Depuis les champs effacés de mon enfance, j’avais le
sentiment que les Champs Elysées m’appartenaient un peu comme notre histoire de
Charlemagne à « Charlot », comme les petits bateaux dans les bassins des
Tuileries ou la gravité devant le mur des Fédérés.
Qui payera ?
Les carcasses de voitures calcinées rapprochent d’une
imagerie de 68, tout esprit en allé, obstruant la réflexion. Les quelques
tags au pied de la Marseillaise de Rude n’ont plus rien des inscriptions quinquagénaires
gaiement transgressives qui interpelaient les consciences printanières.
Que vaut une Porsche grillée face à la misère?
Nous rêvions d’un Tché pop art, notre monde 2018 est accablé
par Trump.
Exploitant les colères de déshérités qui se réchauffent aux
ronds points, ce sont nos enfants rois nés au quartier latin et leurs enfants
qui vont au baston, ramassant le premier drapeau venu, tricolore ou jaune fluo plutôt
que rouge. Les cocos viennent d’abandonner la faucille sur leur logo - pourtant
depuis le temps qu’il y a des moissonneuses batteuses - dans l’indifférence
générale. Brandir un tissu bleu blanc rouge n’empêche pas une image déplorable
de notre pays quand sont saccagés des lieux d’éducation ou des boutiques de la
rue de Rivoli.
Méprisant la culture, l’histoire et le respect des autres, la
toute puissance des selfiés est sourde à la voix des raisonnables, que l’on
n’entend guère. L’irresponsabilité va de soi, puisque les pseudos sont la règle. A l’heure où il est de bon ton pour les mieux
pourvus de « lâcher prise », les plus démunis s’exhortent à « ne
rien lâcher ».
Certes l’homme n’a pas à être considéré « comme un acteur économique isolé, rationnel et prédictible,
mais comme un être changeant, pétri de valeurs contradictoires et interagissant
avec ses semblables » (Le Monde). Dans la période, la complexité a du
mal à faire son chemin.
Trop tourneboulé, j’hésite à m’exprimer, mais je m’y autorise
au moment où je lis un éminent chroniqueur conseillant au gouvernement le lundi de lâcher sur l’augmentation
du gasoil et le mardi lui reprochant de
s’être couché. J’y vais donc de mon écrit
hebdomadaire destiné à être dépassé dans la minute. http://blog-de-guy.blogspot.com/2018/11/demission.html
Bien entendu je n’ai rien vu venir comme tout le monde, à
part ceux qui en appellent depuis toujours à une rentrée chaude. Pour donner
des leçons après coup par contre ça se bouscule, et dans le genre Hollande est Royal. La dignité
et la pudeur s’oublient quand ceux qui flattent la haine ont pignon sur rue, alors
la démocratie prend des coups. Ruffin ne fait plus rire.
Depuis le café du commerce à la vitrine fendillée, il est
facile de constater que Macron avait l’intention de rassembler les centristes
de droite et de gauche, il a rassemblé les extrémistes de gauche et de droite
contre lui. Il y a un problème manifeste
de confiance et la paralysie guette, alors allons-y pour la dissolution et on
verra.
Edgard Morin est toujours un recours avec ce bon mot :
« Les gilets
jaunes sont le signe d’une crise de foi. »
Le déferlement des demandes contradictoires amplifie le
constat qu’il devient difficile dans nos sociétés d’accepter la contradiction,
la contrariété, les évènements négatifs de la vie : la maladie, la mort,
un radar, un trainard, connard !
La pensée magique, « on rase gratis », devient
encore plus incongrue quand se libèrent les instincts les plus violents qui
prennent les flammes des palettes voire des préfectures, pour des lumignons
passés des chapelles aux trottoirs, pour quel deuil ? Les coûts seront
bien plus élevés que ceux que nous devrons aux vitriers.
La planète est-elle dans un tel état désespérant que des
foules de desesperados se défoulent dans un lâche et large (?) assentiment ?
Autant tout casser avant de se casser, tels les lemmings
se jetant du haut des falaises.
.............
Les dessins viennent de Charlie, du Canard
et de FB pour un dessinateur du "Monde" ci dessous.
Il me semble que plus personne ne sait qui est qui, qui croit quoi, dans ce pays.
RépondreSupprimerIl règne... un grand flottement dans les têtes.
Bien sûr, on constate les phénomènes révolutionnaires dans l'après coup, et on ne les prédit pas.
"On dit"... que des "casseurs" se seraient livrés à une destruction joyeuse en faisant le constat que de toute façon... les assurances paieraient.
N'est-ce pas un peu trop dans les têtes en ce moment, la.. croyance ? que les assurances paieront, de toute façon ?
Ce qui est navrant, c'est que la casse cible les boutiques encore matérialisées qui ont pignon sur rue, et elles souffrent rudement de la concurrence avec le E-commerce.
Mais la démocratie finit par provoquer des revendications de plus en plus de liberté.