Un petit tour de poneys ou les délices du toboggan à la
piscine permettent de se reposer de toutes les sollicitations diverses qui
attirent des dizaines de milliers de familles dans la belle station de Haute
Savoie: argile tournée auprès d’une potière ou partie acharnée de hockey sur
table… Nous croisons des dodos, des oies en fanfare, un dragon et des amateurs
de musique pop sur échasses, Bébé Charli qui n’en finit pas
d’en « remettre une couche » entrainant une petite troupe
derrière son landau motorisé : « nous voulons des
bonbons ! »
La programmation toujours remarquable ne fait pas oublier leur esprit critique à
certains adultes quand la démagogie des interventions d’un directeur du festival
très investi mais quelque peu pathétique est trop manifeste :
« Alors les
enfants, les parents n’ont pas été trop pénibles hier au soir ? »
voire prend une tonalité crépusculaire lorsqu’est reprise à
l’envie la formule d’Alphonse Allais: « Pourquoi
prendre la vie au sérieux puisque de toute façon nous n’en sortirons pas
vivants ? »
Les clowns présents dans un tiers des 95 spectacles
présentés n’ont justement pas besoin de sur-titrage pour exprimer le tragique
de la condition humaine. Il vaut mieux rire quand les corps empêtrés, sont en
prise désormais à tant de branchements énigmatiques.
Le nez rouge de Nicolas Ferré a noirci suite à ses
tentatives pour faire décoller son Frigo. Ses relations avec un public comblé courent sur un fil subtil générateur d’émotions.
La surprise était d’autant plus belle, que nous nous ne sommes pas
attardés au Tricot de Denise qui
était à notre programme : le présentateur étant bien peu investi dans le
partage des secrets d’une grand-mère à travers des objets présentés aux flancs
d’une caravane.
La compagnie des « Nouveaux nez » était présente
et madame Françoise a beau être seule en scène, son énergie, qualité de tant de
ses confrères, est communicative : la maîtresse d’école joue sur les mots
et enchaîne les explications drôles et poétiques depuis l’origine des bébés
jusqu’aux caractéristiques des planètes : L’Alpha bête.
Klonk et Lelonk,
le petit et le grand, dissemblables sont inséparables.
Ils se sont produits au Forum toujours bondé où un autre
matin les jonglages d’apprentis circassiens de l’association Oval nous ont
embarqués aux sons de Santiano. Une
autre fois nous y avons aperçu une main nue au dessus d’un castelet
improbable : c’était Guignol qui prenait des vacances à la montagne sans
ses habits.
Gogol et Max font entrer L’humour in concert : le plus sérieux des concertistes peut se
révéler le plus dingue des acrobates et son partenaire ingérable le plus
virtuose des musiciens.
La musique permet de surmonter Les bruits du noir quand elle les transfigure.
Sacré silence
bien entendu joue des sons et du goût de la répétition familière aux enfants,
des écrans venant poétiquement habiller les mots en écho lors des
apprentissages.
En maitrisant merveilleusement de si fragiles bulles
de savon, Clinc ! est fidèle à ses
intentions, pourtant ambitieuses, de traduire « le changement qui se produit chez les gens lorsqu’ils cessent de voir
la vie avec pessimisme, lorsqu’ils décident de contempler la beauté qui les
entoure et de commencer à prendre les autres en compte au lieu de vivre isolés. »
A partir d’argile, l’univers plus intime de Soon évoque la séparation d’avec les
parents.
Que les contes proviennent de tous les continents dans La lettre
perdue de tonton Léo ou rythmant une visite de La maison du patrimoine, ils sont à la base de notre mémoire, un
vecteur de notre relation au vivant, au spectacle vivant, à mon semblable, mon
petit frère, ma grande sœur.
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