Plaisir renouvelé de cette collection dont les courts
chapitres reprennent les textes d’émissions de France Inter
où l’auteur marcheur hausse son jeu, perché sur les épaules
du jeune poète,
« je est un autre »
Le pédagogue nous excuse de ne pas tout comprendre aux
fulgurances de « L’homme aux
semelles de vent » tout en mettant en évidence avec flamme l’apport de
« la chère
grande âme » que Verlaine attendait.
« Il ne se
trompe pas : il sera écolier bohème, poète maudit par lui-même, amant
d’arrière-cour, voyageur des tropiques, contremaitre de chantier, marchand
d’armes, explorateur-cartographe, fils-tornade dans les Ardennes, frère-douleur
à Marseille. »Son œuvre brève est fulgurante :« Arthur
commence à écrire à dix ans. A seize, il compose Le bateau ivre. Pendant trois
ans, il tire un feu d’artifice dont les explosions sont arrivées jusqu’à
nous. »
Le médiatique auteur de « Sur
les chemins noirs » n’ignore pas les provocations de celui qui
annonçait : « Il
faut être absolument moderne », mais rappelle sa place éminente dans
la littérature française :
«
Arthur a mis la langue en miettes. Proust veillera tendrement sur la pauvre
malade. Breton fera des collages amusants avec les débris. Céline pissera
dessus. »
L’éditeur a eu le bon goût de colorer
en bleu, les citations habilement insérées
«
Un soir, j’ai assis la beauté sur mes genoux.
– Et je l’ai trouvée amère. Et je
l’ai injuriée. »
Les 220 pages commencées en suivant le
trajet de la fugue du « voleur de feu » en 1870 autour de
Charleville, se concluent :
«
La mémoire des poètes vit dans leurs poèmes. Hugo n’existe pas à Guernesey,
mais dans Les Contemplations. Rimbaud n’est pas le nom d’un circuit de
routard. »
L’été a encore plus de saveur quand
au-delà d’un premier horizon :
« Elle
est retrouvée !
Quoi ?
l’éternité.
C’est
la mer mêlée
Au
soleil.»
En Ethiopie nous avions visité sa maison, ce n'était pas la sienne.
Je ressens une grande tendresse de vieille femme déjà pour le parcours de cet homme qui fait de son mieux pour rester debout, en tant qu'homme non domestiqué.
RépondreSupprimerQui est un aventurier, avide d'exotisme, amoureux de la langue française. Oui, à l'éternité. Moi aussi, à ma manière, je l'ai vue comme ça. Les poèmes de nos grands poètes enrichissent notre regard sur le monde, et sont une ouverture vers un ailleurs sans lequel nous sommes de pauvres petites choses rabougries.