jeudi 21 février 2019

La photographie de mode. Hélène Orain.

La mode est bien le lieu des fantasmes, des retouches, de la légèreté, du glamour et du commerce. La conférencière devant les amis du musée de Grenoble ne dément pas ces à-priori même si « le stylo ne fait pas l’écrivain ».
Beaucoup de photographes vont déjouer les codes de ce genre photographique qui n’est plus réservé aux seuls magazines et s’expose désormais dans les musées.
Les premières publications en trichromie et photogravure apparues en même temps que la photo ont préféré le dessin à partir de photos. « Gallery of Fashion (1912) », version américaine de la revue « Les Modes ».
En attendant 1932, la première couverture en couleurs d’Edward Steichen connu surtout avec
« The Bitter Years », la concurrence est vive entre Vogue où Man Ray exerçait ses talents avec le Harper’s Bazaar.
Le Baron Adolf De Meyer et ses jeunes femmes éthérées, « Unpublished Fashion Study»,  est supplanté au temps de l’art déco par  Steichen  aux poses géométriques plus radicales. 
« Dancer Helen Tamiris for Vanity Fair ».
Avec le portraitiste de la famille royale, Cecil Beaton, et ses mises en scènes théâtralisées, 
« My Fair Lady » prend bien la lumière: « Audrey Hepburn in costum ».
George Hoyningen-Huene, influencé par le Bauhaus épure le contexte pour des compositions sculpturales sans regard frontal, hors du temps, «  Nageurs » (1930).
Son amant Horst P. Horst, « The Mainbocher Corset» présente des femmes dangereuses.
Ça bouge avec Martin Munkacsi : « Silver white satin beach costume » ; des enfants noirs courant sur la plage avaient décidé de la carrière de Cartier Bresson.
Lisa Fonssagrives, top model chez Dior, épouse Irving Penn, qui préfère travailler en studio plutôt que dans la cohue des défilés, là en « robe Rochas »
Les compositions d’IP « Black and White »  sont d’une grande minutie,
et il peut valoriser la cigarette dans « Girl with Tobacco on Tongue » et mettre en évidence des mégots comme témoins de nos vies. Toujours en recherche, il utilise des procédés anciens et des techniques innovantes. « Cult creams » 
La photographie instantanée nous permet de voir des phénomènes comme les hommes des siècles antérieurs n'ont pu l'imaginer
Dans les années 60, jean, mini-jupe, TV, plastique, voyage dans la lune, créent plus d’un séisme dans la jeunesse.  « Bouche » pour L’oréal.
Irving Penn trouve un collaborateur idéal en Issey Miyake qui détruit les silhouettes avec grâce.
Herb Ritts, portraitiste célèbre lui rend hommage. «  Mirage » en Versace.
Comme Avedon avait cité Munkacsi : « Homage to Munkacsi » : quelle élégance dans le saut !
« Dovima et les éléphants »   cadrée avec une bordure particulière, est une des photographies des plus chères au monde. Elle joue sur les contrastes, lisse/ fripé, libre/ enchainé… velours. La robe est d’un stagiaire : Saint Laurent à ses débuts chez Dior.
« Nina + Simone, Piazza di Spagna » prises en plongée par le Grand William Klein sont mises en scènes dans l’espace urbain
quant à  « Isabella + Opera + Blank Faces » les expressions des hommes sont réduites au plus simple.
« Je pars toujours d'une chose simple pour arriver à moins. » disait  Peter Knapp directeur artistique de « Elle ». Les collants Dim : c’est lui. Et « Charlotte » : ce n’est pas rien.
La mode habille les femmes, Helmutt Newton les déshabille, « Grands nus », elles semblent souvent dures et autoritaires, splendides, c’est le porno chic.
Guy Bourdin est aussi dans la provocation, souvent  avec des poses inconfortables, des visages cachés. « Charles Jourdan, Spring » 1978
« Un portrait n'est pas une ressemblance. Dès lors qu'une émotion ou qu'un fait est traduit en photo, il cesse d'être un fait pour devenir une opinion. L'inexactitude n'existe pas en photographie. Toutes les photos sont exactes. Aucune d'elles n'est la vérité. » Richard Avedon.
Allez encore une citation, vous avez-dit futile : « Nous sommes, par nature, si futiles, que seules les distractions peuvent nous empêcher vraiment de mourir. » L. F. Céline.




1 commentaire:

  1. Oui, j'aime bien la philosophie d'Avedon sur la photo. Je la partage, et il était très perspicace. C'est pour ça qu'avec le temps je suis devenue beaucoup plus méfiante envers la photo, surtout la photo de moi, que je n'aime pas...regarder, surtout.
    La question de la pornographie mérite plusieurs livres, et pas une colonne de blog. Je ne sais pas ce qui est de la pornographie en ce moment, et on pourrait même soutenir qu'il y a une dimension... pornographique ? dans toute photo, pour coller avec Avedon, et pas seulement la photo qui objective le corps nu dans des poses susceptibles de susciter un désir (faussement ?) érotique.
    Mais certaines des images que tu as fait défiler sont belles à mes yeux. Surtout les images de belles femmes élégantes, et conscientes de l'être devant l'objectif. Merci.

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