Nous ne croiserons plus celui qui sillonnait l’agglomération
en tous sens, été comme hiver.
Comme nous avions connaissance du point de départ et
d’arrivée de l’inlassable cycliste, nous savons que ce n’est pas qu’une
silhouette qui s’efface du voisinage.
Un homme est parti, une « belle personne », un
homme libre.
« Cette existence
qui est la nôtre est aussi éphémère que les nuages d'automne. »
Une citation cueillie sur les chemins que tu arpentais, peut nous rassembler, le temps de marquer tout notre respect pour toi le sage, irréductiblement
indépendant.
Quand l’Eternité pointe son nez, j’hésite entre le
tutoiement de la vie pressée et les mots à majuscule.
Tu avais estompé ton prénom : Umberto, et tout le monde
savait qui était Hubert.
La solennité d’aujourd’hui ne contredira pas une vie
souriante du plus populaire des voisins,à la rencontre de chacun de nous dans la diversité de nos
caractères et de nos opinions.
Nous avons partagé des moments de rire, d’indignations ou de
rêves, de la vie de tous les jours et des mouvements de la planète.
Depuis certains escrocs obstinément dénoncés jusqu’aux
bonbonnes de gaz hilarants qui témoignaient à la fois d’une société qui
s’étourdit et ne sait pas réparer, ces registres relevaient du colibri
extincteur. Le recueil des bouchons d’amour n’était pas anecdotique.
Faire sa part : le citoyen exerçant ses responsabilités
rend dérisoires les déplorations systématiques.
La convivialité cultivée chaque jour au-delà d’une soirée
d’été n’était pas que produit à consommer, elle nous a rendu plus polis.
Il n’est pas commun qu’à la sortie des garages nous soyons
amenés à citer quelques personnes avisées de nos connaissances tels Camus ou
Hugo, après que tu n’aies pas renoncé de rappeler à l’ordre gentiment les
radios truffées de publicité.
Du tri de nos poubelles aux cathédrales, aux
constructions en piécettes, de celles que les SDF te cédaient.
Tu as rendu fertile le sable en de belles arabesques
colorées pour des mandalas de toutes tailles pour petits et vieux, dispersant
le plus indestructible des quartz pour accorder l’immensité des temps
géologiques au souffle fulgurant d’un instant.
Ta spiritualité ne t’éloignait pas du monde, au contraire,
rien d’austère ni de pontifiant, une grande tolérance, des doutes à partager
plutôt que des certitudes qui éloignent.
Lorsque les souvenirs des moines de Tiberine rejoignent les
mots du Bouddhisme :
« On peut allumer des
dizaines de bougies à partir d'une seule sans en abréger la vie.
On
ne diminue pas le bonheur en le partageant. »
la Bible peut nous réunir comme la poésie en ces
moments où il est question de vie et de mort: « Le sable
de la mer, les gouttes de la pluie, les jours de l'éternité,
qui peut les
dénombrer ?
La hauteur du ciel, l'étendue de la terre, la
profondeur de l'abîme,
qui peut les explorer? »
Hubert, nous cherchons.
Les châteaux des royaumes enfantins appellent des images de
fantômes et s’associent à des constructions éphémères, mais quand nous
reviendrons au pied du Néron, au château, nous garderons ton souvenir.
Quand la fenêtre ouverte sur la nuit, une petite clochette
sonnera, nous penserons à toi.
Promis, ce n’est pas sur Internet que j’ai trouvé mon ultime
citation, mais dans un livre pour enfants qui évoque la croyance au Père Noël
qui serait comme le son d’un des grelots de l’attelage de son traineau :
« Au début, la
plupart de mes amis entendaient la clochette, mais au fur et à mesure que
passaient les années, elle se tut pour eux tous.
Bien que je sois
devenu vieux, la clochette sonne toujours pour moi, comme pour tous ceux qui y
croient encore. »
Très bel hommage, Guy. Je me demande si j'ai connu Hubert, mais n'en suis pas sûre. Ton mémorial me fait regretter de ne pas l'avoir connu, ou connu plus.
RépondreSupprimerEcce homo, comme on dit. Quoi de plus grand ?
"On ne diminue pas le bonheur en le partageant" OUI, je suis une croyante fervente dans cette parole, comme dans la nécessité de chercher à voir la beauté de notre monde, humain ou pas. Qui cherche... trouve.
Des banalités, peut-être, mais ton texte n'est pas banal.
Merci.