Son livre «Tous les enfants sauf un »
a été tellement important pour moi que j’ai couru quand cette
nouvelle livraison est arrivée.
Mais j’ai eu du mal à le lire : certes le fantastique
n’est pas trop mon genre, mais ce narrateur en retrait de sa narration m’a
rendu impatient : quand ses annonces vont-elles enfin se réaliser ?
Hors du monde, un homme sans nom croise un chat, une femme,
un homme qui disparaissent.
Le chat repasse le
voir alors qu’il pleure devant la beauté du déluge depuis les toits de la ville.
Revient souvent la formule « Est enim magnum chaos » ( En
vérité, il est un grand vide.)
Le fin connaisseur de littérature tourne autour du vide : les paysages sont arides et
les personnages fantomatiques, les mouvements incertains.
Pour essayer de
surmonter mes difficultés, je n’ai pas manqué la venue de l’auteur à la
librairie du Square et j’ai mieux compris sa fidélité à ses romans antérieurs,
dont je suis moins familiers que des lectrices qui mettent cet écrivain au plus
haut : son énergie accompagnant sa mélancolie donne de belles lignes.
Son écriture blanche et cette construction m’ont tourmenté ;
point de plaisir mais le sentiment d’accompagner la recherche forcément confuse
de mieux dire le réel, de décrypter la vérité quand la perte vous ronge.
Hors du temps, les anecdotes ayant été tenues à distance, il
nous parle d’un monde arraisonné par la technique qui vit un désastre social,
économique, écologique.
Et parmi les 260 pages au moment de la crue centennale :
« La terre avait
été étouffée par le béton et le bitume. Elle avait perdu la propriété salutaire
qui lui permettait d’absorber les eaux tombant du ciel. Dans le même temps, la
civilisation- ou bien ce qui en usurpait le nom - avait énervé la planète,
puisant inconsidérément dans ses ressources, brûlant à sa surface un feu
continuel qui réchauffait l’atmosphère, faisait fondre les pôles, décimait les
espèces vivantes, détraquait le climat et libérait dans l’air d’incontrôlables
forces qui ruinaient le monde et lui interdisaient de se régénérer comme, par
le passé, il en avait eu la faculté. »
Merci de me faire connaître cet auteur.
RépondreSupprimerTu connais Jon Kalmann Stefansson, l'islandais, auteur d'une trilogie qui commence par "Entre Ciel et Terre" ? L'écriture est très belle, un peu moins... abstraite que ce que tu cites, là. Je n'ai pas envie d'être une abstraction, moi, je lutte encore.