Nous commençons notre randonnée par le trajet vers la 2ème station de métro proche de notre domicile : Avenida (ligne azul). Cela nous permet d’échauffer nos mollets aux grimpettes et descentes d’aujourd’hui, dans les travessas et les escaliers bordés d’un bâti d’époques différentes. Les numéros dans les rues sont très rapprochés, les appartements se répartissent plutôt en hauteur nous semble-t-il, en duplex, triplex. Des toits avec des mansardes de travers à moitié effondrées coiffent des maisons vétustes encore habitées, comme en témoigne le linge aux fenêtres.
A la station de métro, nous domptons la machine à Pass en rechargeant nos titres de transport et descendons au terminus de la ligne verte à Cais do Sodré. A la sortie, le tram moderne jaune à deux wagonnets n°15 dans lequel nous montons a beaucoup moins de charme que les petits trams, mais il propose un confort supplémentaire et affiche toutes les stations de la ligne visuellement et oralement. Nous descendons à l’arrêt Belem, Nous sommes près du Mosteiro das Géronimos, grande bâtisse blanche qui garde sa porte close aujourd’hui car c’est lundi jour de fermeture ! Nous ne sommes pas les seuls à exprimer notre déception, un italien fait une réflexion sans penser à la réputation des musées de son pays. Nous remplaçons cette visite par celle du musée Bérardo d’où sortent des cohortes bien rangées de petits enfants habillés en uniformes de couleurs différentes. Les monitrices concentrent les jeunes esprits avec des jeux de parcours sur les dalles du parvis. Aucun braillement, aucun désordre, aucune désobéissance. Le musée Bérardo est un musée d’art contemporain, gratuit, dont le donateur a démarré en collectionnant d’abord les timbres et les boîtes d’allumettes en des temps modestes avant de s’attaquer aux œuvres d’art. On y trouve les plus grands : Pollock, Warhol, Gottlieb, César, Arman, Harp, Picasso… Bonne révision aussi des peintres et œuvres vus à Bilbao. Plus de 1000 œuvres sont exposées. Photos à volonté !
A la sortie s’impose le « Padrao dos Descobrimentos » surnommé « poussez pas derrière !» caravelle de béton construite au bord du Tage à la mémoire des explorateurs navigateurs.
Au sol, une carte du monde permet de situer les différentes colonies portugaises, l’esplanade est vaste et incite à la photographie des touristes grimaçants posant avec les mêmes gestes et sourires figés.
Nos estomacs crient famine et nous nous restaurons dans une pizzeria au bord de l’eau, servis par une gracieuse brésilienne candidate à des études en Allemagne et parlant parfaitement le français. Le vin rosé du pays, très fruité, enchante unanimement nos papilles. Nous décidons de nous promener dans le quartier Ajuda qualifié de populaire par Le Routard. Mais avant nous découvrons la fabrique de Pasteïs de Belem où nous dégustons la spécialité lisboète : un gâteau constitué d’une patte feuilletée très fine fourrée d’une crème, à saupoudrer au choix de cannelle ou de sucre glace. La boutique du XIX° siècle peut accueillir jusqu’à 2000 personnes dans plusieurs salles tapissées d’azulejos bleus et exhibe des objets anciens comme la caisse enregistreuse, de faïences…ça pulse dans la maison et toujours avec le sourire.
Nous nous engageons dans la calcada d’Ajuda, après avoir remarqué le palais présidentiel avec ses deux plantons chaudement habillés pour la saison mais qui ne subissent pas les facéties lourdingues des touristes comme leurs confrères à Buckingham Palace. La rue est bordée par un régiment de lanciers d’un côté et d’un manège de chevaux de l’autre. Nous longeons le monumental Palacio National pour redescendre par la rua Guarda Joais où nous souhaitons visiter un « patio » moderne reconstitué dans lequel Le Routard nous signale une fabrique d’azulejos. La réception à l’entrée contacte la fabrique, pour qu’une personne nous guide à travers ce véritable petit village de d’artisans.
Nous passons par une ancienne boulangerie équipée de son four, traversons des couloirs, ressortons dans des coursives extérieures dominant un terrain de tennis et une route et perdons notre guide. Nous la récupérons plus loin dans son atelier adorable, à côté d’un restau présentement désert avec un jardinet de la taille d’un balconnet où poussent des plants de tomates, sous l’œil protecteur d’un Saint Antoine en plâtre. La dame nous fait pénétrer dans le deux pièces où reposent ses calques et ses carreaux et répond aux questions posées. Elle est spécialisée dans les dessins du XVIII° siècle et nous explique en français la technique des son art.
J. lui achète un lapin stylisé puis nous tentons de nous repérer vers la sortie. Dans la première courette près de la réception, un kiosque à musique attend le chanteur de fado, des guirlandes en papier donnent un petit air de fête. Il y a aussi derrière une petite chapelle, mais la porte est bien close et puis les gens du patio abandonnent leurs locaux après leur journée de labeur, alors nous ne nous imposons pas plus longtemps et nous reprenons le chemin du retour à pied, en tram historique (18E) et en métro jusqu’au Rato. Pas de musique ni fiesta dans la Travessa do Cego ce soir. Nous répertorions les incontournables visites de Lisboa en nous massant le cuir chevelu avec un engin de la maison diaboliquement agréable.
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