La collection « tracts » chez Gallimard au format
court (58 pages) participe utilement au débat d’idées.
Entre deux humoristes, l’entretien radiophonique du matin, m’a
donné envie d’aller plus loin, tant la réaction du philosophe des sciences évitant de s’adresser principalement à ses pairs est
claire comme de l’eau de roche
Il met en évidence quelques biais qui entravent nos
compréhensions :
on croit ce que l’on aime croire,
on croit not’ maître,
on a oublié que « le
cordonnier doit s’arrêter au bord de la chaussure »
et que « la
science prend souvent l‘intuition à contre-pied ».
Jadis, le temps était constructeur, aujourd’hui « la rhétorique de l’innovation
s’appuie sur l’idée d’un temps corrupteur ». Le progrès a disparu.
Le vulgarisateur illustre d’une façon convaincante la
réconciliation de la connaissance et de la passion, « l’émotion de la quête » pour combattre le populisme
scientifique.
Mais « circulent
dans les mêmes canaux de communication des éléments appartenant à des registres
très différents : connaissances, croyances, informations, opinions,
commentaires, fake news… »
L’enseignant en physique quantique parsème ses pensées de
riches citations :
« Il est
difficile de dire la vérité, car il n’y en a qu’une, mais elle est vivante, et
a par conséquent un visage changeant » Kafka.
Il replace nos
querelles dans l’histoire, datant de Galilée la séparation de l’homme et de la
nature, sans renoncer aux avancées scientifiques pour réparer les dégâts causés
à la planète.
« Est-ce avec la
physique d’Aristote que nous stabiliserons le climat ?
Avec la médecine d’Avicenne que nous parerons
aux attaques du coronavirus et de ses successeurs ?
Avec la biologie de Pline
l’Ancien que nous préserverons la biodiversité ? »
Un sujet qui m'est cher.
RépondreSupprimerJe ne vois aucune raison pourquoi... les "progrès" d'une science "moderne" auraient fait disparaître le besoin fondamentale de l'Homme de croire, et d'avoir la foi, de chercher même ce en quoi il peut croire, et en qui il place sa foi.
Fut un temps où même les grands scientifiques pouvaient reconnaître qu'ils étaient juchés sur les épaules des géants qui les ont précédés.
Mais il devient de plus en plus évident qu'une science (et pas que...) moderne se situe dans la rupture avec, et le reniement de ce (et de ceux...) qui venaient avant.
Cette gloutonnerie de la rupture innovante sape la continuité entre les générations, et de ce fait, la transmission... du savoir. On appelle ça l'arroseur arrosé.
Pour la séparation de l'homme et de la nature, je te réfère à deux articles dans Jacqueline de Romilly, "Tragiques grecs au fil des ans" : L'actualité intellectuelle au Vème siècle à Athènes, le "Philoctète" de Sophocles, et "Nature et Education dans le théâtre d'Euripide" où on voit ce qui se passe dans la société athénienne quand les sophistes professent que l'Homme peut être amélioré par une éducation... payante, qui plus est. La société athénienne était acquise à une structure d'aristocratie héréditaire avant...
Et puis, "Les Bacchantes" déploient les tensions incandescentes dans le conflit entre les sexes qui pousse les femmes... civilisées ? riches ? à vouloir abandonner leur foyer, et leur filage pour aller courir derrière Dionysos.. SUR LA MONTAGNE... Si ça, ce n'est pas d'une actualité brûlante, je ne sais pas ce que c'est.
Le monde devant nous est toujours soumis à un certain nombre de problèmes fondamentaux qui ne s'en vont pas, garantissant une... continuité à l'Homme, de mon point de vue.
"On" nous a déjà chanté les louanges de "l'Homme nouveau", mais j'ai 64 ans maintenant, et j'ai du temps et de l'expérience derrière moi. J'ai vécu. Plus de temps derrière que mon fils de 31 ans qui est plus apte à écouter... les sirènes...