vendredi 12 septembre 2025

Colonisations. Front populaire.

La revue de Michel Onfray fournit une matière riche à un débat souvent escamoté sous des positions sommaires et irréconciliables où « repentance », « indépendance » dansent et que « soumission » et « insurrection » font impression.
Le philosophe a le sens de la formule et porte le fer dans la plaie lors de son édito traitant des empires.  
«  La France ne sait pas démanteler un point de deal à saint Ouen […] mais elle a la prétention de croire qu’elle pourrait entrer frontalement en guerre contre Moscou. »
Si la dénonciation des faiblesses de l’Europe est davantage documentée que des propositions de la part des souverainistes, les dernières lignes de la livraison de ces vacances 2025 à propos  de «  Vendredi ou les limbes du Pacifique » de Michel Tournier laissent une impression raisonnable et sensible.  
« … au lecteur de repenser, à la lumière de cet hymne à l’univers, érotique et solaire, les codes et les critères qui sont les siens, dans notre monde civilisé. » 
Une bibliographie claire, « Au temps des colonies », caractérise Fanon, Césaire, Senghor, Glissant dans leurs apports divers, mais aussi Gide, Conrad, Vuillard, Daoud… dont des citations vont enrichir divers articles de ces 160 pages copieuses traitant
- de la « rente mémorielle » algérienne,
- de l’instrumentalisation anti-coloniale et anti-raciste aux racines de l’antisionisme,
- mais aussi de la colonisation des esprits avec les partis pris de Wikipédia
- et l’emprise numérique en général
- ou lorsque le marché infiltre l’Etat.
Montaigne a sa place dans la généalogie de l’idée décoloniale :  
« Chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage. » 
Quelques mises au point sont nécessaires pour infirmer l’idée que la colonisation serait un projet spécifiquement européen et essayer de clarifier la notion d’ingérence. 
« Sur le plan commercial, ce sont les acteurs privés qui se sont enrichis véritablement. »
Les affects ne sont pas oubliés et la question se pose : «  L’histoire est-elle morale ? ».
La description de l’évolution de l’idée de décolonisation des années 50 à nos jours est stimulante en mettant en cause l’idée d’un universalisme européocentré porteur par ailleurs des idées d’émancipation.
Avec le recul des raisons cachées se révèlent: 
« De Gaulle veut passer l’éponge, amnésie, amnistie, coopération […] est-ce la contrepartie de la jouissance de droits pétroliers et stratégiques négociés au Sahara pour quelques années ? »  
Hors de la thématique centrale, la revue trimestrielle participe aux débats tendances du moment à propos de l’héritage, de la GPA, des ZFE, des retraites… des terroirs à réenraciner et développer technologiquement… avec des recommandations d’autres lectures dont un alléchant : « Face à l’obscurantisme woke » visant à « déconstruire la déconstruction ».

1 commentaire:

  1. Mais cela a l'air très intéressant, stimulant, sérieux ! Merci de la recommandation.

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