jeudi 5 avril 2018

Christian De Portzamparc. Benoît Dusart.


Si les projets de l’architecte urbaniste n’ont pu être réalisés à l’Esplanade, dans notre petite ville, le public était nombreux pour écouter la conférence qui lui était consacrée devant les amis du musée de Grenoble.
Premier français à recevoir en 94 le prix Pritzker, sorte de Nobel de l’architecture et le grand prix de l'urbanisme en 2004, comme le Goncourt, le natif de Casablanca (1944) a déménagé 20 fois pendant son enfance.
Enseignant au Collège de France, il est considéré comme un « poète des formes, créateur d’espace éloquents, ne relevant ni du classicisme ni du modernisme ; un esprit singulier », « attentif à l’esprit des lieux ».
Marié avec Elisabeth née à Rio, sociologue et architecte d’intérieur, ils ont réuni leurs agences sous la dénomination « 2Portzamparc ».
Les petits cailloux des années de formation, ceux qui l'ont influencé, ont les formes des bâtiments de Niemeyer à  Brasilia,
ou celle de la main ouverte de Le Corbusier à Chandigarh
et le parti pris de la Philarmonie de Berlin où sont absents angles droits et symétrie axiale.
Après un passage chez Georges Candilis qui contredit ses intuitions de plasticien en affirmant que « l’architecture n’est pas un art mais doit répondre aux besoins de la société », il fait un tour dans l’underground New-yorkais pour revenir à Paris en 68.
«  Nous voulons un pays où nous serions à ciel ouvert » est alors écrit sur les toits de l’école des Beaux arts. L’asthmatique n’aimera jamais les espaces confinés.  
Dans les années 70, il travaille dans une équipe interdisciplinaire où loin des grilles psychologiques ou marxistes, s’expriment les occupants des grands ensembles qui n’apprécient ni les lieux qu’ils habitent ni leurs abords.
« Toute architecture engage une vision de la ville qui dépasse le bâtiment exécuté, et dans presque toute situation une architecture suppose ou contredit, consciemment ou non, un modèle d'agrégation urbaine. »
Alors que le style monumental a mauvaise presse, afin de créer de l’urbanité dans une ville en devenir, son château d’eau à Marne-La-Vallée prend des allures de Babel.
L’ensemble des 209 logements sociaux des Hautes Formes reliées par des étrésillons est aménagé autour d’une placette avec des verticalités, des prises de lumière, des dispositions différentes.
Il coordonne la construction du plus grand campus parisien autour des grands moulins de Paris reconvertis en bâtiments universitaires,en offrant un âge 3 à la ville, après les îlots fermés haussmanniens et les blocs sans rue à l'écart des villes.
Ici, dans le quartier Masséna, des rues étroites permettent de donner un sentiment d’appartenance en continuité avec la ville existante. Des brèches dans le bâti créent du rythme; les couleurs et les matériaux sont variés.
A Almere aux Pays Bas il travaille à la citadelle avec Rem Koolhaas où en un feuilleté, les espaces hiérarchisés communiquent : circulation en sous sol, piétons et commerces au sol toiture végétalisée et résidences.

Les Champs libres à Rennes réunissent le musée de Bretagne, une médiathèque et un espace scientifique requalifiant le quartier de la gare ; les espaces intérieurs sont généreux.
Le musée Hergé à Louvain entre en résonance avec la ligne claire de la BD.
Si The Broad Art Foundation Museum est resté à l’état de projet,
pour la cité de la musique à la Villette après avoir bataillé avec Pierre Boulez question acoustique, sa salle elliptique inscrite dans un jeu de courbes est accueillante.
Le faisceau de colonnettes de la Philarmonie au Luxembourg est remarquable,
la salle de musique de chambre en conque est charmante.
Dans le même temps il honorait la commande de l’ambassade de France à Berlin où Elisabeth a réalisé la décoration intérieure.
A Casablanca au coeur de la ville s’élève Casarts, le plus grand théâtre d’Afrique, derrière deux immenses ventaux dont on peut varier l’ouverture.
Pour Lorenzetti le patron du Racing, l’U Arena à Nanterre accueille des matchs de rugby et des spectacles.
Depuis des milieux on ne peut plus urbains à New York avec la tour LVMH,
 ou à Séoul pour Dior,
il sait aussi se couler dans un paysage classé au patrimoine de l’UNESCO à Saint Emilion pour un chai du château Cheval blanc. 

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