samedi 6 juin 2020

La femme du dimanche. Fruttero & Lucentini.

Parfois la justesse d’un titre épuise le talent des auteurs. Avec ce duo d’écrivains, les mots en devanture disent bien la richesse et les mystères des 537 pages qui suivent.
Venise et Sienne avaient été le lieu essentiel d’autres prouesses littéraires quoique policières   http://blog-de-guy.blogspot.com/2019/05/lamant-sans-domicile-fixe-fruttero.html .
Cette fois c’est la ville de Turin qui est explorée, pas celle des cartes postales :
 «Une laideur mise au point par un perfectionniste qui n’avait oublié ni l’acacia solitaire et mourant, ni la boite de sardines rouillée dans les orties du sentier. » 
Quelques personnages de la « haute » sont révélés avec finesse et originalité, lors d’une intrigue policière qui prend son temps.
Avec ce roman nous remontons à 1972 et leur premier best seller qui avait inspiré un film de  Luigi Comencini, avec Mastroianni. 
Sur une trame futée, l’écriture luxuriante est attentive:
«  Ce mardi de juin où il fut assassiné, l’architecte Lamberto Garrone regarda plus d’une fois l’heure. »
Le premier à disparaître d’un coup de phallus en pierre avait :
« … les défauts et les qualités d’une Turin en voie de décomposition accélérée : la parcimonie mais gangrénée jusqu’à la gueuserie ; la réserve mais dégradée en louche sournoiserie ; le conformisme, mais atteint de fermentations modernistes ; la « vieille école », mais mangée par les vers de coquetteries et de vices ignobles »
Il n’y a pas que les professionnels de l’enquête à vouloir connaître les coupables, approcher la vérité comme la voyait Oscar Wilde :
«  A la seule mention de ce nom décadent, efféminé et démodé, en plus, Anna Carla se retourna comme si elle avait entendu un serpent à sonnettes dans les cactus. «  Si tu t’entêtes à dire la vérité, cita Massimo, tu finiras tôt ou tard par te trahir. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire