Il est question de santé dans cette prestation solitaire à
la Vence scène, c’est que décidément l’humoriste après avoir traité des
religions, des attentats, aime les sujets délicats.
Il s’en tire parfaitement, passant de la gravité, aux jeux
de mots les plus nuls, nous donnant à rire et à réfléchir, nous surprenant.
Pourtant c’était mal parti avec l'exclamation rituelle : « ça va Saint
Egrève ! » et spots aveuglant un public frappant des mains en
cadence et pris à partie d’emblée. Mais d'autres comme lui étaient retombés sur leurs pattes au bout de deux heures et demie
La référence à la mère semble également inévitable et malgré
quelques facilités ravissant ses fans, j’ai apprécié sa sincérité et son
intelligence en des moments forts où il met en scène une tentative de suicide,
fait part de sa folie avec les conflits entre ses diverses personnalités.
Il joue d’une palette étendue avec mimes, imitations,
autodérision, voire pédagogie avec l’évocation de l’histoire de la sécurité
sociale se confondant avec les rapports des pouvoirs où Servier joue un rôle
éminent. Le rappel de la mort du milliardaire
a pu faire naître des réactions problématiques, à mon sens, dans le public.
Il nous emmène
avec énergie bien au-delà du divertissement, nous manipule, et nous met face à
notre crédulité dans un numéro très habile qui vaut à lui tout seul le prix du
billet. Arriver à faire rire en évoquant l’homéopathie à partir de données très
sérieuses ou ne pas faire rire volontairement, juste avant de se laisser aller
à des rires régressifs : c’est du grand art.
Le sketch
du directeur d’hôpital recevant des familles est tordant. Le rappel de
mots imprudents de politiques au début de la pandémie peut tourner à la leçon trop facile à postériori, mais la profusion des approches, la variété des
angles permettent de ne pas s’appesantir et de passer un excellent moment.
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