samedi 8 décembre 2018

L’homme qui marche. Yves Bichet.

Comme on m’avait prêté ce livre, je me suis appliqué à aller jusqu’au bout des 200 pages.
Mais une fois encore avec cet auteur, je ne me retrouve pas dans les éloges qui lui sont adressés où même ses descriptions de la montagne me semblent conventionnelles; quant à sa vision de la condition humaine, il est permis de la trouver bien hostile aussi bien par la voix fatiguée de Coublevie, le narrateur, du nom d’une commune voisine de Voiron, qu’avec des personnages qu’il ne fait qu’apercevoir, gueulant à l’amour mais ne s’accordant aucun instant d’attention, accumulant les phrases absurdes et conventionnelles.
« Temps pourri sur Briançon, un bonnet fuchsia sur la tête de la gamine, une chanson débile et une chienne avec un nœud sur la tête… Plus ça va moins ça va … Et si ça continue, faudra que ça cesse. » Il a baptisé sa chienne du prénom de son ancienne femme.
Nous suivons un chemineau comme le désignait Jean Richepin, mais ce roman de 2018 est tout le contraire de la vision heureuse de l’auteur de « La chanson des gueux » (1876)
Le style du romancier qui mentionne volontiers qu’il a rénové lui-même sa maison, est artificiel, le fil du roman bien ténu, l’ambiance malsaine.
« …une infirmière qui empeste l’eau de lavande. Ça me file des haut-le-cœur, ce parfum. Je manque dégueuler et puis non finalement ça passe. »
Jusqu’ à ce qu’un médecin vienne l’examiner. « Il a une haleine de rat. »
J’avais été attiré par un de ses premiers ouvrages au titre qui me parlait tant : « Les Terres froides ». Je viens de cette région du Dauphiné, et son père, le docteur Bichet, était le médecin de notre famille. Mais cette proximité m’avait très rapidement mis mal à l’aise sous sa plume sans tendresse, au point de me retrouver dans la situation des paysans décrits par Pierre Jourde dans son remarquable « Pays perdu ». Se reconnaissant dans des portraits peu flatteurs, ils avaient accueilli à coup de pierres cet écrivain autrement plus fort.
Ci-dessous sont rassemblées des silhouettes aperçues entre deux fuites du SDF passant d’un bistrot à une construction en ruine sur la frontière entre la France et l’Italie.   
« … Bon débarras ! Tout le monde tire la gueule ces jours : Sylvain Taliano derrière son zinc, Mounir qui se désespère de se trouver une blonde, Camille qui guette l’amour derrière son œilleton, et peut être même le Chinois à lunettes de la rue Flandrin qui recense les clients snobant son échoppe… Chacun se plaint et gémit sauf les bambins dans leur bac à sable et mon cureton noueux sur La Ligne… ça laisse pantois, non ? Les adultes autour de nous se portent mal et les gosses sont bien portants. OK, on s’en fiche »

2 commentaires:

  1. Tu me pardonneras ma tentative d'analyse (l'analyse n'a pas bonne presse en ce moment...) mais une civilisation qui parie tant sur l'innocence" de l'enfant, le besoin de protéger une pauvre créature débile, incapable de penser, de se tenir même debout sans l'aide de l'adulte tutélaire, et bien, cette civilisation là ménage une place terrible pour l'adulte "déniaisé" que l'enfant est censé devenir par la suite.
    Quand la foi dans une expérience vivante partagée en vient à manquer, les conséquences sont désastreuses pour tous.

    RépondreSupprimer
  2. Yves Bichet est un triste sire. Il ne se prend pas pour une queue de cerise. Je l'avais invité dans la Drôme (il habite Grignan) mais sous prétexte que je n'avais pas commandé assez de livres de lui et que le café n'arrivait pas tout de suite, il avait tourné les talons, au grand dam d'autres écrivains que j'avais invités le même jour pour une petite fête du livre et qui l'avaient taxé de triste sire. Il s'imagine que parce qu'on a écrit une dizaine d'ouvrages, tout le monde doit se mettre à ses pieds et lui lécher les bottes. Sans compter que ses romans sont juste d'aimables récits qui n'arrivent quand même pas à la cheville d'un Simenon...

    RépondreSupprimer