Je dépose ce titre en tête d’article pour exorciser mes habituelles
circonvolutions au moment où je voudrais aller au-delà du ressassement de mes
chers paradoxes.
On a beau remarquer le nombre déclinant des « antivax »
défilants, ils prennent une place disproportionnée dans les conversations et soulignent une idée toujours plus péjorative des mentalités de nos semblables.
Les salles de théâtre ont du mal à retrouver leur public,
mais les boulevards offrent quelques trams à retarder chaque samedi et quelques murs à salir pour ceux qui
aiment les dramaturgies où ils jouent, volubiles, le rôle du traqué, du mutilé, du malheureux.
Il est bien difficile de trier entre l’essentiel et
l’accessoire, mais passionnant de jouer avec la taille des détails. Les
indulgences envers Tapie rejoignent celles que nous nous devons à
nous-mêmes pour vivre : allez l’OM !
Alentour, il est davantage fait cas des appellations
contrôlées concernant les prénoms que de la baisse du chômage. Quand apparaissent
autant de panneaux « on recrute » que de mendiants, nous pouvons nous interroger.
Pourtant les réponses ne se trouvent pas exclusivement dans les prospectus des
Centres d’Information et d’Orientation. Est-ce que des perspectives se
dessinent pour les jeunes, objets de toutes les bienveillances quand il était
question de teufs, mais peu coachés quand il s’agit de travailler à l’école pour
envisager un job futur ?
Chez les « milléniaux »comme chez les « boomers », la posture de victime est tellement gratifiante qu’elle remplace la
réalité : les suédois sont sûrement plus stressés que les burkinabés.
Les passions nationalistes s’exacerbent alors que chaque
habitant de la planète dépend surtout d’entreprises transfrontalières :
les Polonais de Pologne twittent.
« Le rideau de
velours de la culture a remplacé le rideau de fer de l'idéologie »S. Huntington
Les ardeurs religieuses sont impulsées par les plus
intégristes, alors que l’incroyance progresse : en des temps de querelles byzantines, les
mouches se faisaient sodomiser mais depuis les enfants de chœur n’ont plus le
cœur à rire.
Quand un mouvement apparaît, les commentateurs peuvent se montrer zélés surtout lorsqu'ils ont été longs à la détente; ils en deviennent complètement verts et mono maniaques. Mais aucune leçon n'a été tirée sur l’extinction des « Nuits Debouts », ni sur
la décoloration des gilets jaunes, quant à la nécessité d’une réanimation pour
les opposants au pass sanitaire, nous attendrons.
Récemment, je ne me suis pas senti à la hauteur pour rédiger
un compte-rendu d’une conférence concernant les algorithmes, submergé par les « paradigmes »
et autres « socialités » qui surnagent dans les soupes de l'enseignement supérieur. A l'image des commentaires autour de l’art contemporain uniquement descriptifs pour combler un vide créatif, je n’en suis ressorti qu’avec des
réflexions dignes des cafés du commerce désormais désertés.
Même si lors des
étapes d’une « gouvernabilité algorithmique » entre la récolte des
données, leur traitement et le passage à l’action, nos possibilités de devenir « sujet
du processus » s’appauvrissent.
La formule est heureuse quand on peut dire
que « nous nous sommes abandonnés aux données ». Mais il y a d’autres issues que la tricherie pour faire valoir nos subjectivités,
et d’autres modèles que celui de la ZAD suggéré par un fonctionnaire de
l’Université pour aller vers un public plus large que celui déjà assez
clairsemé d’une salle de spectacles.
Il faudrait réhabiliter l’enseignement
scientifique, réenchanter une culture technique après avoir tapé « Y a
qu’à » sur mon moteur de recherche.
Tout le monde n’est pas Turing,
casseur de codes, ni Edward Manning devenu Chelsea Manning qui a révélé des
documents secrets de l’armée américaine, héros évoqués par un metteur en scène pour
réintroduire quelque peu de « corporalité » parmi tous ces
chiffrages.
Etranges et fascinants espaces où « on ne sait pas toujours où
l’on va ». Dans la boite déjà bien garnie avec des idées
on ne peut plus banales, m’a paru dérisoire un plaidoyer pour tendre vers
plus de «sobriété numérique » alors que sur la scène, par écran interposé,
apparaissait un prof depuis Bruxelles. Son train avait été arrêté par un
sanglier.
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