lundi 30 septembre 2013

Ilo Ilo. Anthony Chen.



Un enfant pénible, des parents qui se mentent, débordés. Une nounou philippine arrive dans la maison : qui a le pouvoir ? Qui est écrasé ?
Humiliation, jalousie, les personnages vont évoluer.
La violence à Singapour, là bas comme ici, économique, sociale, confessionnelle.
Une impression de déjà vu pour un cinéma asiatique qui sait traiter les tensions familiales, la façon de filmer  n’est pas vraiment novatrice et ce serait plutôt « la caméra dort » qui aurait pu lui être attribuée à Cannes, tant la trace de ce film s’est évaporée rapidement depuis que je l’ai découvert en mai.
J’avais titré mon avis sur le site City Vox : « une tension douce ».

dimanche 29 septembre 2013

Le Forestier. Le cadeau.



Sur l’enveloppe de son dernier CD, "Le Fox", comme disait Renaud, figure attablé solitaire à la fin d’un repas de fête.
A l’intérieur avec les 10 chansons,  j’ai l’impression que les lumières viennent  aussi de s’éteindre.
Il joue avec les mots : « je ne suis pas un cadeau » ou avec « les coups » :
« tous les coups sont dans la nature »
mais si les musiques sont plaisantes, je ne vois guère de flamme.
« Le papillon ne vole plus. »
Oui « Le p’tit air »  passe bien avec la musique de Julien Clerc :
« Il suffit que quelqu’un murmure
 Le p’tit air que j’avais fait pour toi
Si c’est un peu de nous qui dure
C’est déjà ça »
Que reste-t-il après notre dernier souffle ?
Un enfant était monté dans le compartiment du train d’atterrissage d’un avion :
« La petite hirondelle
 On l’a ramassée
 Sans papiers et sans ailes ».
Dans le registre qui l’avait amené à nous guider dans nos années indignées, son ami Souchon est plus vif et Cabrel plus explicite.
Ben oui : les traders et autres 
« les parachutes dorés ils voudront les garder. »
Son parachutiste emblématique a passé les 40 ans
«Mais, malheureusement pour toi,
Bientôt se finira ta guerre :
Plus de tueries, plus de combats.
Que vas-tu faire?
C´est fini le travail d´artiste,
Parachutiste. »
Je l’ai trouvé plus fort dans « Le caillou » qui cause de notre terre :
« Sur un caillou à peine poli
Qui s’ gratte entre les pôles
Qui s’mouche à coups de tsunamis »
ou lorsqu’il s’en prend à notre boulimie d’informations :
« Donne lui du scoop
Du sel pour sa soupe
Donne lui du gras
Tu sais qu’il adore ça »
Alors comme il le dit en duo avec Camille, ce serait donc ça :
« La folie c’est de voir
La vie telle qu’elle est »

samedi 28 septembre 2013

Le sermon sur la chute de Rome. Jérôme Ferrari.



«  Rome est tombée mais n’est- ce pas, en vérité, comme s’il ne s’était rien passé ? La course des astres n’est pas troublée, la nuit succède au jour qui succède à la nuit, à chaque instant, le présent surgit du néant, et retourne au néant, vous êtes là devant moi, et le monde marche encore vers sa fin mais il ne l’a pas encore atteinte, et nous ne savons pas quand il l’atteindra, car Dieu ne nous révèle pas tout »
Il est question de Saint Augustin, d’un retour au pays pour faire vivre un bar en Corse,  et de la fin de l’empire colonial français.
 « Le temps s’est allégé de l’espoir et il file imperceptible et vide, au rythme toujours plus rapide des enterrements qui rappellent Marcel au village… »
L’écriture riche varie ses rythmes et l’avancée dans les 200 pages se mérite.
Les paroles qui ont traversé les siècles s’accordent au temps de la mort ; des personnages grotesques s’agitent autour d’un comptoir dans des chapitres parallèles.
Cette juxtaposition est déstabilisante mais l’apocalypse finale fait se rejoindre le sacré et le profane.
 « Les fouilles étaient terminées, ils avaient regagné lentement leur monde respectifs et ils tendaient les mains l’un vers l’autre au dessus d’un abîme que rien ne pouvait combler. »
Les mots choisis de l’écrivain né en 68 ne peuvent nous consoler, ses récits sont  tous tragiques et on aime ça.

vendredi 27 septembre 2013

Les mystères de la gauche. Jean Claude Michéa.



L’ouvrage exigeant du prof de philo languedocien porte au-delà des critiques banales à propos des frilosités de « la gauche ».
Il propose d’ailleurs d’abandonner la dénomination « Gauche » qui a  tant nourri nos espoirs, 
car « la mitterrandienne » a négligé le peuple non seulement sur le plan économique mais aussi culturellement.
Face au libéralisme amoral, inégalitaire et aliénant, il verrait bien une société « décente » dont le qualificatif vient d’Orwell, sa référence.
Cependant je crains que les pressés solitaires d’aujourd’hui ne se bousculent guère sous les belles charpentes théoriques où sont gravés les noms de Fourier ou de Marx.
Le corps principal du texte est exigeant, les scolies (des notes) qui occupent la moitié des 130 pages sont plus nerveuses et m’ont été plus accessibles, bien qu’elles versent quelques gouttes citronnées sur mon épiderme mis à vif par Cahuzac et autres sénateurs.
J’ai appris que Zola avait fait l’éloge de Thiers. Et quand il rappelle que sa ville de Montpellier se vendait « unlimited », sa critique de la publicité n’est pas anecdotique, pas plus que sa proposition d’appeler « principe de Bosman » « la loi qui pousse toute gauche moderne à vouloir accomplir les basses œuvres du capitalisme à sa place ». L’arrêt Bosman ayant permis aux émirs et mafieux divers de faire main basse sur le football, et « d’en corrompre l’essence ludique et populaire ».
L’expression « Le cœur à gauche et le portefeuille à droite » nous est familière et s’il est incontestable que le libéralisme est dans une logique déshumanisante et « écologiquement prédatrice », le cynisme s’est répandu sur toute chose, l’individualisme vaut pour tous.
Les autres ne comptent plus.
Le spectacle réunit le séparé, mais « il les réunit en tant que séparé »(Debord)
Bien que nourri de grands journaux (Canal +, Libé…), je m’autorise à penser que parfois « les choses allaient mieux avant ».
Mon conscrit remet en cause la notion de croissance, et adresse des avertissements contre le droit libéral qui vise à préparer « un monde mimétique et indifférencié […] dans lequel toute possibilité d’existence personnelle et authentique, de responsabilité morale effective, de bon sens élémentaire, ou de générosité véritable […] devrait être sacrifiée sur l’autel de la Forme et de l’Abstraction. »
Bien que dans ses dernières lignes il pense que « les classes populaires sauront elles mêmes inventer, le temps venu, les symboles fédérateurs les plus appropriés à leurs luttes », ses écrits n’ont pas figuré dans les ouvrages recommandés pour la plage, mais ils peuvent  apporter une cohérence à ceux qui ne se sont pas fait à l’idée d’une montée fatale de l’extrême droite en milieu populaire. 
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Dans le Canard de cette semaine:

jeudi 26 septembre 2013

Pons, Swarte, et Gabrielle Hébert au musée Hébert.



Il fait bon  faire un tour à La Tronche comme le faisait Ernest Hébert en route vers la villa Médicis et l’Italie; sa maison et son jardin sont apaisants.
Des photographies de sa femme sont exposées, sous le titre « Italiens pittoresques » traduisant quelque condescendance : les prises de vue  effectuées aux alentours de 1890 ont un certain intérêt documentaire.
Le duc d’Aumale propriétaire terrien en Sicile reçoit les hommages d’une paysanne, des buffles traversent une rivière, des maisons ressemblent à des cases africaines.
Les textes des cartels sont très explicites : « Paysannes remplissant leur conques à une fontaine dans laquelle s’abreuve une vache sur la droite. »
L’art contemporain en particulier est parfois plus laconique : « sans titre »
Surprise de trouver Joost Swarte dont les travaux préparatoires à un dépliant pédagogique concernant les jardins sont présentés. Sa ligne claire convient bien dans ce lieu où la peinture académique ne nous accable pas de ses pectoraux qui savent cependant se tenir dans l’exposition permanente. Le tableau de la mal’aria orthographié ainsi nous fait comprendre l’étymologie du mal auquel est confrontée la moitié de la population mondiale.
De l’autre côté de la rue, Louis Pons intitulé « braconnier de l’art » réussit à nous émouvoir davantage par ses  sombres dessins qui émergent de traits fins que dans ses collages de racines et de bâtonnets déjà vus ailleurs.

mercredi 25 septembre 2013

Ethiopie J3. Les oiseaux du lac de Zwaye.



La nuit est longue grâce aux vertus énergisantes du café de 15h et puis vers 3h du matin les chiens ne paraissent plus aussi discrets qu’en plein jour.
Au petit déjeuner nous est proposé un thé au clou de girofle.
Patientant devant une banque, nous faisons le désespoir de petits cireurs de chaussures consternés par nos chaussures crottées.
Au dessus des arbres, deux vautours surveillent la rue.
L’embarcadère où nous devons prendre le bateau  est le royaume des oiseaux: sur la rive, marabouts, ibis et pélicans sont à portée de mains. Nous nous émerveillons devant leur vol, l’élégance des ibis, la laideur des marabouts, la blancheur des pélicans. Les ailes et les becs claquent pour se disputer un poisson.
Notre destination est  l’île de Tulu Goudo « grande montagne »  qui aurait abrité elle aussi l’arche d’alliance, à une heure trente de bateau à moteur.
Notre ascension  dure également une heure trente, elle débute parmi des cultures en terrasse labourées par les jeunes paysans et leurs bœufs. L’air est parfumé par les œillets d’Inde sauvages. Puis nous marchons dans une forêt d’euphorbes grosses comme des arbres, avec des aloès, des opuntias en fruits. Du jamais vu.
Vers le sommet le guide local nous montre une « pierre de punition » naturellement percée dans laquelle le condamné avait une jambe coincée et selon la peine prononcée restait dans cette position inconfortable un jour ou deux.
En 1973, le village qui dominait l’île fut abandonné comme trois autres et rebâti au bord de l’eau, les anciens avaient préféré le sommet pour éviter les moustiques.
Après avoir profité du  magnifique panorama nous redescendons vers un restaurant qui vient de s’installer pour déjeuner d’un poisson grillé, du tilapia, délicieux. Le plus audacieux d’entre nous prend l’habitude de faire « gorcha » (prendre la becquée) avec l’équipe éthiopienne. Nous apprenons que les chrétiens d’ici jeûnent 200 jours par an, tous les mercredis et vendredis.
Près de là des singes sautent dans un arbre, tout à côté de l’église, mais ne se laissent pas approcher. Certains ont sans doute cherché à chaparder nos bananes car ils ont laissé quelques traces dans le bateau qui vient nous chercher. Au retour, nous avons droit à un détour près d’une île occupée par des oiseaux.
Nous admirons sans nous lasser des colonies de pélicans alignés sur un rocher ou nageant à la queue leu leu, des marabouts dans leurs arbres des ibis et des cormorans. Nous suivons leurs vols en escadron, haut dans les airs ou en rase motte. Même descendus de la barque, nous continuons à les canarder de nos appareils photos, à les observer.
Nous avons aperçu  aussi des serres gigantesques destinées à la culture des roses qui prennent le relais de celle du Kenya, le propriétaire est Indien. Le site est déjà pollué et les poissons se raréfient.
Nous rentrons à pied, en flânant dans les lumières du soleil couchant. Nous croisons de nombreuses charrettes tirées par des petits chevaux transportant hommes et femmes.
Goulasch de poissons pour ce soir.

mardi 24 septembre 2013

La planète des sages. Jul Charles Pépin.


Le sous titre donne le ton : « encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies » : « mazette rien que ça » et second degré en 120 pages : 60 de BD, 60 de textes nerveux.
De Platon à Dérida, un prof de philo rigolo dialogue avec le père de « silex in the city » et nous fait comprendre pourquoi Descartes a des problèmes avec le montage de son armoire Ikéa et chez Freud, pourquoi un joueur de foot se débat avec ses transferts.
Sartre est en panne d’essence ; dans la caverne de Platon, les épicuriens sont à l’animation et un stoïcien (black) à la sécurité, Pythagore en VIP.
Bourdieu est à la photocopieuse pour la reproduction, et Machiavel ne fait pas l’affaire quand il se présente à la rédaction de Gala bien qu’il soit un spécialiste des têtes couronnées.
More en Casimir a de quoi éveiller les curiosités comme Simone Veil et Spinoza qui ont eu le courage de mettre leur vie en accord avec leur pensée.
« Vouloir ne pas vouloir, est ce encore vouloir ? » quelques formules mettent en appétit, avec un Maïmonide venu du fond des âges, un Confucius ou des écoles comme le collège de France et Thérèse d’Avila pour varier les approches.
Les sceptiques, philosophes par excellence, doutent qu’un avion ait mis à bas le Parthénon.
Jankélévitch avait toute sa place entre le lamaïsme et Hume, lui qui a écrit «  Le je-ne-sais quoi et le presque- rien », qui a intitulé son plus important recueil d’entretiens «  quelque part dans l’inachevé ».
Comme l’a mis en évidence Erasme, « l’insensé a le pouvoir de produire du sens » alors « accroche toi au pinceau, j’enlève l’échelle » peut nous emmener loin et nous nous mettons à la queue leu leu sur les conseils de Hobbes pour jouir de la vie.
Cet ouvrage participe à ce plaisir.

lundi 23 septembre 2013

Elle s’en va. Emmanuelle Bercot.



Catherine Deneuve. Bien que la scène du paysan qui roule sa cigarette ait été trop racontée, c’est un morceau de choix, comme les retrouvailles pudiques et maladroites de Deneuve avec sa fille jouée par la chanteuse Camille avec qui ce n’était pas gagné de se reconquérir.
Des personnages intéressants, mais leurs transformations sont parfois trop expéditives et la barque des péripéties biographiques est parfois chargée alors que cette virée commencée par hasard, par usure, nous laisse au début découvrir progressivement des petites routes, des fausses pistes. 
La conclusion bucolique est heureuse, tout le monde se retrouve au bout de l’autoroute : le petit fils inconnu devient  son complice en rien de temps, sa fille véhémente fond, Garouste est bien séduisant, l’arrière grand mère se remet à fumer.
L’addiction à la nicotine parait dans cette plaisante balade comme un vecteur de liberté.
Le road mamie va plaire et Catherine Deneuve est une grande actrice.

dimanche 22 septembre 2013

Stromae.



The storm of the rentrée.
Ses rythmes s’impriment facilement dans notre cervelet avec « Papaoutai », et  difficile d’éviter le trop facile :
« Tu étais formidable,
J' étais fort minable, »
Des musiques tapantes aux accents de sirènes sur des paroles déchirantes, comme  lorsqu’un drame prend plus d’intensité en se déroulant au milieu des flonflons d’une fête.
Il se place dans une filiation ; tout le monde reconnait évidemment des accents à la Brel,  des mots à la Nougaro, il rend hommage à Césaria Evora :
« Malgré toutes ces bouteilles de rhum, tous les chemins mènent à la dignité »
 Et pleinement dans le siècle avec le rappeur Oreslan dans  AVF ( Allez vous faire…)
« La nuit dans la bouteille, la journée dans les bouchons, »
Amateur de mots : des bons et des gros :
« T'es un homme ou bien tu péris
Cultrice ou patéticienne »
Il porte un regard acéré sur l’époque : ses cancers et ses tweets sur l’air de Carmen :
« Prends garde à toi
Et à tous ceux qui vous like
Les sourires en plastique sont souvent des coups d’hashtag »
Après ce deuxième album, passera-t-il à un stade où il en appellera moins à papa et maman sur trop de plages ?

samedi 21 septembre 2013

Modernes catacombes. Régis Debray.



Si j’ai consacré 15 articles sur ce blog à mon quimboiseur (sorcier) préféré qui sollicite d’emblée le dictionnaire, c’est que parmi sa production tellement abondante qu’elle suffirait à  me nourrir à plein temps, chaque lecture m’enchante.
Nous sommes conviés à un voyage au pays des lettres : il fait l’éloge de  Gary, Sartre, Semprun… égratigne élégamment Sollers et s’attaque avec finesse à quelque monstre sacré tel Foucault.
« Par un contre effet de bascule, replongèrent dans le noir - en même temps que la famille, l’atelier, l’usine, la ferme - les ci-devant « travailleurs des villes et des campagnes », assignés par le radical chic à la condition de beauf (pour ne rien dire des malheureux « inspecteurs du travail », deux mots, deux offenses).
Je n’ai pas la culture suffisante pour juger de la justesse de ses opinions concernant Gracq, Nourissier ou Fumaroli mais l’originalité de son propos est stimulante, l’élégance du style séduisante, la vigueur de ses oppositions nous réveille, ses formules claquent :
si nous sommes passés dans nos relations «du haïku à la main au cul», De gaulle fit effectuer à la France « Une traversée en première classe avec un billet de seconde.» 
Je goûte toujours son humour désenchanté quand par exemple il met en débat les formes littéraires les plus concises :
« La genèse ? Un homme. Une femme. Une pomme. Un drame. »
Et ses mots portent bien au-delà d’un dilemme pour qui  serait tenté par l’autobiographie :
 «…  vous n’avez pas le choix, me semble-t-il, qu’entre deux positions fausses : ou vous reniez votre passé, au nom d’une lucidité présente, et vous racontez l’histoire triste d’une abjuration. Ou vous continuez d’épouser ce passé, pour vous justifier, et c’est la rétrospection paranoïaque d’un idiot. »
300 pages où souffle «  le sentiment de l’Histoire dont Chateaubriand fut l’accoucheur et Malraux le croque mort. »

vendredi 20 septembre 2013

« Sectaire »



Enfumé passif  par le babil médiatique, me voilà à ronger l’os que les services com’ viennent de nous livrer, quand un ancien premier ministre affirme qu'en cas de duel PS/UMP aux municipales, il recommanderait de voter « pour le moins sectaire » ; il aurait pu dire :
« pour le moins démagogue,  le plus républicain, le plus honnête, le plus  juste, le plus soucieux de l’intérêt général …»
Parler pour ne rien proposer, avec au bout sempiternellement, le FN en arbitre des élégances, sur fond de mémoire courte, de pensée  moutonnière et de perte des repères.
Fillon qui n’a fait qu’obéir pendant son séjour à Matignon, dénigre son maître maintenant qu’il a le dos tourné et se replace en zig zag. Ah ! Il n’est pas sectaire vis-à-vis de l’extrême droite,  juste un peu traitre à l’égard de ceux qui le  précédaient et ceux qui le suivaient : il était contre le « ni ni » à Copé qui en arrive à donner aujourd’hui des leçons de cohérence, un comble !
Le mot « sectaire » repris par tous les médias est  le synonyme systématisé de passionné, de fidèle aussi.
Bien des désillusions ont terni nos enthousiasmes adolescents et ce n’est pas la mobilisation de nos adversaires pour le renflouement de l’UMP qui va me rassurer sur le civisme de mes concitoyens. Ces contributeurs se sont surtout élevés contre l’avis de l’état que servit Seguin, un des mentors de l’ancien maire de Sablé-sur-Sarthe, ils n’étaient pas invités à adhérer à un programme constructif, quand même le mot « gaulliste » est tombé en désuétude.
Mais c’est bien vrai que l’on vote surtout contre, et les leçons de morale exaspèrent de plus en plus, surtout que les émetteurs du parti de Guérini ne sont pas forcément des modèles de vertu.
Le FN n’a rien à faire, L’Europe, l’UMP, le parti de Cahuzac lui fournissent de l’eau pour sa résistible ascension. Qu’ils arrêtent de pleurnicher ou de dédaigner les citoyens ! De la hardiesse, de la franchise réhabiliteraient les politiques qui se réclamaient d’un arc républicain désormais bien endommagé.
Bien sûr, les palinodies à droite me réjouissent, mais la gauche se cache les problèmes et éloigne les solutions : réforme pénale et celle des collectivités locales, refonte de la fiscalité…
Et le non- cumul des mandats !
Pourtant leur stratégie du brouillard semble réussir concernant les retraites. Et je dois modifier mon appréciation concernant la transition écologique: les verts sont contents.
Les partis qui nous gouvernent ont peur de l’ombre de leurs électeurs pour avancer toute mesure qui demanderait un peu de courage pourtant sûrement plus porteur électoralement que la reprise des mots de l’adversaire : « ras le bol fiscal ».
Une certaine gauche minimise l’émotion autour du bijoutier de Nice, en suspectant les « like » de soutien sur Facebook d’être gonflés, et méprise ceux qui sont préoccupés de sécurité, se montrant aussi caricaturale dans l’angélisme, que ceux qui ont oublié que la justice, certes bien imparfaite, était un pilier de notre civilisation.
La doctrine « oeil pour œil » aveugle encore des foules au XXI° siècle : faut pas « Charia » !
………….
Un dessin du Canard de cette semaine :

jeudi 19 septembre 2013

Passage à l’art.



Le réseau Mémorha qui regroupe des responsables de lieux consacrés à la Seconde Guerre mondiale et des universitaires de la région Rhône Alpes avait organisé à Pont-en-Royans, une table ronde où étaient examinés les liens entre artistes et intellectuels. Lorsque l’art s’intéresse à l’histoire.
Le sous titre « l’impossible transmission du vide » a été, à mon avis, illustré  par  des participants au-delà de leurs intentions.
L’enseignement de la Shoa est  paraît-il empêché dans certains collèges, est ce encore vrai ? Ce problème n’était pas à l’ordre du jour.
La discussion venait après une « lecture- performance » de plus de 500 questions par Annie Zadek  adressées à ses fantômes, accompagnées des photographies  d’Arno Gisinger.
Cette introduction roborative aurait mérité une explication pour les non-initiés.
Malheureusement l’art contemporain souvent si bavard aime parfois les ellipses qui participent à un éloignement décourageant, alors que souvent les intentions sont pédagogiques.
Pourtant les deux historiennes Sylvie Lindeperg et Annette Wieviorka n’ont pas besoin de grands mots pour charpenter leurs discours lors de leurs interventions dans un débat un peu vague, sans contradicteur.
Le photographe fut clair lui aussi pour nous rappeler que la nature de son travail est justement de rendre présent le passé et que la notion de point de vue, si féconde, vient du vocabulaire des photographes.
La discussion  a été utile pour saisir l’apport de la poétesse qui regrette que les mots soient toujours entre parenthèses depuis la Shoa, mais les intervenants ne sont pas allés vers un point de vue plus général et n’ont guère apporté d’exemples variés pour approfondir le sujet.
Le noir installé furtivement entre deux diapos, claquait comme jadis  au patronage.
Nous avons pu après coup apprendre comment  se nouent les mots et les objets photographiés frontalement sur fond gris : ce sont les meubles en voie de restitution pris chez les juifs autrichiens partis on sait où.
Cette représentation de l’inventaire de biens spoliés est justement à la charnière d’un travail d’historien chargé ici de la « collation* » d’objets et de celui de l’artiste qui « met en présence » afin de rendre le passé intelligible. Ce passé qui s’infiltre dans le présent, se métamorphose.
L’émotion peut permettre d’accéder à une mémoire raisonnée et dépasser le pathos mais dans ces recherches la « babelisation » de la langue, évoquée au cours du débat, permettra-elle d’aller plus loin dans l’investigation du passé et sa transmission ?
Je crains que les mots traversant les frontières soient plus ceux des traders que des professeurs d’histoire.

*J’ai appris un  sens nouveau pour ce mot, j’en étais resté à « l’en cas » ou comme dit celui qui m’a permis d’assister à cet après midi studieuse « 2-3 tranches de poitrine roulée et une tomme poussées au Côtes »: « Confrontation de textes manuscrits ou imprimés pour s'assurer de leur conformité. » ou « Ensemble des caractéristiques physiques d'un ouvrage (nombre de volumes, format, etc.), permettant son classement. »

mercredi 18 septembre 2013

Ethiopie J 2. Addis Abeba



Au matin une petite pluie fine ne nous incite guère à partir visiter les environs que nous dominons depuis la terrasse de l’hôtel : gros travaux routiers, quelques constructions éparses, la boue…
Cependant lorsqu’on s’éloigne en voiture, la ville nous montre un autre visage, avec des immeubles, des ronds points mettant en valeur des statues, des monuments, des magasins, plus conformes à l’idée que l’on se faisait d’une capitale africaine. Des antennes paraboliques poussent dans les pelouses devant les habitations et des troupeaux de biquettes broutent sur les grandes avenues.
Un jeune chauffeur Yohanes qui parle bien l’anglais conduit notre mini bus où Girmay a pris place à l’avant accompagné par Achenafi, jeune diplômé en  sciences politiques en phase d’apprentissage dans le tourisme.
Nous finissons par quitter la métropole de 4 millions d’habitants et découvrons la campagne : c’est la saison verte. La route goudronnée en bon état traverse de beaux paysages cultivés.
La terre noire des champs est labourée par des araires tirés par des bœufs. Les paysans s’entraident souvent et s’attaquent en commun au même champ.
Tout au long de la route, les ânes bâtés et chargés de bidons jaunes, de foin, accompagnent les hommes et les femmes, les cabris sautent comme des cabris et les zébus traversent faisant fi de la circulation. Lors d’une petite halte près d’un pont qui traverse la rivière Awash, nous sommes rattrapés par des enfants et des hommes cherchant le contact. Très souriants ils acceptent facilement de poser pour des photos. La rivière, calme d’un côté du pont ressort bouillonnante en petits rapides de l’autre côté. Au loin se détache le blanc des serres sur le vert de la campagne.
« One birr »… « What's your name ? »...
Nous repartons pour la visite d’Abadi Mariam. Nous nous engageons sur une piste boueuse et traversons des villages proprets avec cases en pisé frais et toit de chaume, enclos en épineux et magnifiques acacias à la ramure ample. Arrivés presque à destination, le mini bus ne parvient pas à monter la petite côte, il patine comme dans la neige. Nous choisissons de parcourir les quelques mètres à pied dans la boue collante.
L’église enterrée est circulaire comme il se doit, elle nous est présentée par un diacre. Il nous montre la porte d’entrée des hommes, celle des femmes, nous promettant de nous retrouver à l’intérieur. Déchaussés, la cheville cerclée de bracelets antipuces pour certains, la visite commence. La présence de 10 portes  fait référence  aux 10 commandements. Nous circulons dans la promenade percée de 24 fenêtres (rapport aux 24 vieillards de l’apocalypse), puis le diacre nous ouvre une pièce, anti chambre du saint des saints inaccessible où aurait résidé l’arche d’alliance. Là il nous montre les grands bâtons sur lesquels s’appuient les vieux et les religieux pendant les longs offices. Il nous chante un alléluia, accompagné par un sistre, puis par un tambour. Les cérémonies se déroulent avec 5 serveurs: 3 prêtres, 2 diacres
A l’extérieur, des maisons sont construites au dessus de tombes actuelles ou à venir, elles sont proposées à des ermites en échange de prières.
Tout à coup une file d’enfants et de femmes débouche d’un chemin derrière l’église : photos, émerveillement des enfants devant les écrans.
Etape suivante : Tiya. Nous expérimentons la cuisine locale : « tartare cuit », viande grillée  ou foie pimenté accompagnés par des galettes de tef (céréale) à l’aspect curieux de tripes au goût légèrement acidulé. Café amer éthiopien. Nous partageons le plateau deux par deux, sans cuillère ni fourchette, à la main. Le serveur nous amène produit vaisselle et broc à eau plus cuvette pour nous rincer les doigts.
 Nous repartons à 15 h vers le site classé au patrimoine de l’Unesco. Il s’agit d’une trentaine de stèles funéraires du XIII° siècle plantées au milieu des marécages et des grenouilles.  Sur certaines sont gravées des épées. Les fouilles commencées en 1974 ont permis de découvrir des cadavres enterrés assis, d’autres à la mode chrétienne, couchés. Mais les investigations n’ont pu être  poursuivies. Nous nous émerveillons devant nos premiers oiseaux : une pie grièche et un ibis noir peu farouche.
 Nous reprenons le mini bus et nous nous dirigeons vers Zwaye. Peu à peu les paysages changent : moins de cultures,  la terre semble moins riche. La route descend vers la plaine.
 Zwaye est une grande ville avec sa rue principale goudronnée et des rues transversales en terre. Nous partons avec  nos appareils photos qui produisent toujours leur effet. Les gens acceptent en général de se laisser tirer le portrait, les enfants s’enhardissent jusqu’à devenir collants. Ils nous interpellent : « You ! » et demandent une photo. J’échappe à un coup de fouet d’un conducteur de charrette tirée par un cheval, sans doute gêné par la boue et l’attroupement que nous avons provoqué.
Les femmes rient comme des jeunes filles face à leur portrait, certaines demandent des birrs.
Le soir tombe d’un seul coup, vers 6h 45, nous regagnons l’hôtel. Nous dinons sous un arbre immense peuplé de centaines de tisserins venus trouver refuge dans le feuillage, rendus muets par la musique tonitruante qui parasite nos conversations. A la lumière de deux chandelles nous dégustons des pressions fraiches et des pâtes. Nous nous retirons dans nos chambres, finir nos journaux, prendre douche et faire lessive  avant de nous glisser sous les moustiquaires.

mardi 17 septembre 2013

Blackface banjo. Frantz Duchazeau.


Sur les routes autour de la Nouvelle Orléans nous suivons une troupe de comédiens autour d’un bonimenteur à l’élixir miraculeux.
L’indien est énigmatique, le noir, personnage principal aux allures de Charlot étonne les badauds par sa danse avec sa jambe de bois, il entrainera les foules aux sons de son banjo.
Les petites grandeurs et misères itinérantes sont ponctuées par des interventions d’un groupe « Le cooncoonclan » qui met le feu à des spectacles appelés «  minstrel show » où des acteurs blancs au visage noirci ridiculisaient les noirs.
Les dessins  aux traits sombres sont rythmés sur neuf cases par page. Ils sont dans le ton de l’époque de ces années 20 avec des dialogues où sont souvent figurés des dessins dans les bulles qui accentuent l’ambiance cinéma muet.  
Ces 130 pages se parcourent agréablement mais ne m’ont pas enthousiasmé, bien que ce soit un cadeau de prix. 

lundi 16 septembre 2013

Tip top.Serge Bozon.


« Pas top !»: je ne vais pas me gêner pour chercher  un autre mot au delà de cette opinion paresseuse, tant ce film donne dans le n’importe quoi.
Il se veut fantaisiste, loufoque, et bien des critiques ont apprécié, à l’exception du Petit Bulletin qui goûte pourtant l’originalité en général ; décalé mais de quoi ?  
Nonchalant, foutraque avec pourtant de bonnes actrices qui en font des quintaux alors que certains seconds rôles sont vraiment insuffisants : Huppert distribue des baffes et en reçoit ; Kiberlain est rêveuse, elle est ailleurs, mais le joue bien.
Un peu de tout qui ne mène à rien : pourquoi des images d’émeutes en Algérie ?
Des séquences chez des immigrés ne nous apprendront rien.
Pas une once de psychologie.
L’enquête policière en milieu policier est abandonnée aussitôt amorcée.
Chaque fois que quelqu’un mange il s’en met jusqu’aux oreilles, quand une bagarre est filmée, les acteurs s’entassent les uns sur les autres : ce doit être rigolo, pour eux.
Les caricatures quand elles ne font pas font pas rire, sont pathétiques et grotesques.  
J’ai aimé la dernière image : Huppert force une porte, elle se la prend dans la poire.
Je cherchais à préciser ce qu’est le « non sens » ou l’absurde qui peuvent être délicieux, à l’opposé d’une production dépourvue de sens ou qui part dans tous les sens.
J’ai trouvé cette blague :
« Le renard va voir l'ours et lui dit :
- Viens on va taper le lapin.
- Mais pourquoi ?
- Ben... S'il a une casquette, on le tape pour ça, s'il n'a pas de casquette, on le tape aussi.
- D'accord, dit l'ours.
Et ils vont voir le lapin.
- Regarde,  fait le renard, ce fils de chien a pas de casquette !
Pif Paf Boum Splaf... Le lapin reçoit la raclée de sa vie...
Une semaine plus tard, le renard va voir l'ours et lui dit:
- Viens on va taper le lapin.
- Mais pourquoi ?
- Ben... On va lui demander une cigarette. S'il nous en donne avec filtre alors
on le retape pour ça, s'il en donne des sans-filtre alors on le tape pour ça.
- D'accord... Et ils vont voir le lapin.
- Lapin,  fait le renard, donne nous des cigarettes !
Le lapin se méfie:
- Euh, vous en voulez avec ou sans filtre ? (silence pour souligner le suspens)
- Regarde ce fils de pute, fait le renard, il a de nouveau pas de casquette ! »

dimanche 15 septembre 2013

Saez. Miami.



J’ai étonné favorablement une de mes nièces quand je lui ai dit que je m’étais procuré le dernier CD de Saez ; voilà que je me mettrais enfin  aux chanteurs modernes, quand elle m’a cru arrêté à Mouloudji alors que je suis passé à Bashung depuis belle lurette et que j’apprécie Thiéfaine Hubert-Félix plus très jeune il est vrai.
Mais ce qui m’a amusé c’est que le rocker de Saint Jean de Maurienne à la voix nasillarde m’a paru très années 60 sous sa pochette qui présente une bible tenue par des mains baguées aux rouges ongles ne dissimulant pas très efficacement de jolies fesses féminines.
Une provocation gentillette qui a choqué la RATP une seconde fois ; on pourrait se demander si ce n’est pas une stratégie marketing. 
Je me suis senti loin de ses révoltes  qui m’ont semblé tellement vintage que je ne savais qui était le plus vieilli.
Et quand il se lamente:
« Dans le ventre des filles, c’est pas le temps qui passe
c’est la vie qui nous dépasse » ça ressemble à du  Zoo-Ferré
et  pour « un dernier tango » : passe moi le beurre !
L’iconographie rameute une « Cadillac noire » avec  vitesses manuelles, 
et « les drogues pour pas devenir fou » devraient être remboursées par la sécu.
Quand arrive cinq heures à Rochechouart, Dutronc est parti se recoucher.
 « les rues ça pue ça sent les fleurs
Du mal que t’as fait à mon cœur »
On peut mettre ses musiques à fond, elles envoient du lourd et du varié, les mots s’effacent sous les battements, il parait d’ailleurs que ses concerts arrachent.
« Que chante au cœur des tristes la joie de vivre enfin
Sous les feux d’artifices aux surfaces trop belles »

samedi 14 septembre 2013

Les coups du sport. Laurent Luyat.



Si elle ne m’avait été offerte, je n’aurais pas jeté un œil à cette publication, tant le label « vu à la télé » agit sur moi plutôt comme un répulsif : ces coups durs, du sort, de cœur sentant  trop le coup médiatique sans imagination. 
Bien que le ressassement de la main de Titi, du coup de boule de Zidane ou la  longue plainte depuis une nuit Sévillane de causchumacher en passant par les poteaux carrés de Glasgow commence à lasser les mémoires les plus fatiguées, j’ai repassé avec intérêt quelques coups de génie, de blues, et les tordus.
Je ne me souvenais pas du bain de sang de Melbourne quand l’équipe de water polo de Hongrie a battu l’URSS qui venait d’envahir leur pays, ni de Monica Seles poignardée, pas plus que du complot contre Nancy Kerrigan.
La tonalité est au drame avec le rappel de la mort de Manolete, de Senna ou de Simpson,  alors le service à la cuillère de Chang, le coup de Panenka, le fair play de Wilander tricotent d’agréables contre points. Comme les pieds nus d’Abede Bikila, le maillot de Rives « qui mettait la tête où les autres ne mettent pas les pieds » offert à  Roger Couderc, les gants de Smith et Carlos et ce qui en découla. Ils sont tous là : Cantona, Tyson, Maradona, Bolt, Fosbury, Lomu, Bonaly… le bobsleig jamaïcain ou Moussambani  le nageur qui illustra « l’important c’est de participer ».
Vaut le coup d’œil.

vendredi 13 septembre 2013

NPA



Besancenot était un bon client pour les télés avec quelques manières légèrement plus authentiques que celles des invités institutionnels, tellement prévisibles ; il les a vite rejoints dans l’insignifiance, cramé par les projos.
L’autre jour je l’ai aperçu au « Grand journal », une émission à la recherche du redressement de son audience.
Dans la vacuité du dispositif télévisuel, la faiblesse de l’ancien porte parole du NPA,  « Nouveau Parti Anticapitaliste », était éclatante à l’heure où NPA, « Nulle Part Ailleurs », égayait naguère nos débuts de soirée.
Invité à donner son avis concernant les dérives du football, le supporter du PSG n’a rien dit, se contentant de minauder : « j’aime le football ».
S’interdire à ce point de penser est atterrant pour le représentant d’un parti qui recrutait parmi les intellectuels et ne se privait pas de donner des leçons à toute la gauche : quelle décrépitude !
J’aime aussi ce sport universel et une défaite de l’OM contre un oligarque monégasque peut me gâcher la soirée, mais refuser d’envisager ce qui  se passe sur ce terrain populaire et éminemment politique est navrant.
Tant sur le plan économique que sur l’évolution des mentalités, les enjeux autour du ballon rond  vont bien au-delà d’un sentiment de déréliction qui se fait jour au sein de ce sport collectif.
L’outil de brassage social a perdu de ses vertus : qui va au ski, qui va au foot ?
L’émergence du Quatar est un évènement majeur sur le plan géopolitique, les sommes extravagantes mises en jeu, un effet de la finance folle.
Le gouvernement pusilanime envisage d'exempter les clubs des 75% , ce sera une fois de plus contre productif  sur le plan pédagogique car bien peu acquiescent à l' indécence des salaires.
Quand les identitaires s'infiltrent dans le Kop niçois par exemple, la reprise de « On est chez nous » par le FN d’un chant tellement entendu dans les tribunes doit donner à réfléchir.
Les joueurs apprennent à parler pour ne rien dire, entourés de parasites qui multiplient les fausses pistes pour s’étourdir de pognon, pauvres marionnettes d’un spectacle où se joue la Marseillaise en playback,  alors qu’ils ne pensent qu’à planquer leur pognon loin des petits qui financent leurs intermittentes prouesses.
Moscovici  quand il parle du « ras-le-bol fiscal » emprunte le vocabulaire de l’adversaire et érode encore plus le sens civique,  et voilà que Besancenot se met au niveau de Ribéry : zéro à zéro à zéro.

jeudi 12 septembre 2013

Les papesses. Collection Lambert.



En ces temps dépapaoutés, où les statues sont désenvoutées, quand il est question de descendantes de la papesse Jeanne, il ne peut s’agir que de femmes au royaume de l’art :
cinq sculptrices de Camille Claudel à Berlinde De Bruyckere dont les œuvres sont présentées à Avignon dans un hôtel particulier et au palais des papes.
Elles acquièrent de la force en ces cadres grandioses par un dialogue avec des œuvres patrimoniales qui elles aussi regagnent de la vigueur.
« Le pape est mort, un nouveau est appelé à régner.
Araignée quel drôle de nom !
Pourquoi pas libellule ou papillon ? »
Camille Claudel  fut internée il y a 100 ans à Montfavet, à quelques pas de là.
De ses sculptures émane la douleur lorsque des mains tendues se figent dans l’éloignement de « l’âge mûr » ; et même ses vivantes « causeuses » sont tragiques.
Les araignées de Louise Bourgeois sont moins impressionnantes que celle de Bilbao, mais celle qui mourut à 99 ans donne un aperçu de sa vitalité lors d’un film présenté dans le parcours. La diversité de ses productions est un bain de jouvence avec par exemple ses tissus inventifs et délicats.
 « La biche accouchant d’une femme » de Kiki Smith m’a surpris au détour d’une salle.
La production de l’américaine est aussi très variée avec une « touche féminine ».
Cette appréciation pourrait se faire taxer de « sexisme pâtissier » par des associations dont je ne comprends pas l’indignation lorsqu’un intervenant dans une émission sur France 2  a laissé échapper :
"Dans cette crème chantilly, j'ai senti une touche féminine"
et il n’était pas question de Zahia qui vient de présenter sa collection de boulingerie-patisserie.
« La princesse au petit pois » et les belles sphères en verre soufflé évoquant des planètes de la canadienne Jana Sterbak tiennent bien leur place dans un ensemble colossal qui compte plus de 300 propositions présentées jusqu’au 11 novembre 2013.
La plus dérangeante, la plus marquante, est la plus jeune, la belge Berlinde De Bruyckere avec ses cires torturées figurant des articulations étirées, des peaux débordantes de cadavres qui évoquent Bacon et tous ceux qui représentèrent les suppliciés depuis la nuit des temps.