un seul suffit. Ils organisent la perte d’audition et la constatent, ils vérifient les délices de l’autoréalisation comme agences de notation.
En plus : « Nous au village aussi l’on a de beaux assoupissements »
Ici, à Saint Egrève, la Gauche dans l’opposition flatte tous les conservatismes au nom d’une démocratie qu’elle ne met guère en œuvre pour son propre compte. Pourtant ce n’est pas la taille de ses assemblées qui peut rendre difficile la plus infime circulation de l’information. Et ce ne sont pas que les socs’, les gâte-sauces qui sont concernés ; nos assocs’, elles, sont devenues muettes.
Nous voulions travailler sur le long terme, mais en ne proposant pas de personnalité sur le pré - biquet s’abstenir- nous nous sommes condamnés à l’indifférence, et sommes apparus comme des donneurs de leçons anodins.
Des ambitions se réveilleront peut être avant les élections municipales, est- ce qu’elles donneront matière à des primaires pour que justement la participative démocratie s’exerce, là?
....
Dans le Canard cette semaine
Tant mieux si les abcès sont vidés.
Les soupçons à l’égard des porteurs de mauvaises nouvelles sont dérisoires bien que dans l’air du temps où le mobile de chaque action devrait être égoïste voire cynique.
La non résolution des problèmes nous accable.
Oui les médias organisent la remontée du compagnon d’Angela avec Pujadas en cireur de première et France Inter en propagandiste éhonté de BHL. Avec la ronde des éditorialistes qui expriment l’unique pensée, ils pourraient faire des économies, un seul suffit. Ils organisent la perte d’audition et la constatent, ils vérifient les délices de l’autoréalisation comme agences de notation.
En plus : « Nous au village aussi l’on a de beaux assoupissements »
Ici, à Saint Egrève, la Gauche dans l’opposition flatte tous les conservatismes au nom d’une démocratie qu’elle ne met guère en œuvre pour son propre compte. Pourtant ce n’est pas la taille de ses assemblées qui peut rendre difficile la plus infime circulation de l’information. Et ce ne sont pas que les socs’, les gâte-sauces qui sont concernés ; nos assocs’, elles, sont devenues muettes.
Nous voulions travailler sur le long terme, mais en ne proposant pas de personnalité sur le pré - biquet s’abstenir- nous nous sommes condamnés à l’indifférence, et sommes apparus comme des donneurs de leçons anodins.
Des ambitions se réveilleront peut être avant les élections municipales, est- ce qu’elles donneront matière à des primaires pour que justement la participative démocratie s’exerce, là?
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Dans le Canard cette semaine
jeudi 15 décembre 2011
La fête des lumières 2011.
Sur la colline de Fourvière, celle qui priait, les catholiques ont cru bon d’écrire au néon : « Merci Marie », c’est que le sens premier de la fête échappe à beaucoup, comme est devenue bien lointaine la voix de cette religion.
Des sources bien informées débrouillent sur le web ce qui ressort du 8 septembre date de la naissance de la vierge, de la célébration le 8 décembre due à un report pour cause d’inondations de l’atelier du fondeur de la statue qui devait être inaugurée plus tôt.
La ferveur populaire a imposé en 1852 ce beau rite qui fait la fierté de la ville et a attiré cette année trois millions de spectateurs.
L’importation des chars lumineux de Yokata au Japon qui défilent dans la presqu’île amène une dimension humaine à ces trois jours où les lux émerveillent.
Sur la place des Terreaux la circulation des piétons est à sens unique pour canaliser la foule colossale qui vient apprécier la cavalcade poétique de chevaux sur les façades qui se recomposent dans un rythme étourdissant.
Les spectateurs peuvent jouer avec le flipper géant projeté sur la façade du théâtre des Célestins.
Des bonhommes de néons dansent sur la place de la République et leurs reflets sur les plans d’eau multiplient la virtuosité de l’installation.
Les ballons lumineux autour de la célèbre statue équestre de Louis XIV sont d’une simplicité qui va bien à la beauté.
Un coup de vin chaud, mais nous n’avons pas eu le temps de tout voir : une envolée de papiers à la mairie, des projections sur la cathédrale Saint Jean toute ravalée de frais, ni les installations au parc de La Tête d’or…
« Merci Gégé » « Merci GDF Suez ».
Des sources bien informées débrouillent sur le web ce qui ressort du 8 septembre date de la naissance de la vierge, de la célébration le 8 décembre due à un report pour cause d’inondations de l’atelier du fondeur de la statue qui devait être inaugurée plus tôt.
La ferveur populaire a imposé en 1852 ce beau rite qui fait la fierté de la ville et a attiré cette année trois millions de spectateurs.
L’importation des chars lumineux de Yokata au Japon qui défilent dans la presqu’île amène une dimension humaine à ces trois jours où les lux émerveillent.
Sur la place des Terreaux la circulation des piétons est à sens unique pour canaliser la foule colossale qui vient apprécier la cavalcade poétique de chevaux sur les façades qui se recomposent dans un rythme étourdissant.
Les spectateurs peuvent jouer avec le flipper géant projeté sur la façade du théâtre des Célestins.
Des bonhommes de néons dansent sur la place de la République et leurs reflets sur les plans d’eau multiplient la virtuosité de l’installation.
Les ballons lumineux autour de la célèbre statue équestre de Louis XIV sont d’une simplicité qui va bien à la beauté.
Un coup de vin chaud, mais nous n’avons pas eu le temps de tout voir : une envolée de papiers à la mairie, des projections sur la cathédrale Saint Jean toute ravalée de frais, ni les installations au parc de La Tête d’or…
« Merci Gégé » « Merci GDF Suez ».
mercredi 14 décembre 2011
Lisbonne # J 7. Sao Vincente et dos Prazeres.
Pas vraiment « flammes », nous prenons le métro et le tram 28E place Martim Monitz avec arrêt devant le monastério Sao Vicente de Fora. Nous commençons par admirer la citerne du XVII° siècle, et les deux cloîtres en restauration, badigeonnés de blanc sur les surfaces épargnées par les azulejos. Nous tombons sur le panthéon des rois relégué dans l’ancien réfectoire des moines du couvent qui accueille les tombes de la dynastie des Bragance. Nous découvrons ensuite l’escalier donnant accès au toit en terrasse du couvent. La pierre blanche récemment nettoyée renvoie la lumière et met en valeur l’azur du ciel. A nos pieds la vue s’étend sur Lisboa, sur le Tage, domine le château Sao Jorge, le panorama de S. Luzia, l’Alfama et Graça.
Nous ne sommes pas nombreux à partager ce point de vue remarquable. Nous passons ensuite un moment à lire en français et regarder les azulejos des fables de La Fontaine, dont nous en découvrons certaines d’une modernité étonnante : la malice, la morale, les travers, les situations, sont universels ! Nous quittons le musée par une cour aux allures mauresques avec un bassin longiligne au fond qui dessert des canaux creusés dans le dallage. Des chaises rouges sont en harmonie avec la couleur des bougainvilliers débordant et ployant sous les fleurs. Nous nous restaurons dans une gargote qui ne paie pas de mine un peu plus bas dans la rue où circule le tram : salade, bacallau, dorade, veau frites et bière. Pause agréable qui se poursuit un peu plus loin près du miraduro Santa Luzia dans un bistrot devant une glace et une bouteille d’eau. La chaleur de juillet commence enfin à se ressentir. Le tram 28E nous transporte ensuite cahin- caha, peinant dans les montées jusqu’au terminus au cimetière dos Prazeres ( le cimetière des plaisirs).
Nous errons dans ce village de mausolées que n’égaie aucune fleur ni couronne. En jetant un œil par la porte de ces maisons-tombes du XIX° lorsqu’un rideau voilage ne cache pas l’intérieur, nous sommes surpris de voir les cercueils posés sur des étagères superposées des deux côtés d’un petit autel. Comme signes distinctifs extérieurs on reconnaît des symboles maçonniques ou professionnels (musiciens, marins…) ou des statues plus imposantes. Une pancarte « abandonato » indique des concessions disponibles. Nous rentrons à pied par l’église et le parc Estrela car j’ai aperçu une façade art déco par la fenêtre du tram que j’aimerais photographier. A la maison J. qui a renoncé à la sortie a cuisiné pour le repas et le pique nique de demain, nous avons rapporté du Moscatel et du vinho verde. Ana Cardoso notre propriétaire vient nous dire au revoir et discuter un moment, s’enquérant des moyens d’améliorer son gîte, négligeant le tour du propriétaire et nous confiant le soin de glisser les clefs demain matin dans la boîte aux lettres.
Nous ne sommes pas nombreux à partager ce point de vue remarquable. Nous passons ensuite un moment à lire en français et regarder les azulejos des fables de La Fontaine, dont nous en découvrons certaines d’une modernité étonnante : la malice, la morale, les travers, les situations, sont universels ! Nous quittons le musée par une cour aux allures mauresques avec un bassin longiligne au fond qui dessert des canaux creusés dans le dallage. Des chaises rouges sont en harmonie avec la couleur des bougainvilliers débordant et ployant sous les fleurs. Nous nous restaurons dans une gargote qui ne paie pas de mine un peu plus bas dans la rue où circule le tram : salade, bacallau, dorade, veau frites et bière. Pause agréable qui se poursuit un peu plus loin près du miraduro Santa Luzia dans un bistrot devant une glace et une bouteille d’eau. La chaleur de juillet commence enfin à se ressentir. Le tram 28E nous transporte ensuite cahin- caha, peinant dans les montées jusqu’au terminus au cimetière dos Prazeres ( le cimetière des plaisirs).
Nous errons dans ce village de mausolées que n’égaie aucune fleur ni couronne. En jetant un œil par la porte de ces maisons-tombes du XIX° lorsqu’un rideau voilage ne cache pas l’intérieur, nous sommes surpris de voir les cercueils posés sur des étagères superposées des deux côtés d’un petit autel. Comme signes distinctifs extérieurs on reconnaît des symboles maçonniques ou professionnels (musiciens, marins…) ou des statues plus imposantes. Une pancarte « abandonato » indique des concessions disponibles. Nous rentrons à pied par l’église et le parc Estrela car j’ai aperçu une façade art déco par la fenêtre du tram que j’aimerais photographier. A la maison J. qui a renoncé à la sortie a cuisiné pour le repas et le pique nique de demain, nous avons rapporté du Moscatel et du vinho verde. Ana Cardoso notre propriétaire vient nous dire au revoir et discuter un moment, s’enquérant des moyens d’améliorer son gîte, négligeant le tour du propriétaire et nous confiant le soin de glisser les clefs demain matin dans la boîte aux lettres.
mardi 13 décembre 2011
Comédie sentimentale pornographique. Jimmy Beaulieu.
Ni l’un ni l’autre, ni l’autre. Promenade en milieu artiste au Québec, un sourire désenchanté aux lèvres.
La liberté, une certaine désinvolture en phase de ralentissement, entrent dans des combinaisons diverses au cours de rencontres éphémères. Les dessins sont d’un érotisme léger, et se caractérisent plutôt par leur énergie ; quant aux sentiments ils sont assez peu explicites.
Le transport des citadins vers un hôtel abandonné apporte un brin de mystère.
Quelques fantasmes, de la poésie, amènent au-delà de la chronique habituelle qui traite de trentenaires entrant dans l’âge adulte.
« Dessiner une femme c’est déguster une crème brûlée.
Dessiner un homme c’est remplir un formulaire. »
La liberté, une certaine désinvolture en phase de ralentissement, entrent dans des combinaisons diverses au cours de rencontres éphémères. Les dessins sont d’un érotisme léger, et se caractérisent plutôt par leur énergie ; quant aux sentiments ils sont assez peu explicites.
Le transport des citadins vers un hôtel abandonné apporte un brin de mystère.
Quelques fantasmes, de la poésie, amènent au-delà de la chronique habituelle qui traite de trentenaires entrant dans l’âge adulte.
« Dessiner une femme c’est déguster une crème brûlée.
Dessiner un homme c’est remplir un formulaire. »
lundi 12 décembre 2011
Carnage. Roman Polanski.
Bien sûr que le mot "carnage" est outré, mais parfaitement approprié pour ces hystériques tempêtes occidentales dans des verres de whisky de dix huit ans d’âge.
Nous nous la jouons ainsi avec des mots hypertrophiés pour un hamster abadé ou une bagarre de gamins.
Le miroir tendu par Polanski qui a porté au cinéma la pièce de Yasmina Reza est drôle. Il révèle nos grimaces, nos faiblesses.
Nous vivons parmi les ricanements mais l’humour nous manque souvent.
Le costume des civilités nous rend dignes mais les dévoilements sont jouissifs et le portable insupportable à souhait. Les acteurs sont excellents.
La comédie grinçante est amère, c’est bobo, et c’est bon.
Restons polis et sourions au critique du « Monde » qui aurait sa place autour de la table basse : « l'irruption du mal se soustrait à toute tentative d'explication, et sa puissance de contamination est assez forte pour entraîner le débondage pulsionnel des parents censément réunis pour pacifier la situation. »
Nous nous la jouons ainsi avec des mots hypertrophiés pour un hamster abadé ou une bagarre de gamins.
Le miroir tendu par Polanski qui a porté au cinéma la pièce de Yasmina Reza est drôle. Il révèle nos grimaces, nos faiblesses.
Nous vivons parmi les ricanements mais l’humour nous manque souvent.
Le costume des civilités nous rend dignes mais les dévoilements sont jouissifs et le portable insupportable à souhait. Les acteurs sont excellents.
La comédie grinçante est amère, c’est bobo, et c’est bon.
Restons polis et sourions au critique du « Monde » qui aurait sa place autour de la table basse : « l'irruption du mal se soustrait à toute tentative d'explication, et sa puissance de contamination est assez forte pour entraîner le débondage pulsionnel des parents censément réunis pour pacifier la situation. »
dimanche 11 décembre 2011
Les invisibles. Nasser Djemaï.
Ce n’est pas tous les soirs que les plateaux de théâtre de la MC2 portent à la lumière ceux qui n’habitent pas loin de là : les chibanis (« les cheveux blancs ») aussi silencieux que leurs petits enfants sont bruyants. Ceux qui apparaissent souvent comme des fantômes sont traités avec justesse dans leurs opinions différentes par l’auteur originaire de Saint Martin le Vinoux.
Depuis le banc où ils sont assis, ils portent un regard vif sur leur condition et la société. Ils sont moins anachroniques que les paysans ardéchois dessouchés auxquels Depardon avait donné la parole à une époque.
Mais ce n’est pas parce que tant d’autres prolétaires n’apparaissent pas sur les écrans que notre regard doit être détourné par exemple des pauvres conditions de logement de ceux qui étaient essentiellement des travailleurs du bâtiment.
Quand l’un des vieux envisage sa sépulture sur la terre de sa naissance pour retrouver le silence et les arbres secs, qu’il avait voulu quitter, j’ai mieux compris cette dernière volonté dont je ne saisissais pas toute la profondeur.
En fond de scène des images de femmes apparaissent parfois, fantômes chez les fantômes.
J’ai trouvé moins convaincant le personnage du fils, agent immobilier qui va trop vite devenir honnête, il ne fait que passer et n’infléchira pas le destin de ces hommes seuls, cassés, remarquablement interprétés.
« J’écris pour les gens dont la table est vide, mais ce sont des gens dont la table est pleine qui me lisent. » J.M. Le Clézio
.............
La photographie qui illustre ce billet est de Valérie Gaillard qui expose à la bibliothèque de Grand Place et devant le petit théâtre de la MC2 sous l’intitulé « La résidence ».
Depuis le banc où ils sont assis, ils portent un regard vif sur leur condition et la société. Ils sont moins anachroniques que les paysans ardéchois dessouchés auxquels Depardon avait donné la parole à une époque.
Mais ce n’est pas parce que tant d’autres prolétaires n’apparaissent pas sur les écrans que notre regard doit être détourné par exemple des pauvres conditions de logement de ceux qui étaient essentiellement des travailleurs du bâtiment.
Quand l’un des vieux envisage sa sépulture sur la terre de sa naissance pour retrouver le silence et les arbres secs, qu’il avait voulu quitter, j’ai mieux compris cette dernière volonté dont je ne saisissais pas toute la profondeur.
En fond de scène des images de femmes apparaissent parfois, fantômes chez les fantômes.
J’ai trouvé moins convaincant le personnage du fils, agent immobilier qui va trop vite devenir honnête, il ne fait que passer et n’infléchira pas le destin de ces hommes seuls, cassés, remarquablement interprétés.
« J’écris pour les gens dont la table est vide, mais ce sont des gens dont la table est pleine qui me lisent. » J.M. Le Clézio
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La photographie qui illustre ce billet est de Valérie Gaillard qui expose à la bibliothèque de Grand Place et devant le petit théâtre de la MC2 sous l’intitulé « La résidence ».
samedi 10 décembre 2011
Que disent les romans ?
La phrase d’Isaac Babel, placée en introduction par Sandrine Trainer qui a vraiment joué un rôle d’animatrice dans ce débat de la République des idées, a été féconde :
« Le romancier, un soldat parti en reconnaissance »
La brillante Maylis de Kérangal récuse l’image puisqu’elle ne porte pas d’uniforme et ne se prétend pas à l’avant-garde. Son rapport au réel, qu’elle accompagne à tâtons, est empathique, elle préfère l’expression « reporter de guerre ». Emetteur et capteur.
Mauvignier auteur de romans magnifiques et forts, n’est pas du genre non plus à débiter un exposé tout ficelé : l’écriture est au cœur de sa vie et dans son expression on sait bien qu’il n’écrit pas sous tutelle, défrichant, déchiffrant la société. Il rappelle que c’est François Bon qui lui a donné le droit d’écrire, lui qui habitait rue Victor Hugo le monumental et ne se voyait pas aussi considérable, bien que son banquier aujourd’hui ait plutôt tendance à mépriser la profession d’écrivain.
Les romanciers sont à la recherche d’angles morts et ne veulent pas instrumentaliser leurs personnages, ni le lecteur. Le rythme, la pulsation, le phrasé sont essentiels dans leurs productions. Pour qu’une œuvre d’art touche quelque chose de la vie irrésolue, il faut opacifier.
La littérature n’a jamais perdu le monde, et nous sommes entrés dans un autre temps que l’égolittérature.
Aurélien Masson éditeur de série noire vise à une possibilité littéraire de voir moins sombre, sans avoir la prétention de réparer le monde. Il aime jongler avec les mots, "faire jouer les lattes d’un plancher", cherchant des lignes de fuite.
Un air rock passe avec lui dans le meilleur des débats, pour moi, auquel j’ai assisté ce weekend.
« Un roman ça se passe dans une usine ou dans un slip »
L’écrivain a une curiosité décalée, il n’est l’obligé de personne.
L’art a beau être inutile, un luxe, la littérature se difracte, est plastique, polymorphe, elle restaure une présence au monde.
Puisque même un Zola a pu être rabattu vers la sociologie alors qu’il « envoie » le bougre, la forme ne se dissocie pas du fond.
Tout est roman ; mais il ne suffit pas d’avoir une idée, il faut savoir la raconter pour que le lecteur soit touché, modifié, perturbé, mis à l’épreuve.
La documentation n’a pas tué l’imaginaire.
A l’heure où les idéologies sont décrépies, le divertissement est un danger mais le quotidien du petit homme, le rapport à la métropole, la nostalgie alimenteront toujours les livres qui s’inquiètent.
Kafka peut être convoqué pour être l’écrivain du réel.
« Le romancier, un soldat parti en reconnaissance »
La brillante Maylis de Kérangal récuse l’image puisqu’elle ne porte pas d’uniforme et ne se prétend pas à l’avant-garde. Son rapport au réel, qu’elle accompagne à tâtons, est empathique, elle préfère l’expression « reporter de guerre ». Emetteur et capteur.
Mauvignier auteur de romans magnifiques et forts, n’est pas du genre non plus à débiter un exposé tout ficelé : l’écriture est au cœur de sa vie et dans son expression on sait bien qu’il n’écrit pas sous tutelle, défrichant, déchiffrant la société. Il rappelle que c’est François Bon qui lui a donné le droit d’écrire, lui qui habitait rue Victor Hugo le monumental et ne se voyait pas aussi considérable, bien que son banquier aujourd’hui ait plutôt tendance à mépriser la profession d’écrivain.
Les romanciers sont à la recherche d’angles morts et ne veulent pas instrumentaliser leurs personnages, ni le lecteur. Le rythme, la pulsation, le phrasé sont essentiels dans leurs productions. Pour qu’une œuvre d’art touche quelque chose de la vie irrésolue, il faut opacifier.
La littérature n’a jamais perdu le monde, et nous sommes entrés dans un autre temps que l’égolittérature.
Aurélien Masson éditeur de série noire vise à une possibilité littéraire de voir moins sombre, sans avoir la prétention de réparer le monde. Il aime jongler avec les mots, "faire jouer les lattes d’un plancher", cherchant des lignes de fuite.
Un air rock passe avec lui dans le meilleur des débats, pour moi, auquel j’ai assisté ce weekend.
« Un roman ça se passe dans une usine ou dans un slip »
L’écrivain a une curiosité décalée, il n’est l’obligé de personne.
L’art a beau être inutile, un luxe, la littérature se difracte, est plastique, polymorphe, elle restaure une présence au monde.
Puisque même un Zola a pu être rabattu vers la sociologie alors qu’il « envoie » le bougre, la forme ne se dissocie pas du fond.
Tout est roman ; mais il ne suffit pas d’avoir une idée, il faut savoir la raconter pour que le lecteur soit touché, modifié, perturbé, mis à l’épreuve.
La documentation n’a pas tué l’imaginaire.
A l’heure où les idéologies sont décrépies, le divertissement est un danger mais le quotidien du petit homme, le rapport à la métropole, la nostalgie alimenteront toujours les livres qui s’inquiètent.
Kafka peut être convoqué pour être l’écrivain du réel.
vendredi 9 décembre 2011
Zig zap presse
Education :
"Elever » c’est « veiller sur » et non pas surveiller". Clara Da Silva.
Presse pressée :
A propos du Libé qui reprochait à Hollande d’être resté en Corrèze plutôt qu’à Cannes, il y a déjà un moment, Schneidermann accusait les médias insatiables :
« Nourrissez-nous comme Sarkozy nous a nourris, des années durant, en sujets de chroniques, de reportages, et même, paradoxalement, de critiques et d'effroi. Soyez présent, sur les écrans, jour et nuit, gesticulez, pour que nous puissions critiquer vos gesticulations, et puissions aussi, dans trois mois, dans six mois, ressortir des archives vos rêves défraichis, vos prévisions démenties par l'évolution inéluctable de la catastrophe. »
99 % :
« En France, le salaire moyen du 1% le plus rémunéré a augmenté d'environ 14% entre 1998 et 2006, et celui du 0,01%, tout au sommet de l'échelle, de près de 100% alors que la progression sur la même période n'a été que de 4% pour la grande masse des 90% des salariés du bas. »
Souveraine :
Au moment où les états, la puissance publique, perdent de leur pouvoir, apparaît massivement le mot « souverain »
« Mais ces opérations de délestage massives nourrissent dans le même temps la défiance envers la dette souveraine et les Etats fragilisés d'Europe du Sud, tels que la Grèce, l'Italie ou encore l'Espagne. »
Egypte :
« A Tahir, nous étions dans un jardin d’enfants, tous nos désirs s’exprimaient. Nous sommes maintenant dans la grande école, avec des devoirs à faire. »
Un occupant de la place au début de l’année.
Maroc :
« Aujourd’hui, on a des chaussures et on ne sait plus marcher, on a plein de vêtements et on souffre du froid. Les enfants vont à l’école et ne disent que des gros mots. On a la lumière et on n’arriver plus à voir la nuit » Rachid
Sarkozy :
« On croirait un lycéen qui a déjà raté trois fois le bac et qui dirait d’un candidat qui le passe pour la première fois : « mais il n’y connaît rien en bac » Mathieu Lindon
....
Dessin du Canard:
"Elever » c’est « veiller sur » et non pas surveiller". Clara Da Silva.
Presse pressée :
A propos du Libé qui reprochait à Hollande d’être resté en Corrèze plutôt qu’à Cannes, il y a déjà un moment, Schneidermann accusait les médias insatiables :
« Nourrissez-nous comme Sarkozy nous a nourris, des années durant, en sujets de chroniques, de reportages, et même, paradoxalement, de critiques et d'effroi. Soyez présent, sur les écrans, jour et nuit, gesticulez, pour que nous puissions critiquer vos gesticulations, et puissions aussi, dans trois mois, dans six mois, ressortir des archives vos rêves défraichis, vos prévisions démenties par l'évolution inéluctable de la catastrophe. »
99 % :
« En France, le salaire moyen du 1% le plus rémunéré a augmenté d'environ 14% entre 1998 et 2006, et celui du 0,01%, tout au sommet de l'échelle, de près de 100% alors que la progression sur la même période n'a été que de 4% pour la grande masse des 90% des salariés du bas. »
Souveraine :
Au moment où les états, la puissance publique, perdent de leur pouvoir, apparaît massivement le mot « souverain »
« Mais ces opérations de délestage massives nourrissent dans le même temps la défiance envers la dette souveraine et les Etats fragilisés d'Europe du Sud, tels que la Grèce, l'Italie ou encore l'Espagne. »
Egypte :
« A Tahir, nous étions dans un jardin d’enfants, tous nos désirs s’exprimaient. Nous sommes maintenant dans la grande école, avec des devoirs à faire. »
Un occupant de la place au début de l’année.
Maroc :
« Aujourd’hui, on a des chaussures et on ne sait plus marcher, on a plein de vêtements et on souffre du froid. Les enfants vont à l’école et ne disent que des gros mots. On a la lumière et on n’arriver plus à voir la nuit » Rachid
Sarkozy :
« On croirait un lycéen qui a déjà raté trois fois le bac et qui dirait d’un candidat qui le passe pour la première fois : « mais il n’y connaît rien en bac » Mathieu Lindon
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Dessin du Canard:
jeudi 8 décembre 2011
Jean Marc Rochette expose au musée Géo Charles.
Cet accrochage intitulé « Du privilège de la verticalité » dure jusqu’au 18 décembre 2011 à Echirolles.
Rochette, le créateur d’Edmond le cochon en BD a illustré aussi l’Odyssée et Candide, il se consacre désormais à la peinture en grand format.
Au bout de mouvements amples, au chiffon, à la spatule, à la brosse, son abstraction lyrique exprime vivement les espaces de la haute montagne.
Installé maintenant à Berlin, l’ancien du lycée Champollion, exalte bien les Alpes. Lui qui voulait être guide, nous rapproche dans sa recherche picturale des sommets grandioses et mystérieux.
En fréquentant des galeries, je peux trouver des tableaux intéressants sans désirer les accrocher chez moi ; avec cet artiste, à condition d’avoir l’espace, je crois que je ne me lasserai pas d’une évocation d’Ailefroide ou d’une aquarelle vibrante qui porte encore des éclats qui seraient venus de là haut.
Rochette, le créateur d’Edmond le cochon en BD a illustré aussi l’Odyssée et Candide, il se consacre désormais à la peinture en grand format.
Au bout de mouvements amples, au chiffon, à la spatule, à la brosse, son abstraction lyrique exprime vivement les espaces de la haute montagne.
Installé maintenant à Berlin, l’ancien du lycée Champollion, exalte bien les Alpes. Lui qui voulait être guide, nous rapproche dans sa recherche picturale des sommets grandioses et mystérieux.
En fréquentant des galeries, je peux trouver des tableaux intéressants sans désirer les accrocher chez moi ; avec cet artiste, à condition d’avoir l’espace, je crois que je ne me lasserai pas d’une évocation d’Ailefroide ou d’une aquarelle vibrante qui porte encore des éclats qui seraient venus de là haut.
mercredi 7 décembre 2011
Lisbonne # J6. Soir de fado.
Nous flânons jusqu’la boîte du fado « A severa » en passant par les grosses artères et par le miraduro de Sao Pedro de Alcantara face à Lisboa baignant dans la lumière dorée du couchant.
Nous sommes accueillis par un majordome en costume qui nous introduit cérémonieusement derrière une deuxième porte en bois. Nous sommes installés à la table réservée dans une salle sans fenêtre, azulejos non figuratifs et vues de Lisboa anciennes. Un garçon s’enquiert assez vite auprès de nous de notre choix d’apéritif : nous nous proposons d’essayer le ginjha, la liqueur de cerises typiquement lisboète. Le garçon entame une bouteille devant nous, remplit nos verres et amène les olives, du beurre et de la confiture en amuse-gueule. Il apparaît peu après chargé d’un plateau où sont exposées différentes entrées : melon, jambon, gambas grillés, crevettes et autres pour que nous fassions notre choix. Evidemment il se porte sur les crustacés. Nous sirotons tranquillement, béatement, jusqu’au moment où quelqu’un se pose la question du prix. Moment d’inquiétude et d'hilarité. Je demande la carte et notre fou rire s’amplifie car nous nous demandons si nous avons assez d’argent pour régler la note, d’autant plus que personne n’a pris sa carte bleue (28 € l’entrée). Nous nous privons du plat de résistance et de vin et faisons durer notre commande au demeurant délicieuse. J. se force à manger la carapace de sa bestiole. Heureusement les musiciens s’installent assez vite, deux instruments : guitare et guitara portugaise et quatre chanteurs deux hommes et deux femmes. Les fados sont groupés par trois d’une durée de trois minutes ; dans une semi pénombre éclairés à la bougie entre les plats. C’est surtout la plus jeune des artistes qui nous émeut par sa voix sensuelle et ses interprétations fraîches et naturelles, moins apprêtées et calculées que ses collègues. Peu à peu nous pénétrons dans le monde du fado, certains morceaux sont repris par les clients de la salle. A un moment le personnel distribue une publicité de la maison avec les paroles d’une chanson « A severa ». Le Routard nous enseigne que La Severa était le nom d’une fadista célèbre des bas fonds lisboètes dont un riche noble était tombé amoureux (1820-1846). M. n’ose sortir son enregistreur, les artistes vendent leur CD entre leurs passages vocaux. Nous pouvons régler l’addition avec soulagement, pas trop affamés sans que D. ne sorte son billet de 50€ le jour de son anniversaire. La soirée a tété réussie: fou rire et fado. Vers 11h 30, les rues sont bien vivantes, les jeunes filles et garçons vident des bouteilles face au miradouro, assis sur des bancs.
Nous sommes accueillis par un majordome en costume qui nous introduit cérémonieusement derrière une deuxième porte en bois. Nous sommes installés à la table réservée dans une salle sans fenêtre, azulejos non figuratifs et vues de Lisboa anciennes. Un garçon s’enquiert assez vite auprès de nous de notre choix d’apéritif : nous nous proposons d’essayer le ginjha, la liqueur de cerises typiquement lisboète. Le garçon entame une bouteille devant nous, remplit nos verres et amène les olives, du beurre et de la confiture en amuse-gueule. Il apparaît peu après chargé d’un plateau où sont exposées différentes entrées : melon, jambon, gambas grillés, crevettes et autres pour que nous fassions notre choix. Evidemment il se porte sur les crustacés. Nous sirotons tranquillement, béatement, jusqu’au moment où quelqu’un se pose la question du prix. Moment d’inquiétude et d'hilarité. Je demande la carte et notre fou rire s’amplifie car nous nous demandons si nous avons assez d’argent pour régler la note, d’autant plus que personne n’a pris sa carte bleue (28 € l’entrée). Nous nous privons du plat de résistance et de vin et faisons durer notre commande au demeurant délicieuse. J. se force à manger la carapace de sa bestiole. Heureusement les musiciens s’installent assez vite, deux instruments : guitare et guitara portugaise et quatre chanteurs deux hommes et deux femmes. Les fados sont groupés par trois d’une durée de trois minutes ; dans une semi pénombre éclairés à la bougie entre les plats. C’est surtout la plus jeune des artistes qui nous émeut par sa voix sensuelle et ses interprétations fraîches et naturelles, moins apprêtées et calculées que ses collègues. Peu à peu nous pénétrons dans le monde du fado, certains morceaux sont repris par les clients de la salle. A un moment le personnel distribue une publicité de la maison avec les paroles d’une chanson « A severa ». Le Routard nous enseigne que La Severa était le nom d’une fadista célèbre des bas fonds lisboètes dont un riche noble était tombé amoureux (1820-1846). M. n’ose sortir son enregistreur, les artistes vendent leur CD entre leurs passages vocaux. Nous pouvons régler l’addition avec soulagement, pas trop affamés sans que D. ne sorte son billet de 50€ le jour de son anniversaire. La soirée a tété réussie: fou rire et fado. Vers 11h 30, les rues sont bien vivantes, les jeunes filles et garçons vident des bouteilles face au miradouro, assis sur des bancs.
mardi 6 décembre 2011
Hanté. Philippe Dupuy.
Dupuy de Dupuy et Berbérian auteurs des élégants « Monsieur Jean », nous livre un livre en solo.
Ses joggings sont propices à délier une imagination souvent proche du cauchemar avec chiens voraces, nature gloutonne, chutes dans des conduits sans fin, amputations, cris qui ne s’entendent pas…
Heureusement un canard hospitalier lui apprend que « l’intérieur dans lequel on vit est le reflet de notre propre intérieur », il retrouve aussi sa maman.
L’histoire d’un peintre « Patte gauche » est poignante, mais celle d’un catcheur plus attendue est trop étirée.
Comme dans un carnet intime qui coucherait pour le compte ses angoisses, la forme aurait pu être parfois plus travaillée pour mieux nous faire partager son inventivité, sa sincérité.
Ses joggings sont propices à délier une imagination souvent proche du cauchemar avec chiens voraces, nature gloutonne, chutes dans des conduits sans fin, amputations, cris qui ne s’entendent pas…
Heureusement un canard hospitalier lui apprend que « l’intérieur dans lequel on vit est le reflet de notre propre intérieur », il retrouve aussi sa maman.
L’histoire d’un peintre « Patte gauche » est poignante, mais celle d’un catcheur plus attendue est trop étirée.
Comme dans un carnet intime qui coucherait pour le compte ses angoisses, la forme aurait pu être parfois plus travaillée pour mieux nous faire partager son inventivité, sa sincérité.
lundi 5 décembre 2011
Tous au Larzac. Christian Rouaud.
Le documentaire de deux heures ne cultive pas la nostalgie. Il souligne la durée de la lutte des paysans contre l’extension du camp militaire (11ans), la formidable évolution des personnes interrogées, leur finesse, leur lucidité, leur ferveur intacte.
Mais j’ai du mal à partager l’avis de ceux qui associent cette lutte obstinée à celles d’aujourd’hui qui me semblent plus parcellaires.
Quand on énonce simplement la phrase : « des paysans rencontraient les ouvriers, des étudiants », on parle d’un autre siècle :
les paysans il n’y en a plus guère et les ouvriers ont l’intention de voter extrême droite à 40%.
Il reste l’inventivité de ce mouvement, dont les copies se dévoient depuis en médiatisation comme fin en soi, alors que les acteurs de cette mobilisation emblématique sont bouleversés, quand à l’arrivée de leur marche à Paris, ne s’entendait que le bruit des bâtons. L’exigence démocratique dans le groupe a été remarquable également et la solidarité qui leur a permis de construire une magnifique bergerie à La Blaquière, soudés parce que l’adversaire est visible, la situation claire, les politiques, pas encore enrobés de com’, de bonnes cibles maladroites.
Debré : « Nous choisissons le Larzac, c’est un pays déshérité ».
Il en a enrichi plus d’un, humainement.
Mais j’ai du mal à partager l’avis de ceux qui associent cette lutte obstinée à celles d’aujourd’hui qui me semblent plus parcellaires.
Quand on énonce simplement la phrase : « des paysans rencontraient les ouvriers, des étudiants », on parle d’un autre siècle :
les paysans il n’y en a plus guère et les ouvriers ont l’intention de voter extrême droite à 40%.
Il reste l’inventivité de ce mouvement, dont les copies se dévoient depuis en médiatisation comme fin en soi, alors que les acteurs de cette mobilisation emblématique sont bouleversés, quand à l’arrivée de leur marche à Paris, ne s’entendait que le bruit des bâtons. L’exigence démocratique dans le groupe a été remarquable également et la solidarité qui leur a permis de construire une magnifique bergerie à La Blaquière, soudés parce que l’adversaire est visible, la situation claire, les politiques, pas encore enrobés de com’, de bonnes cibles maladroites.
Debré : « Nous choisissons le Larzac, c’est un pays déshérité ».
Il en a enrichi plus d’un, humainement.
dimanche 4 décembre 2011
A cause d’elles. Alain Souchon.
Je n’avais pas eu besoin d’un teasing un peu envahissant pour attendre avec impatience le CD vendu au profit de la recherche sur le cancer par celui qui « le mercredi s’balade une paille dans sa limonade ».
Illustrées par Sempé ces chansons d’enfance, qui pour beaucoup m’étaient inconnues, réunissent mes deux doux rêveurs préférés : Noël en novembre.
Comme souvent les comptines, ces complaintes sont étranges, mélancoliques, voire tragiques : trois petits coups de bâtons pour la petite hirondelle et le curé ne pleurera pas à l’enterrement de Simone.
Villon est là, « le cœur lui fend », Hugo accompagne ses crapauds, Félix Leclerc rend hommage à l’ours pris au piège, Béart évoque des enfants sages, Botrel plaint le petit Grégoire.
Nous pouvons découvrir des ritournelles traditionnelles :
« J’avais deux écus
Le premier je l’ai bu
Je ne l’ai donc plus
Le second brillait si fort dans la lumière
Que j’en ai fait don à la claire rivière
Mais pour moi le monde est beau
Dans les arbres là haut
Chantent les oiseaux »
Je préfère la version 2011 d’ « En sortant de l’école » de Prévert à celle plus emphatique de Montand.
En d’autres temps plus assurés, j’aurais aimé faire partager à mes élèves « Le jour et la nuit » qui ouvre la belle série. Mais l’école est tellement piétinée, que je ne sais comment les enfants prendraient cette chanson enjouée qui pour vanter l’imagination n’aurait pas besoin de lier apprentissages et ennui.
Le petit garçon de Sempé, en pyjama, au balcon de l’immeuble centre ville regarde les dauphins qui passent dans le ciel, il a bien mis son écharpe.
Illustrées par Sempé ces chansons d’enfance, qui pour beaucoup m’étaient inconnues, réunissent mes deux doux rêveurs préférés : Noël en novembre.
Comme souvent les comptines, ces complaintes sont étranges, mélancoliques, voire tragiques : trois petits coups de bâtons pour la petite hirondelle et le curé ne pleurera pas à l’enterrement de Simone.
Villon est là, « le cœur lui fend », Hugo accompagne ses crapauds, Félix Leclerc rend hommage à l’ours pris au piège, Béart évoque des enfants sages, Botrel plaint le petit Grégoire.
Nous pouvons découvrir des ritournelles traditionnelles :
« J’avais deux écus
Le premier je l’ai bu
Je ne l’ai donc plus
Le second brillait si fort dans la lumière
Que j’en ai fait don à la claire rivière
Mais pour moi le monde est beau
Dans les arbres là haut
Chantent les oiseaux »
Je préfère la version 2011 d’ « En sortant de l’école » de Prévert à celle plus emphatique de Montand.
En d’autres temps plus assurés, j’aurais aimé faire partager à mes élèves « Le jour et la nuit » qui ouvre la belle série. Mais l’école est tellement piétinée, que je ne sais comment les enfants prendraient cette chanson enjouée qui pour vanter l’imagination n’aurait pas besoin de lier apprentissages et ennui.
Le petit garçon de Sempé, en pyjama, au balcon de l’immeuble centre ville regarde les dauphins qui passent dans le ciel, il a bien mis son écharpe.
samedi 3 décembre 2011
Refaire société. La République des idées. Le livre.
Baudelot, Castel, Dubet, Rosanvallon, parmi les plus connus apportent leurs contributions à un ouvrage collectif nourrissant, contenu en moins de 100 pages.
L’égalité revient en force :
« Une inégalité sociale excessive accroit la délinquance et l’insécurité, elle est défavorable à la santé, elle ferme les groupes sur eux-mêmes, sur leurs égoïsmes et leurs identités. Elle affaiblit aussi le civisme : on vote moins et on est moins disposé à payer ses impôts. L’inégalité sociale affaiblit le sentiment de vivre dans la même société, elle installe la défiance et la peur des autres, elle accentue les mécanismes de séparation urbaine et culturelle. »
La gauche doit être secouée :
« Pourquoi ne rien dire de véritablement audible sur la vie politique européenne et sur la formation d’un espace politique plus intégré et plus démocratique ? Pourquoi ne rien dire de clair sur la décentralisation, quand la droite semble plus jacobine et la gauche plus girondine ? Pourquoi faire comme si la constitution de la V° république était parfaitement démocratique, dès lors que « nous » sommes au pouvoir ? Pourquoi reculer sans cesse sur le cumul des mandats et sur le nombre des réélections possibles ? Pourquoi accepter que quelques grands élus se transforment en fermiers généraux, pendant que les outsiders, les femmes, les jeunes, les membres des minorités font le pied de grue en attendant que les notables meurent ou soient devenus vraiment trop vieux pour faire illusion ? Le fait que la droite soit capable d’être pire n’implique pas de faire l’économie d’une redéfinition de l’espace public. »
Le constat est implacable sur le plan économique :
« La jeunesse a payé le plus lourd tribut aux mutations profondes du marché du travail : chômage, précarité, petits boulots, intensification du travail, flexibilité, le tout sur fond d’insécurité sociale ou professionnelle. »
Le tour est complet quand sont mis en évidence les ambiguïtés de la promotion de l’individu, les mécanismes qui fabriquent des solitudes, discriminent, maintiennent l’héritage contre le mérite...
Des suggestions sont apportées pour un nouveau droit de l’entreprise, pour refaire société, faire société par le côté gauche
L’égalité revient en force :
« Une inégalité sociale excessive accroit la délinquance et l’insécurité, elle est défavorable à la santé, elle ferme les groupes sur eux-mêmes, sur leurs égoïsmes et leurs identités. Elle affaiblit aussi le civisme : on vote moins et on est moins disposé à payer ses impôts. L’inégalité sociale affaiblit le sentiment de vivre dans la même société, elle installe la défiance et la peur des autres, elle accentue les mécanismes de séparation urbaine et culturelle. »
La gauche doit être secouée :
« Pourquoi ne rien dire de véritablement audible sur la vie politique européenne et sur la formation d’un espace politique plus intégré et plus démocratique ? Pourquoi ne rien dire de clair sur la décentralisation, quand la droite semble plus jacobine et la gauche plus girondine ? Pourquoi faire comme si la constitution de la V° république était parfaitement démocratique, dès lors que « nous » sommes au pouvoir ? Pourquoi reculer sans cesse sur le cumul des mandats et sur le nombre des réélections possibles ? Pourquoi accepter que quelques grands élus se transforment en fermiers généraux, pendant que les outsiders, les femmes, les jeunes, les membres des minorités font le pied de grue en attendant que les notables meurent ou soient devenus vraiment trop vieux pour faire illusion ? Le fait que la droite soit capable d’être pire n’implique pas de faire l’économie d’une redéfinition de l’espace public. »
Le constat est implacable sur le plan économique :
« La jeunesse a payé le plus lourd tribut aux mutations profondes du marché du travail : chômage, précarité, petits boulots, intensification du travail, flexibilité, le tout sur fond d’insécurité sociale ou professionnelle. »
Le tour est complet quand sont mis en évidence les ambiguïtés de la promotion de l’individu, les mécanismes qui fabriquent des solitudes, discriminent, maintiennent l’héritage contre le mérite...
Des suggestions sont apportées pour un nouveau droit de l’entreprise, pour refaire société, faire société par le côté gauche
vendredi 2 décembre 2011
Forum libération. Lyon 2011. Les nouvelles frontières.
Dans l’échantillon circonscrit à 1/6° des débats possibles, au bout de dix discussions en trois jours sous les ors de l’hôtel de ville de Lyon et dans le bel opéra, j’ai retenu le mot :
« réciprocité » pour aller contre l’assistanat et avancer vers plus d’égalité, comme l’écrit François Dubet :
« De manière générale, une politique de gauche devrait se poser plus résolument qu’elle ne le fait la question de savoir qui « paie » et qui « gagne » dans les mécanismes souvent illisibles de la redistribution sociale … il n’est pas certain que les transferts sociaux se fassent toujours dans le bon sens, des plus riches vers les plus pauvres, que ce soit en matière d’éducation, de santé ou de logement. »
J’ai apprécié la personnalité puissante d’Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam qui au moment de l’inauguration d’un clocher restauré, quand il enlève la bâche protectrice dira :
« c’est comme ôter le burqua d’une femme pour en révéler la beauté. »
J’ai été déçu par Aurélie Filipetti qui devait d’abord intervenir sur l’environnement et finalement ne fait que bavarder à propos de culture.
Traversant plusieurs débats, l’opposition ville / campagne se pose d’une façon lancinante lorsqu’en Europe « une vache est plus indemnisée qu’un chercheur », cette question:
la ville sera-t-elle toujours émancipatrice à l’heure où un habitant de la planète sur deux viendra l’habiter ?
..........
Dessin de Jul:
« réciprocité » pour aller contre l’assistanat et avancer vers plus d’égalité, comme l’écrit François Dubet :
« De manière générale, une politique de gauche devrait se poser plus résolument qu’elle ne le fait la question de savoir qui « paie » et qui « gagne » dans les mécanismes souvent illisibles de la redistribution sociale … il n’est pas certain que les transferts sociaux se fassent toujours dans le bon sens, des plus riches vers les plus pauvres, que ce soit en matière d’éducation, de santé ou de logement. »
J’ai apprécié la personnalité puissante d’Ahmed Aboutaleb, maire de Rotterdam qui au moment de l’inauguration d’un clocher restauré, quand il enlève la bâche protectrice dira :
« c’est comme ôter le burqua d’une femme pour en révéler la beauté. »
J’ai été déçu par Aurélie Filipetti qui devait d’abord intervenir sur l’environnement et finalement ne fait que bavarder à propos de culture.
Traversant plusieurs débats, l’opposition ville / campagne se pose d’une façon lancinante lorsqu’en Europe « une vache est plus indemnisée qu’un chercheur », cette question:
la ville sera-t-elle toujours émancipatrice à l’heure où un habitant de la planète sur deux viendra l’habiter ?
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Dessin de Jul:
jeudi 1 décembre 2011
Les plus belles montagnes du monde.
Les éditions Glénat présentent une exposition de photographies des plus belles montagnes du monde.
Nous entrons dans l’époque des encombrants livres d’art.
« Les photographes internationaux les plus fameux du genre » qui sont présentés jusqu’en février sont également réunis dans un ouvrage portant le même titre pour
« illustrer toute la magie du monde ».
Quand on me désigne les plus beaux villages de France, les plus belles stars, les plus beaux couchers de soleil, les blagues les plus drôles, je suis content de retrouver quelques réflexes primitifs qui m’entrainent à la contradiction.
Tant d’excellence impressionne mais ne touche pas : belles lumières, définitions parfaites, sublimes sommets. Mais quand la magie est tellement convoquée, il est bien rare qu’elle vous attrape.
Je préfère les personnages émouvants de la dépressive Diane Airbus à ces paysages purs et glacés qui auraient mérité des formats plus amples.
La chapelle du couvent sainte Cécile où se tient l’exposition est un beau lieu dans un îlot chic, avec une magnifique bibliothèque sur huit étages et des vitraux dont les cloisonnements conviennent bien à des vignettes à la ligne claire. Même si l’on demande la permission, il est défendu de photographier les locaux. Je n’ai pas substitué mon téléphone portable à mon objectif ostentatoire : je n’ai pas 13 ans tous les jours.
Nous entrons dans l’époque des encombrants livres d’art.
« Les photographes internationaux les plus fameux du genre » qui sont présentés jusqu’en février sont également réunis dans un ouvrage portant le même titre pour
« illustrer toute la magie du monde ».
Quand on me désigne les plus beaux villages de France, les plus belles stars, les plus beaux couchers de soleil, les blagues les plus drôles, je suis content de retrouver quelques réflexes primitifs qui m’entrainent à la contradiction.
Tant d’excellence impressionne mais ne touche pas : belles lumières, définitions parfaites, sublimes sommets. Mais quand la magie est tellement convoquée, il est bien rare qu’elle vous attrape.
Je préfère les personnages émouvants de la dépressive Diane Airbus à ces paysages purs et glacés qui auraient mérité des formats plus amples.
La chapelle du couvent sainte Cécile où se tient l’exposition est un beau lieu dans un îlot chic, avec une magnifique bibliothèque sur huit étages et des vitraux dont les cloisonnements conviennent bien à des vignettes à la ligne claire. Même si l’on demande la permission, il est défendu de photographier les locaux. Je n’ai pas substitué mon téléphone portable à mon objectif ostentatoire : je n’ai pas 13 ans tous les jours.
mercredi 30 novembre 2011
Lisbonne # J6. Sintra : la campagne des rois (suite).
Nous faisons une pause dans un restau « Le Xentia » à côté de l’office du tourisme, abandonnant l’idée de pique-nique dans un jardin. Nous prenons le menu à 7,50 € dans une salle souterraine voutée et je me retrouve en face de l’une des deux immenses télévisions à écran plat : d’un côté tour de France, de l’autre match de foot en Amérique du Sud.
Nous n’avons pas à marcher beaucoup et à attendre longtemps le bus 434 qui transporte les touristes à travers la forêt sur la route qui monte ses 4km vers le parc et le palais de Pena. De là, après l’achat des billets d’entrée, nous utilisons un autre bus aux bancs de bois glissants pour effectuer le km restant qui nous sépare du château. La route ombragée serpente au milieu du parc avant de déboucher près du château XIX° digne d’un dessin animé de Disney : guérites, tourelles, chemin de ronde, entre château fort et palais mauresque, du gothique à la renaissance, du jaune et rouge, gris et des azulejos. Un pont levis inutilisé forme un ensemble hétéroclite et sorti d’une imagination peu compatible avec le sérieux d’une demeure royale.
Nous visitons les appartements constitués de pièces assez petites surchargées de meubles et d’objets royaux plus ou moins quotidiens. La salle de bain avec baignoire et douche en émaillé blanc, salon indien, salon arabe avec trompe l’œil bluffant, chambres à coucher, salon de réception (bal) avec turcs porte torche se succèdent. La cuisine bien jolie est équipée de matériel français et affiche un menu en français lui aussi. Les cuivres brillent, les fourneaux sont de taille à chauffer de grandes marmites. La chapelle abrite un retable délicat en albâtre. On n’est pas surpris quand on apprend que Ferdinand de Saxe- Cobourg-Gotha, époux de la reine Marie II, fut le neveu de Louis de Bavière lui-même amateur de châteaux délirants ! Nous redescendons par le même bus stationné en contrebas de la billetterie. Comme il continue le circuit jusqu’à la gare, nous cédons à la flemme et renonçons à la visite de la vieille ville. Direction Lisbonne avec le train, moment de lecture de nos journaux, de sieste et d’écriture sur le trajet jusqu’au Rossio puis le métro jusqu’à la maison.
Il nous reste un moment de repos avant le fado de ce soir, au rythme endiablé de la musique des voisins d’en face.
Nous visitons les appartements constitués de pièces assez petites surchargées de meubles et d’objets royaux plus ou moins quotidiens. La salle de bain avec baignoire et douche en émaillé blanc, salon indien, salon arabe avec trompe l’œil bluffant, chambres à coucher, salon de réception (bal) avec turcs porte torche se succèdent. La cuisine bien jolie est équipée de matériel français et affiche un menu en français lui aussi. Les cuivres brillent, les fourneaux sont de taille à chauffer de grandes marmites. La chapelle abrite un retable délicat en albâtre. On n’est pas surpris quand on apprend que Ferdinand de Saxe- Cobourg-Gotha, époux de la reine Marie II, fut le neveu de Louis de Bavière lui-même amateur de châteaux délirants ! Nous redescendons par le même bus stationné en contrebas de la billetterie. Comme il continue le circuit jusqu’à la gare, nous cédons à la flemme et renonçons à la visite de la vieille ville. Direction Lisbonne avec le train, moment de lecture de nos journaux, de sieste et d’écriture sur le trajet jusqu’au Rossio puis le métro jusqu’à la maison.
Il nous reste un moment de repos avant le fado de ce soir, au rythme endiablé de la musique des voisins d’en face.
mardi 29 novembre 2011
Joséphine. Pénélope Bagieu.
La bloggeuse a connu le succès grâce à ses chroniques pastel de la vie d’une trentenaire célibataire.
Ce n’est pas à la hauteur de Bretécher qui peut être une référence en plus politique et plus inventive, mais sa simplicité, sa légèreté sont séduisantes. J’ai pensé à Catherine Beaunez à ses débuts, en moins féministe, au trait plus rond.
Parce qu’elle a été publiée dans des magazines féminins, les filles la revendiquent à leur seul usage, mais il se trouve de vieux mâles dont je suis qui ne ratent pas, quand l’occasion se présente, de se plonger dans ce type de « littérature ».
Bureau, vacances, sa sœur et ses nièces, Meetic, la manucure qui ne veut pas être sa psy, son coach, la concierge, Joséphine n’a rien à se mettre, elle positive, elle gère, et pour lutter contre la solitude un brin de mauvaise foi ne fait de mal à personne.
Ce n’est pas à la hauteur de Bretécher qui peut être une référence en plus politique et plus inventive, mais sa simplicité, sa légèreté sont séduisantes. J’ai pensé à Catherine Beaunez à ses débuts, en moins féministe, au trait plus rond.
Parce qu’elle a été publiée dans des magazines féminins, les filles la revendiquent à leur seul usage, mais il se trouve de vieux mâles dont je suis qui ne ratent pas, quand l’occasion se présente, de se plonger dans ce type de « littérature ».
Bureau, vacances, sa sœur et ses nièces, Meetic, la manucure qui ne veut pas être sa psy, son coach, la concierge, Joséphine n’a rien à se mettre, elle positive, elle gère, et pour lutter contre la solitude un brin de mauvaise foi ne fait de mal à personne.
lundi 28 novembre 2011
Fix me. Raed Andoni.
Le conflit palestinien ne détruit pas que les corps, les maisons, et un mur ne s’édifie pas que parmi les cailloux ; les hommes souffrent dans leur intimité. Le réalisateur essaie de soigner ses maux de tête, de mémoire et ses relations problématiques avec sa famille avec la psychanalyse. Le sujet a beau être lancinant dans le décor de nos préoccupations, la sincérité de l’acteur nous concerne puisqu’il apporte aussi de la complexité, des témoignages nouveaux, de beaux spécimens d’humanité plein de dignité et de force. Sa mère devra reconnaître que les migraines de son fils nous ont intéressées bien au-delà des check-points.
Un documentaire en général nous parle d’évènements extérieurs, là ce serait comme en littérature l’équivalent des autofictions, nouveau nom des autobiographies, alors disons auto documentaire… avec des airs parfois de Woody Allen qui jouerait au front.
Un documentaire en général nous parle d’évènements extérieurs, là ce serait comme en littérature l’équivalent des autofictions, nouveau nom des autobiographies, alors disons auto documentaire… avec des airs parfois de Woody Allen qui jouerait au front.