Sur le net, les critiques de théâtre sont maigrichonnes,
alors que celles de cinéma déchainent les passions et que pour les livres les
avis sont variés.
Concernant ce spectacle, bien des annonceurs parlent surtout
du livre remarquable, mais lorsqu’ils disent que le théâtre « donne corps
au texte », je ne les suis plus.
Les images projetées en fond sont justes car subtiles, mais
les passages chorégraphiés esthétisent le drame. Les explications pédagogiques
surchargent un récit qui a suffisamment de force pour nous interroger : tourments
d’une famille et déchirements effroyables d’un continent.
La recherche de
paroles chorales est respectable, mais le peu de situations de dialogue au
détriment de déclamations solitaires devenues la norme, alourdit le propos.
La
salle était d’ailleurs dubitative au bout de deux heures et je me suis retrouvé
embarrassé entre mes voisins s’abstenant de tout applaudissement alors que
malgré mes réserves, je battais des mains pour les acteurs investis.
Le succès du livre de Gaël Faye tenait à son originalité, et
se dispensait d’asséner des explications univoques à propos du génocide des
Tutsis.
Quand la démocratie est dénoncée comme un instrument du
colonialisme, ce qui n’apparaissait pas d’une façon criante dans le livre, si
mes souvenirs sont bons, mes écoutilles se ferment.
Les assassins Hutus ne
seraient que des élèves obéissants aux méchants allemands de 1885 et autres
belges à leur suite?
Merci Wikipédia :
« Au 1er janvier
2016, le Rwanda occupe la 1re place
en termes de progrès de développement humain sur les vingt dernières années,
selon le dernier rapport (14 décembre 2015) des Nations unies; le « World
Economic Forum », dans son dernier rapport sur la bonne gouvernance
mondiale, estime que le Rwanda est le 7e pays le mieux géré de la
planète. »
Pour une fois, Guy, j'aimerais bien que tu.... justifies ton jugement sur les "passages... chorégraphiés qui ESTHETISENT le drame". J'aimerais comprendre ton parti pris sur le rôle de l'art par rapport à ce que tu écris là, en sachant que, depuis le nombre de fois que je vois "Le Roi Lear", j'ai renoncé maintenant à y aller avec des traductions françaises qui évacuent la poésie, car c'est trop insoutenable. J'ai besoin d'une toute petite pellicule pour faire passer la pilule, pour ne pas sombrer totalement dans l'horreur du... "réalisme" glauque (une valeur... très romaine, pendant qu'on y est, mais par refus ? incapacité de recourir à l'imagination pour... imaginer ? Pourquoi ce réalisme glauque est-il forcément vertueux, et comment nous rend-il vertueux ? Tu peux me l'expliquer, là ?).
RépondreSupprimerJe partage beaucoup de tes impatiences par rapport à ce qui nous est servi comme théâtre "moderne", au point de ne plus mettre les pieds dans les représentations SOI DISANT modernes, mais je ne partage pas ce que j'estime être ta défense... aveugle ? de la "démocratie" quand on sait qu'Athènes dans le "bon vieux temps" qui nous met les étoiles dans les yeux (à moins que ce ne soit QUE le mot qui déclenche des réflexes, comme les chiens de Pavlov...) ne pouvait pas s'abstenir de vouloir généraliser son modèle en Méditerranée au prix de quelques... souffrances, mettons.
Le plus piquant étant que sous guise de vouloir rattraper les erreurs d'une colonisation précédente, nous continuons à... coloniser et je n'aime guère plus la manière dont nous le faisons maintenant que par le passé (peut-être encore moins, d'ailleurs).
Il ne faut pas sous-estimer le besoin de se sentir vertueux et de pouvoir croire à ses propres mythes, et où ça peut mener.
Ce que je crois : cultivons nos jardins, et cherchons d'autres manières d'employer notre jeunesse pour qu'elle puisse se sentir... jeune et puissante, comme la jeunesse devrait pouvoir se sentir, au vue de tout ce qui suit, Guy, comme on a les moyens de le savoir maintenant.
Le réalisme n’est pas fatal en ces lieux de représentation, mais la tendance actuelle de jouer du malheur avec les meilleures intentions pédagogiques peut aboutir à des formules tape-à-l’œil qui en arrivent à être gênantes en détournant l’attention vers les formes au détriment du fond.
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