Nous
remballons nos affaires après le petit déjeuner prévu par P.
A 8 km tout au plus de
Binderheim, nous nous arrêtons à EBERMUNSTER.
L’abbatiale Saint Maurice de style baroque germanique nous change du moyen
âge et du XVI°, elle attire notre attention avec ses trois clochers vernissés en forme de bulbe. L’intérieur laisse pénétrer la lumière, captée par les
couleurs très claires des murs et du plafond
dues une rénovation récente. Outre les peintures, fresques et toiles,
les dorures et les angelots sobrement
répartis, l’abbatiale possède plusieurs œuvres et mobiliers dignes d’intérêt.
Il y a d’abord les orgues remarquables d’André Silbermann. Des confessionnaux blancs et or alignés le long des murs
adoptent des formes en volutes
originales, pleines d’élégance. Monumentale et portée par des colonnes,
une couronne coiffe l’autel et un tableau.
et le curieux Samson avec sa longue chevelure tenue par un bandeau,
tout en force sous le poids de la chaire
portée sur ses épaules.En voiture,
nous repiquons à nouveau vers les vignes
et les villages de viticulteurs. Celui de MITTELBERGHEIM
(encore l’un des plus beaux villages de France) se situe au sommet d’une
colline, il émerge au milieu des
cultures ordonnées et bien peignées. Ici, pas de crépis colorés mais une unité
de couleur gris /beige s’impose entre les colombages. Là encore, nous sommes sous
le charme des enseignes métalliques. Un très vieil hôtel de ville, quelques
maisons ancestrales participent à la renommée de la petite cité. La rue
principale est une succession de caveaux et de producteurs logés dans des
demeures historiques dont on franchirait volontiers le pas de porte. Mais c’est
un peu trop tôt pour une dégustation. Si nous n’entendions pas les bruits
provoqués par les activités artisanales
et les discussions qui
s’échappent des maisons et si
nous ne croisions pas incidemment quelques personnes pressées, nous aurions
l’impression d’être les seuls dans la rue, tenus à l’écart d’une animation
matinale cachée derrière le décor.Une erreur
d’aiguillage nous détourne de la route d’OBERNAI,
elle nous plonge dans un bouchon et
occasionne un petit retard.Obernai
supporte sans aucun doute la comparaison avec toutes les magnifiques communes alsaciennes que nous avons
découvertes.Mais elle est moins figée
dans le passé, la vie commerçante tourne plus
autour du quotidien et pas uniquement autour des spécialités :
moins orienté dans le vin, les magasins d’opticiens, de vêtements, les
pharmacies, les services de santé ou autres offrent les avantages d’une petite
ville pragmatique. Elle conserve des monuments historiques intéressants et bien
entretenus.C’est le cas
de la halle aux blés place du marché, utilisée aussi pour entreposer du sel et investie à un moment par
la corporation des bouchers.L’hôtel de
ville adopte une architecture particulière.
De style gothique et
Renaissance, il a hérité d’un curieux
beffroi, le Kappelturm ; ce vestige d’une ancienne chapelle fut rehaussé au XVII° d’une galerie à
échauguettes. Un bel oriel et quelques ornements décorent la façade donnant sur la
place du marché.Dans le même
périmètre, le puits à six seaux, datant de la Renaissance attire les
photographes et les superstitieux qui n’hésitent pas à y jeter une pièce pour
la réalisation de leurs vœux. « Construit
en 1579 dans le style Renaissance par une équipe d’artisans strasbourgeois, le
puits était peint à l’origine. Trois colonnes à chapiteaux corinthiens supportent
un baldaquin octogonal orné de sculptures inspirées du nouveau testament.»Nous ne
pourrons rien voir de l’église Saints-Pierre-et-Paul. Enserré dans une gangue
d’échafaudages inextricable, cet édifice du XIX° mérite une réfection, le rendant inaccessible à la visite et au regard. Alors nous
en profitons bien qu’il ne soit que
midi, pour quérir un restaurant puisé dans le routard. Bien situé rue du marché
et près de la synagogue l’établissement
« Les remparts » nous accueille sur sa terrasse toute en
longueur, vite remplie de travailleurs
et passants. Nous avons lu qu’Obernai est la ville de la choucroute :
c’est parti ! Comme pour la Kronenbourg qui l’accompagne et nous ne le
regrettons pas. Mais la
digestion nous impose ensuite un brin de
sieste dans la voiture près de l’Andlau. Cette
petite commune se trouve sur l’itinéraire menant à ERSTEIN
et au musée Würth.https://blog-de-guy.blogspot.com/2021/09/christo-musee-wurth.html
Ce musée privé et gratuit appartient au groupe
familial Würth, une multinationale spécialisée dans l’outillage, le matériel et
les fixations d’assemblages entre autres. Son fondateur Reinhold est
collectionneur et mécène, il se passionne pour l’art contemporain. Il
implante des musées d’entreprises dans
une quinzaine de ses sites industriels en Europe, pour exposer ses fonds
qui tournent deux fois par an. Actuellement,
le musée propose une rétrospective sur les projets aboutis ou non de Christo et
Jeanne Claude. Ils se dévoilent sous
forme de dessins, de photos des lieux où ils furent réalisés (le pont neuf, des
sites aux US) ou imaginés, photos
souvent dans de grand format et sous
forme de vidéo (Le lac Iséo). Les drapés et les plissés gigantesques se
déclinent parfois dans des couleurs très vives, en orange (Colorado) ou en rose (Iséo) dans la nature, elles se font
plus discrètes pour l’emmaillotage des bâtiments.
Quant aux dimensions, envisager une telle démesure laisse vraiment admiratif.
Les deux artistes ne purent mener à bien tous leurs rêves d’empaquetages
éphémères, leurs réalisations demandant parfois plusieurs années pour régler les différents problèmes ;
ceux- là n’existeront que sur papier …
Nous avions imaginé un musée plus grand, mais sa taille convient bien à une
exposition monothématique complète et enrichissante.
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