Ce documentaire de 2023 avec son été de canicule, est
enrichi d’un premier film tourné en 1997, quand la pluie retardait la récolte
du foin, avec des images télévisées de 1972 par Marcel Trillat saisissant trois
frères célibataires qui ont fondé l’exploitation haut savoyarde vouée au
Reblochon, « faisant tout avec rien ».
Histoire de transmission, depuis ces « tontons »
fiers de ce qu’ils ont accompli bien qu’ils auraient pu choisir une autre voie,
jusqu’à la génération qui ne « touche plus un manche » dont les enfants
familiers du fonctionnement de la ferme semblent prêt à prendre une relève qui
ne leur sera pas imposée.
Au-delà du travail bien fait quand le roto fil
remplace la faux pour toujours faire propre autour des arbres, nous voyons des
visages disparaître, des dos se plier, en 50 ans de vie dans un site
magnifique. Le réalisateur respecte l’intelligence, la drôlerie, l’honnêteté de
ses voisins et nous livre de belles séquences sans appuyer : la naissance
et le nourrissage des veaux, la première
sortie de l’étable au printemps, la montée à l’alpage, les vaches appelées par
leur nom dont le collier magnétique relié à l’ordinateur leur livre une dose
personnalisée de tourteaux, le ramassage du foin en terrain pentu et le soin
pris pour ne pas laisser les feuilles de trèfle trop sécher, de quoi bien
mériter son AOP.
Ce film d’une heure et demie est fidèle à ses personnages
tournés vers l’avenir,et s’il n’est pas aussi bouleversant que Depardon dont la
nostalgie est mienne,
nous voyons pendant une heure et demie un beau travail.
Un film que j'irai voir, merci.
RépondreSupprimerOn l'a vu aujourd'hui, le film. Tu as dit l'essentiel, et nous avons été saisis par les même détails, dans l'ensemble.
RépondreSupprimerJe ne peux pas m'empêcher de voir la dégringolade d'un monde où il pouvait y avoir encore une dignité dans le travail, même... manuel. Le monde industriel nous submerge, rendant les vies sédentaires, voire oisives, mais l'industrie disparaît, et l'Homme n'est plus... industrieux, même si la technologie est là pour suppléer à ses faiblesses et manquements. Et Il perd ainsi beaucoup de consistance, de mon point de vue, maintenant qu'Il va bras et mains ballants.
On verra bien, n'est-ce pas ?
Les bêtes, trouvent-elles leur compte ? TOUTES les bêtes ?
Là aussi, on verra bien.