En ces jours virulents (confinement), je ne pouvais lire que des poésies,
et comme je venais d’acquérir ce volume de plus de mille pages, je m’y suis mis
de la première à la dernière page sans attendre les directeurs de conscience à
la queue leu leu qui redécouvraient la poésie comme emplâtre à nos vacuités.
Au cours de ma carrière j’ai donné une place centrale à cet
art qui était, dans les temps très anciens, le plus noble pour accéder à
l’académie
Qu’il est bon de découvrir les trouvères qui chantèrent
avant même Rutebeuf:
« Au temps où
l’arbre s’effeuille
Qu’il ne reste sur
branche feuille
Qui n’aille à
terre »
Et arriver idéalement à Seghers, éditeur
aux recueils d’un format qui nous emmena au cœur des émotions subtiles par
l’intermédiaire des passeurs adulés Ferré ou Brassens et aussi tourneur de mots.
« Ainsi passe la
vie à surprendre un langage
Inaudible et pourtant comme l’herbe vivant
De l’éternel azur qui n’est fait que de vents
De silence, d’attente, et d’autres paysages »
Inaudible et pourtant comme l’herbe vivant
De l’éternel azur qui n’est fait que de vents
De silence, d’attente, et d’autres paysages »
Si Saint John Perse m’a paru toujours aussi hermétique ainsi
que René Char, la force de Rimbaud m’embarque plus que jamais et Baudelaire !
C’est une sorte de Lagarde et Michard consacré uniquement à
la poésie avec des commentaires instructifs. Et même si je
regrette l’absence de Charpentreau qui enchanta mes années auprès des écoliers
et au-delà, le classement chronologique permet de comprendre que nombre de
génies de la langue se sont nourris des productions de leurs prédécesseurs et
de mesurer ainsi leur apport. A petite dose il est bon de revenir vers Nerval,
sortir de clichés autour de Pierre Louÿs, et se régaler de Francis Ponge dont
personne n’a pu mieux définir son œuvre que lui-même lorsqu’il a
titré « le parti pris de choses ».
« Où donc sont
allés mes jours évanouis ?
Est-il quelqu’un qui
me connaisse ?
Ai-je encore quelque
chose en mes yeux éblouis,
De la clarté de ma
jeunesse ? » Hugo, à la
vie à la mort.
Ça donne envie, merci.
RépondreSupprimer