et peut valider quelques intuitions opportunes.
La
guerre en Ukraine fait sortir nos réflexions de leurs gonds, ainsi la critique
pourtant balancée des aménagements du territoire favorables à
l’agriculture trop consommatrice d’eau peut être envisagée différemment quand se pose
la question de l’autonomie alimentaire.
Avec bon sens bien bourguignon, Bruno Latour place l’écologie au centre de la vie, il a expérimenté des « ateliers de
description du territoire » inspirés des cahiers de doléance de 1789,
pourvoyeurs de réponses profondes à des questions élémentaires :
« Qui sont ceux
dont vous dépendez ? Qu’est-ce qui est menacé ? Que faites vous pour
le défendre ? »
Le thème développé cette fois « La province contre
Paris » aurait pu ouvrir la boite de Pandore des surenchères populistes
mais ce n’est pas le genre de la maison Fottorino patron du « 1 » et
de «Zadig ».
Alain Rousset
président de la Nouvelle Aquitaine convainc en militant pour la
décentralisation source de responsabilisation et de créativité à l’encontre
d’une inflation de règlements. Un reportage dans de petites communes concernant
des normes absurdes va dans le même
sens.
Par contre l’instauration d’une monnaie
basque (l’Eusko) ne me semble pas décisive pour simplifier la vie pas plus que
la culture du cannabis comme vecteur
de dynamisme pour la Creuse et pour moi le terme « colonialiste »
appliqué systématiquement aux rapports à la Corse a tendance à s’user.
Les données de Le
Bras citant « Paris et le désert Français »(1947) de François
Gravier sont parfois surprenantes et le rappel de l’histoire de la
décentralisation n'est pas inutile.
L'article titré « Le mystère des chevaux
mutilés » ( 500 en 2020) éloigne les rumeurs les
plus folles et restitue avec respect les doutes, les angoisses de personnes
concernées. La même empathie est perceptible dans un reportage photos dans un
camping de la Côte d’Opale : « immobile
home ».
Rokhaya Diallo réussit le tour de force de ne pas mentionner
le dédoublement des classes de CP en REP lors d’une dénonciation des injustices scolaires, simpliste
énumération de poncifs. Et si Éric Fassin rappelle le prix reçu par Giscard
D’estaing pour l’accueil des boat-people, l'universitaire doit voir sa honte concernant le manque de générosité de ses compatriotes et de ceux qui les gouvernent atténuée par
l’accueil spontané des exilés
Ukrainiens, dont il n’avait pas connaissance.
Quand Philippe
Jaenada écrit, il rend plus poignant les récits à propos de personnes disparues
et François Henri Désérable en résidence dans la maison de Julien Gracq est
inspiré :
« Pendant l’hiver la
Loire a le sommeil léger, alors elle sort de son lit. »
Agnès Desarthe arrive à nous intéresser avec une histoire au
départ pas folichonne.
Les écrivains apportent décidément un plus, sauf cette fois
Leïla Slimani balourde quand elle s’essaye à une politique fiction de
pacotille.
Un reporter familier de l’immersion peut aussi être un révélateur juste en rendant compte avec
sobriété de sa semaine avec une équipe de soignants en psychiatrie.
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