Luis Fernandez a beau nommer le chroniqueur de RMC « l’intellectuel
du foot », ces 240 pages tiennent davantage du pamphlet que de la thèse
universitaire. L’écrit proche de l’oral, ponctué de quelques formules mordantes, rend la lecture agréable face à un
constat plutôt sombre sur l’état du sport roi.
« Blanc sans
Gasset, c’est une tarte aux fraises sans fraises »
Le manque de culture des décideurs qui vivent de ce sport
n’atteint pas toujours les abysses où Rama Yade nous emmena :
« A la coupe du
monde il faudra se méfier de l’Uruguay, une sélection qui a brillé à
l’Euro »
L’ancien abonné de la tribune Auteuil puis Boulogne est convaincant
quand il s’insurge contre le mépris des journalistes politiques envers ceux du
sport, mais des sauts dans la cohérence apparaissent parfois. Il signale son
changement d’appréciation quant au projet de ligue européenne qui verrait les
plus grands clubs s’affronter alors que subsisteraient des championnats
nationaux pour les autres. Il ne peut reprocher aux dirigeants de trop souvent
choisir la fuite en avant, pour en faire de même.
« On est le pays
qui redistribue le plus et il n’y a jamais assez d’argent »
S’il écarte les opinions les plus courantes à propos de
l’argent-qui-pourrit-tout et remet en cause quelques évidences telles qu’aime
les proférer l'efficace Didier Deschamp, sa persistance à
donner la primeur au jeu est sympathique.
Les bons résultats de l’équipe de France où sont
sélectionnés essentiellement des joueurs exerçant à l’étranger masque la
régression des clubs où même la formation n’est plus ce qu’elle était. Le « trading »
(spéculation) devient la norme et les jeunes expatriés de vanter dès leurs
premières déclarations le professionnalisme de leurs nouveaux employeurs avant
d’embrasser le blason du suivant.
« Pour gagner de
l’argent, il faut une compétence. Pour le dépenser, il faut une culture. » Alberto Moravia
On finit par s’intéresser davantage aux tactiques lors d’un
marché quasi permanent qu’au prochain match.
« Le miracle reprend
forme en août. Le mercato vend de l'espoir. On perd les meilleurs et on
fantasme sur les nouveaux. Les entraîneurs affichent des ambitions nouvelles,
les dirigeants confirment. En août, tout est toujours plus beau. Quand le
bronzage disparaît, les premières journées d'automne, les premiers matches de
Coupe d'Europe renversent tout. Pas de doute, on est toujours aussi nul. »
A l’instar d’Eric Neuhoff
auteur du « (Très) cher cinéma français », il dézingue et peu
d’entraineurs ont ses faveurs en dehors de Galtier ou Bielsa. Par ailleurs il
exprime clairement que Benzéma est meilleur que Giroud mais celui-ci est plus
utile à l’équipe, loin du politiquement correct et des connivences qui
sclérosent les structures du foot où le fait d’avoir joué en pro donne des
avantages pour entrainer une équipe pro alors que comme le dit Sacchi :
Préoccupant, la régression des clubs, mais logique, malheureusement. Et puis, la spéculation, malheureusement, est la règle dans tous les domaines, et pas que le foot.
RépondreSupprimerÇa me fait rager, tout de même de constater combien on se perd narcissiquement en se regardant faire, alors que ce qu'on fait n'a plus d'importance aux yeux de beaucoup.
Se regarder faire...
Mais je ne connais pas ce monde...