mardi 6 octobre 2020

Révolution. Grouarzel Locard.

Ce premier pavé intitulé « Liberté » d’une série de trois volumes qui atteindront les mille pages a été primé à Angoulême en plein mouvement des « gilets jaunes ». Les auteurs ayant pourtant travaillé sur le long terme, sollicitent cette proximité qui me semble parfois abusive, même si rumeurs et manipulations ont eu leur part dans ce basculement vers la démocratie à la fin du XVIII° siècle, avant les chaînes d'info, les réseaux sociaux et la taxe sur le diésel.
Les personnages fictifs ont beau être plus présents que les personnalités influentes ayant effectivement existé , ils sont éclairants dans un contexte bouillonnant entre janvier et octobre 1789, bien rendu jusque dans ses noirceurs nocturnes, voire lors de séquences quelque peu confuses.
Barnave perd de son importance au moment où Robespierre apparaît en fin de chapitre.
Les premiers rôles sont tenus par les plus miséreux et la foule anonyme dont les mouvements sont remarquablement saisis. L'ajout de duels à l’épée évoque à mon avis un genre cinématographique désuet, alors que le découpage exprime bien la dynamique du septième art.
Quelques évènements notables se déroulent à l’arrière plan : réunion des Etats-Généraux, nuit du 4 août. Par contre la prise de la Bastille apparait décisive et dans la dynamique de l’insurrection sont réévalués les massacres chez Réveillon dans le faubourg Saint Antoine ou les attaques contre les barrières de l'octroi.
Le soin apporté au langage malgré quelques tournures au goût du jour, restitue les distances : «  Bornons-nous à rendre au ministre congédié, dont la perte semble affliger la nation, le tribut d’estime qu’il a mérité » il s’agit de Necker,
alors que « Répète un peu ça, four à merde ! Race de pendu ! » s’échange autour d’une charrette transportant de la farine.
Au-delà de la vitalité des mômes expressifs qui traversent l’histoire, la présence d’un journaliste réactionnaire ou le frère jumeau inventé d’un député breton apportent un recul que n’a pas forcément l’historien Pierre Serna égratignant ceux qui se contentent de « ronronner la énième histoire de la révolution » ; ce n’est effectivement pas le cas avec ce bel ouvrage.
A ce propos, au théâtre, Pommerat appelait, me semblait-il, à davantage de réflexions.http://blog-de-guy.blogspot.com/2016/05/ca-ira-1-fin-de-louis-joel-pommerat.html

 

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