Le titre de cette année « Une terrible beauté est née » peut sembler une gageure tant il est difficile de voir émerger une proposition transcendante parmi les 78 artistes qui participent au rendez-vous.
La déambulation est toujours stimulante parmi les tendances de l’art contemporain avec une prédilection, en cette onzième édition, pour l’Amérique du sud.
A la Sucrière, il faut passer de lourds rideaux de scène avant d’être intrigué d’emblée par une installation derrière une paroi cylindrique énorme dont on découvre le décor depuis l’étage : des livres en abondance visiblement promis à la chaudière dans un décor très dix-neuvième siècle.
Cette évocation des ambiances d’antan se retrouve dans les machines à rééduquer de Kotatkova, provenant d’une imprimerie et détournées.
Un homme nu tire inlassablement sur d’immenses élastiques attachés à des piliers.
A côté un vaste bassin se remplit d’une eau rouge et se vide.
Un animal en peluche de Huisman enfermé dans une cage est attendrissant, comme sont tragiques ses oiseaux en boite au MAC.
Un amoncellement d’ordures apparaît derrière un rideau, c’est inspiré de Beckett.
Des contre plaqués percés de trous m’ont laissé indifférent comme les documents et objets évoquant la conquête de l’espace, ou des esquisses et notes de travail en abondance en tous lieux.
Les 55 cercueils pour représenter les 55 états africains sont un peu premier degré.
Aucune vidéo ne m’a convaincu, cette fois encore.
Les espaces urbains De Cornelissen dessinés à la mine de plomb sur un gigantesque panneau m’ont paru proches de l’art brut. Cette intensité se retrouvait dans la multitude de petits calques dessinés au point par point par Schellow au musée d’art contemporain, ou dans les œuvres brodées aux allures d’ex-voto de Bispo de Rosario.
Ainsi que dans les 3000 kilomètres de fils qui occupent une grande partie du sol dans un espace immense du musée.
Ce lieu d’exposition est par ailleurs malmené par Serra qui soulève son plancher et Lamothe qui lui écorche les murs.
A l’usine TASE pour l’instant désaffectée à Vaulx en Velin, l’installation au milieu de gravats d’un jardin à la française est spectaculaire et les collégiens qui interviennent en face de plusieurs œuvres apportent une touche d’humour bienvenue.
Des poules, auxquelles des plumes aux couleurs vives ont été ajoutées, voisinent avec un immense poisson à deux têtes dans lequel on peut voir un lit, et des bâtons colorés munis de ventouses étayent un couloir aux verrières encore colorées comme au temps de la défense passive.
Un artiste a recouvert certaines vitres du MAC de peinture noire et nous ne voyons plus dehors.
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