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« Chaque enfant
qu'on enseigne est un homme qu'on gagne.
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt. » Victor Hugo
Quatre-vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés à l'école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d'une croix.
C'est dans cette ombre-là qu'ils ont trouvé le crime.
L'ignorance est la nuit qui commence l'abîme.
Où rampe la raison, l'honnêteté périt. » Victor Hugo
Hugo parlait d’enseignement au XIX° siècle. Au XXI°,
les micros se prosternent quand Greta Thunberg
demande aux étudiants de faire grève alors que la terre redevient plate pour
certains. L'insistance à propos de la planète en train de brûler peut
participer d’un arasement des bonnes
volontés, des volontés, des espoirs.
Lorsqu’un enfant parait, les fées demandent: quelle
sera son empreinte carbone ?
Et au temps de l’orientation, peu de doigts pourront se
lever pour répondre à la question: qui voudrait devenir ingénieur ?
Nos conversations toujours recommencées ajouteront une
catégorie professionnelle à la liste de ceux qui ne souhaitent pas travailler dans
l’éducation, dans la santé, ni devenir pompier
ou hôtesse de l’air. Intermittent du spectacle ou prescripteur sur You Tube est
bien plus désirable. Mais, à mes yeux, toute réponse en termes de rémunérations
ne fait que participer à la crise de nos valeurs.
Le travail est déconsidéré. C’était aussi le lieu de la
rencontre des autres.
La précarité naguère vécue comme un inconvénient devient
quasiment un objectif de vie. Même si cette capacité d’adaptation des populations est
encourageante tout comme la lucidité des plus jeunes, hors micro, quant à leurs
futures retraites.
Lorsque le passé remâche la colonisation, et que le présent
sombre dans la dérision, le futur peut-il être désirable ?Quand prononcer le mot « homme » devient un objet de contestation, la dénomination « papa » ne sera-t-elle admise que lorsqu’un bébé exprimera une négativité de bon aloi : « pas pas » ?
La figure de l’homme, du mâle, devient incertaine, mais les
plus brutaux ne renonceront pas, malgré des campagnes mettant à jour des
conduites inadmissibles. Lorsque l’on voit la multiplication des pancartes
homophobes dans les stades depuis qu’elles sont prohibées, on peut douter de
l’efficacité des intentions, les meilleures. Les féminicides n’ont pas diminué
depuis que le mot est devenu courant.
La réunion d’un peuple ne dépasse guère le temps d’un après
match, alors que la légitimité des élus est sans cesse remise en cause. Le « nous »
devient impossible à conjuguer quand « moi moi » prétend avoir raison, seul.
L’ère du soupçon se revêt de plus en plus de ténébreuses
couleurs. Le rejet de toute autorité, surligné parfois en jaune fluo, mine la
confiance à la base de notre assemblage républicain.
L’école considérée comme un guichet à
consommateurs-électeurs a oublié son rôle de « matrice de la nation »
comme disait Robert Redeker dans Marianne.
Et pourquoi pas, tant qu’on y est, « père de la
nation » ? Les épigones des moustachus emblématiques de Djougachvili dit Staline ou les fils
de Pétain, s’y verraient.
Les institutions ont résisté mais subissent tellement d’ébranlements
violents tandis que sont sapées ses fondations que la tranquillité devient un
luxe, une parenthèse ; ne serait ce pas depuis que le mot « instituteur »
( celui qui institue) est devenu obsolète ?
« Les
institutions sont la garantie du gouvernement d'un peuple libre contre la
corruption des mœurs, et la garantie du peuple et du citoyen contre la
corruption du gouvernement. »
Saint-Just
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Image découpée dans "Le Point"
Instituteur était un beau mot, je l'utilise toujours envers et contre tous. On rencontre parfois des instituteurs et -trices qui nous font reprendre espoir; Curieusement les valeurs de l'école républicaine se trouvent plus incarnées dans des collèges privés que dans des cours publics. Ma petite fille qui va à l'Aigle en sixième s'enthousiasme pour Homère. si seulement elle n'était pas la seule...
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