samedi 7 septembre 2024

La symphonie du hasard. Douglas Kennedy.

L’épigraphe de Malraux :  
« La vérité d'un homme, c'est d'abord ce qu'il cache. »  
est parfaitement illustré en 402 pages pour un premier volume d’une histoire comportant trois tomes, autour d’une famille américaine pendant les années Nixon. 
« Sachant que, derrière toute loyauté familiale, se cache une bonne dose de culpabilité. » 
Au-delà des formules, la façon de typer les personnages du brillant conteur, facilite la lecture. 
« Comme le disait mon entraîneur : “Avoir du talent, ça demande du talent.” »
« Ceux qui savent faire font, ceux qui ne savent pas faire, enseignent » 
A travers toutes sortes de fumées, la narratrice, Alice, au pays des contrastes, parfois naïve, porte un regard lucide sur sa condition : 
« Deux parents nés dans l'abondance des années folles, avant la dégringolade vers les épreuves et l'abattement national. Trois enfants nés plus tard, dans la paix et la prospérité du milieu du siècle. Un quintette d'Américains issus des sommets de la classe moyenne ; cinq brillants exemples-chacun à sa manière- du gâchis que tant d'entre nous font de leur vie. » 
La vélocité de l’écriture, dont la décontraction met en valeur la force des personnages,  s’essouffle quelque peu quand apparaissent comme des archétypes par exemple la mère d’origine juive possessive et le père tellement irlandais mêlé de près à l’histoire en train de se faire au Chili au moment de la chute d’Allende, à la façon d’un McEvan. 
« Même ceux qui proclament : « Je n’ai pas besoin de vos bandes, de l’approbation de vos cliques, ni de faire partie de votre petit club », même ceux-là, viscéralement attachés à leur condition de loups solitaires, s’avouent parfois dans un élan de lucidité que chacun, à sa manière, n’a qu’un rêve : se sentir appartenir à quelque chose. »

1 commentaire:

  1. En tant que personne non pas viscéralement attachée à ma condition de loup solitaire, mais constatant que l'histoire familiale maternelle a tourné de manière incandescente autour du problème de s'exclure de la bande, et pour plein de bonnes raisons, d'ailleurs, je peux dire que je continue à avoir des rêves, tout en continuant de me sentir appartenir à quelque chose... de temps en temps, de manière fugace, et non pas en m'engouffrant dans le vaste sentiment océanique de l'Appartenance à la Masse. Ne serait-ce que se réunir autour de la table le temps de manger, boire quelque chose, avec de la bonne conversation, ça peut faire appartenir...

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