Avant de passer une heure et demie à La Vence Scène à Saint Egrève
devant la dernière création d’Offenbach nous avons été bien avisés de nous
documenter pour mieux voir quelque profondeur sous les gais emballages d’une
intrigue labyrinthique.
Les allusions à
plusieurs types d’opéra : le bouffe et le romantique, le bourgeois,
dépassent le novice que je suis, comme j’ai pu me perdre dans certains
dédoublements de personnages.
Les allusions à Goldmann Sachs ou à « libérée,
délivrée », dans leur brièveté, n’encrassent pas un joyeux questionnement,
habillement mené, qui traverse les époques.
Hoffmann, le poète aux allures de Johnnie
Walker se perd dans l’alcool qui inspire ses confidences : la légèreté
éloigne-t-elle de la mort ?
Il a aimé trois femmes qui n’en étaient qu’une seule.
L’amour de jeunesse enflammée, l’amour adulte profond et
partagé, l’amour vénal et fugace, sont
voués à l’échec, par crainte d’être dévorés par l’absolu ou trompés par les
apparences.
Nous sommes dans un royaume plein « d’inquiétante
étrangeté » où les reflets et les ombres se volent, les
automates mentent, les fantômes chantent. L’amoureux chausse des lunettes
spéciales sans parvenir à éloigner son inquiétude.
Il aurait été plus confortable de lire des sur titrages pour
rendre intelligible toutes les paroles chantées. Mais les dispositifs scéniques
astucieux de la compagnie dans leur modestie mettent ainsi mieux en valeur la
virtuosité des artistes à la fois chanteurs, musiciens, danseurs de
claquettes, acteurs à la gestuelle dynamisante.
L’air de la
Barcarolle me transperce à tous coups :
« Belle nuit
Oh nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Oh belle nuit d'amour
Le temps fuit et sans retour
Emporte nos tendresses
Loin de cet heureux séjour
Le temps fuit sans retour »
Oh nuit d'amour
Souris à nos ivresses
Nuit plus douce que le jour
Oh belle nuit d'amour
Le temps fuit et sans retour
Emporte nos tendresses
Loin de cet heureux séjour
Le temps fuit sans retour »
Et me ravissent :
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