La distance entre métaphore chiraquienne et réalité kabyle est
cramée quand la planète brûle pour de vrai. Il est trop tard docteurs divers.
Bien que prenant à rebrousse-plumes une époque qui pique,
l’écriture ne garantit plus contre les impulsions exagérées au moment de vider
son sac, de plage.
Alors que mes incertitudes, mes incompétences, pourraient garantir
une certaine neutralité et mes vagabondages politiques quelque tolérance, les
outrances entendues récemment me conduisent à choisir mon camp.
Je me retrouve encore affronté au Front national et au Front
de gauche se confondant sous de nouveaux noms dans des luttes anti vax et anti
pass, après avoir déjà flirté sous camisole jaune à pois rouge et brun.
J’entre dans le schéma théorisé et appliqué par les radicaux
qui voient des ennemis partout, et un seul coupable de tout : Macron, que
je m’obstine, en vieux monsieur, à appeler « monsieur » en tant que
chef de l’état, même si Tik Tok convoque la familiarité.
La rhétorique
permanente du combat me rend plus que jamais légitimiste. La confiance envers
chaque acteur de la société constitue à mes yeux le seul liant possible de ce
« vivre ensemble » mot dont
abusent pourtant ceux qui travaillent à le fragiliser encore plus. Confiance,
envers les élus dans leur diversité, aux profs dans leurs insuffisances, aux
scientifiques dans leur suffisance, à mon garagiste…
Je persiste à chérir la nuance
mais je me refuse à renvoyer dos à dos partisans et
adversaires de la vaccination, cheval de Troie des « anti tout »
magnanimes tout de même envers ceux qui tiennent compte de l’avis de leur
médecin.
De la même façon qu’on ne peut mettre en doute le civisme de tous nos
concitoyens pour quelques masques abandonnés, il devrait être facile de ne pas
se laisser impressionner par quelques centaines de milliers de manifestants
contredits par 45 millions de vaccinés.
J’en veux à tous ceux qui ont empoisonné les discussions au
point que le silence s’impose quand la jugeote devient un terme obsolète et que
sont incendiés des centres de soins. J’acuche (mettre le foin en tas dans le
Dauphiné) dans la poubelle du « C’était mieux avant » les mots
« Dictature » et « Liberté » devenus répugnants à force
d’être recouverts de sauces trompe-couillons. L’usage immodéré de vocables
tonitruants affadit leur sens de même que de présenter la vaccination comme un
acte héroïque confine au ridicule.
La décadence de l’empire romain a beau être évoquée depuis
les calendes grecques, n’empêche que de crise économique en crise écologique,
nous sommes dans la mouise morale sur fond de paysage culturel dépeuplé.
Les puérils médias à l’affut du moindre toussotement de
vacciné, les réseaux sociaux «galeux,
d'où vient tout le mal», les « mauvais » se pensant « bons »
désignant les « mauvais », les « tout pour ma gueule », sont
les promoteurs de cette ambiance délétère.
De quoi décourager la recherche de solutions consensuelles
pour continuer à ce que le « beau temps » ne se confonde pas avec le
mauvais, avec alertes orange quant à nos capacités d’écoute.
Parmi les rabâchages qui rabâchent que « le rabâchage
est à la base de l’enseignement », comme l’enseignement ne se porte pas
très bien, on peut se lasser à rabâcher : « ma liberté s’arrête où
commence celle des autres ».
Les mots ne portent plus et l’humour ne parle plus guère
s’il n’est épicé de méchanceté : retour à la première ligne.
« Celui qui peut
régner sur la rue règnera un jour sur l’Etat, car toute forme de pouvoir
politique et de dictature a ses racines dans la rue. » Joseph Goebbels
Je me dis que...
RépondreSupprimerLa vie politique entre nous dégénère, à la longue, dans le désir de se tabasser.
Ça dégénère dans le désir d'avoir Raison à tout prix, et contre l'autre.
Je partage ta fatigue, je crois, même s'il y a plein de choses que nous ne partageons pas.
Comme j'écris ailleurs : "ich bin der Welt abhanden gekommen" : je suis perdue pour le monde.
Voici le texte de ce lied de Mahler, écrit sur un poème de Rückert :
"Je suis perdu pour le monde où jadis je gaspillais tant de temps.
Cela fait si longtemps qu'il n'a plus de nouvelles de moi, qu'il peut croire que je suis mort.
Ça m'est égal s'il me tient pour mort,
Je ne peux rien dire contre, car vraiment, je suis mort au monde.
Je suis mort à la tumulte du monde, et repose en un lieu calme.
Je vis seul dans mon ciel, dans mon amour, dans mon chant."
Un dernier mot qui me semble important : on se réfère volontiers à la décadence de l'Empire romain, qui est tape à l'oeil, mais on ne se réfère guère à la décadence de la République Romaine, qui a duré quelque temps. Et puis, à la fin de la première vague des guerres civiles, quand Octave ramasse les miettes pour fonder l'empire, les moeurs... ne se sont pas trop assagis. Octave voyait bien qu'on ne pouvait pas avoir un "polis" vertueux avec des citoyens aux moeurs... corrompus (jusque dans le lit..) mais même lui ne pouvait pas faire revenir ce qui avait été perdu : l'excellence, la vertu de l'aristocratie romaine, "ton ariston", et leur autorité, leur exemplarité. Ainsi Rome a duré pendant des siècles... dans la corruption, malgré une période assez courte qui lui a permis de créer... une littérature de grande qualité. La Renaissance romaine, au moment de la révolution augustinienne.
RépondreSupprimerOn aimerait bien croire que la décadence dégénère rapidement en chute, mais il n'en est rien...
Décidément, la vie est plus compliquée que ce que nous voudrions croire...