Une fois désaltérés et retapés, nous nous consacrons sans accompagnateur à
la très ancienne Eglise Notre-Dame-la-Grande. Commencée au Xème
siècle, agrandie et transformée au XIIème
, elle constitue un bijou de l’art roman.
Deux tourelles surmontées de toits pointus en écailles encadrent une façade remarquablement ornée. Au-dessus des trois
arcs en plein cintre dont les voussures
sont parcourues de sculptures décoratives, apparait une frise. Elle
raconte des scènes bibliques,allant d’Adam et Eve à la
naissance du Christ et son bain assuré par deux sages-femmes,au dessus de la frise, les statues
des 12 apôtres et de deux évêques se détachent dans des arcatures sur 2 niveaux
réparties également de chaque côté du vitrail. Et au-dessus des arcatures, le
Christ dans sa mandorle domine du fronton/pinacle plus sobre exempt de toute
autre représentation. Si la façade aujourd’hui met en valeur la pierre claire,
quelques traces de peintures très estompées, encore visibles dans l’épisode de
l’annonciation, rappellent que des couleurs chatoyantes la recouvraient entièrement au moyen âge. Enfin,
Le bestiaire sur les chapiteaux (ex : deux éléphants qui s’affrontent) les
rinceaux et les modillons confirment
l’appartenance à l’art roman.L’intérieur nous déçoit après la richesse affichée à l’extérieur. Très
sombre, à cause du manque d’ouvertures
voulu au moyen âge afin de mieux défendre les églises, il se compose d’une
grande nef voûtée en berceau, sans transept, d’un chœur contourné par un
déambulatoire, et de chapelles latérales. Plusieurs époques ont laissé
leur empreinte. L’art gothique flamboyant s’invite dans la chapelle
Saint Anne au travers d’un bel enfeu en pierre inspiré par une mise au tombeau,
sans doute récupéré dans une ancienne abbaye. Au XIXème siècle, à la demande du curé, un
architecte imagina de repeindre les piliers des parois et des
voûtes avec des motifs géométriques ou répétitifs selon l’idée que son époque
se faisait du moyen âge. Les seules fresques d’origine, placées au-dessus du
chœur, s’effacent inexorablement malgré une restauration effectuée au XIXème et heureusement qu’un panneau nous informe sur ce qu’on devrait y voir. Quant
aux voûtes, elles disparaissent derrière des filets de protection le temps que
les spécialistes étudient comment les restaurer de façon pérenne sans les
dénaturer. Si le temps a joué un grand
rôle dans ces dégradations, certaines restent imputées aux méfaits des
protestants. En attendant 21h30 pour assister au son et lumière projeté sur Notre
Dame, nous tournicotons encore un peu
dans les rues, jusqu’à l’hôtel Beaucé qui se caractérise par une belle façade Renaissance incluant une tour escalier. Puis nous patientons
devant un verre place Maréchal Leclerc, ex place d’Armes, suffisamment vaste
pour accueillir des défilés. A peine la nuit tombée, nous assistons au
spectacle, au milieu d’un nombre
raisonnable de curieux. Il dure environ
5 minutes, jouant des lumières colorées
pour souligner l’architecture et les sculptures, et pour mieux se rapprocher de
leurs apparences au moyen âge.Quelques remarques sur Poitiers :
Ville écolo, sans ostentation certes mais qui ne met pas assez en valeur ses passages publics, des maisons de caractère cachées derrière des
revêtements crépis et surtout, …les toilettes… publiques…. une horreur !
ou même celles de certains bars, elles
donnent une image de la France peu flatteuse aux touristes.
Sur les toilettes...
RépondreSupprimerJ'ai décidé qu'en ce moment, l'état des toilettes est un bon lieu pour... réfléchir à ce qui nous arrive dans la modernité. Ma mère américaine, née dans les années 20, était fermement persuadée qu'on pouvait chopé la peste, la diphtérie, les maladies vénériennes, la grossesse même, sur le siège des toilettes, et elle s'interdisait de s'y asseoir, quel que soit l'état de ces toilettes, d'ailleurs. Pourtant... c'était une femme avec une formation scientifique qui se vantait de son bon sens. Cela m'a interrogée de son vivant, et continue à m'interroger. Aurait-elle été... superstitieuse sur le dossier de l'hygiène ? Certainement, elle n'était pas la seule, loin de là, et il est peut-être... inutile de pointer sa superstition, mais compte tenu de ce qui nous est tombé dessus il y a juste quelques années maintenant, je crois qu'il n'est pas inutile de le pointer, au moins une fois.
Et si je pointe (et me pointe par la même occasion, car je suis issue de l'intolérance de ma culture d'origine, et de ses fantasmes fanatiques sur la... propreté, et l'hygiène) ce problème, c'est que je crois qu'il est très important. Il est un lieu commun de dire en anglais "cleanliness is next to Godliness", "la propreté rapproche de Dieu", et... il n'est pas toujours bon de se tenir trop près de Dieu, et sa PLEINE LUMIERE dans un monde qui restera chu, quoi que nous fassions. Et pour clore, souvenons-nous que pendant la deuxième guerre mondiale, dans les camps, les latrines, (qui auraient fait frémir ma mère), très loin des bourreaux... si propres, et soucieux de le rester, étaient un lieu convivial, un lieu où, tout dans les immondices, on trouvait une fraternité HUMAINE, chaleureuse. Un des seuls lieux, d'ailleurs, sinon le seul, dans les camps. A méditer, je crois, même par ceux et celles dont les narines frémissent et sont si sensibles, si sensibles de nos jours. Ils sont.. légion.