Ce premier pavé intitulé « Liberté » d’une série de trois volumes qui atteindront les mille pages a été primé à Angoulême en plein
mouvement des « gilets jaunes ». Les auteurs ayant pourtant
travaillé sur le long terme, sollicitent cette proximité qui me semble parfois
abusive, même si rumeurs et manipulations ont eu leur part dans ce basculement
vers la démocratie à la fin du XVIII° siècle, avant les chaînes d'info, les réseaux sociaux et la taxe sur le diésel.
Les personnages fictifs ont beau être plus présents que les personnalités influentes
ayant effectivement existé , ils sont
éclairants dans un contexte bouillonnant entre janvier et octobre 1789, bien rendu jusque dans ses noirceurs
nocturnes, voire lors de séquences quelque peu confuses.
Barnave perd de son importance au moment où Robespierre
apparaît en fin de chapitre.
Les premiers rôles sont tenus par les plus miséreux et
la foule anonyme dont les mouvements sont remarquablement saisis. L'ajout de duels à l’épée évoque à mon avis
un genre cinématographique désuet, alors que le découpage exprime bien la dynamique du septième art.
Quelques évènements notables se déroulent à l’arrière
plan : réunion des Etats-Généraux, nuit du 4 août. Par contre la prise de
la Bastille apparait décisive et dans la dynamique de l’insurrection sont
réévalués les massacres chez Réveillon
dans le faubourg Saint Antoine ou les attaques contre les barrières de
l'octroi.
Le soin apporté au langage malgré quelques tournures au goût
du jour, restitue les distances : «
Bornons-nous à rendre au ministre congédié, dont la perte semble affliger la
nation, le tribut d’estime qu’il a mérité » il s’agit de Necker,
alors que « Répète
un peu ça, four à merde ! Race de pendu ! » s’échange autour
d’une charrette transportant de la farine.
Au-delà de la vitalité des mômes expressifs qui traversent
l’histoire, la présence d’un journaliste réactionnaire ou le frère
jumeau inventé d’un député breton apportent un recul que n’a pas forcément
l’historien Pierre Serna égratignant ceux qui se contentent de « ronronner la énième histoire de la
révolution » ; ce n’est effectivement pas le cas avec ce bel
ouvrage.
A ce propos, au théâtre, Pommerat appelait, me
semblait-il, à davantage de réflexions.http://blog-de-guy.blogspot.com/2016/05/ca-ira-1-fin-de-louis-joel-pommerat.html
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