Des étudiants de l’école d’architecture assistaient à la
conférence des amis du musée de Grenoble, bien que cette discipline ne fût
enseignée pour elle-même au Bauhaus que vers la fin du règne de la prestigieuse
école (1919-1933). Là se concevaient des formes (design) entre les deux
guerres. Tous les directeurs étaient architectes.
Si Le Corbusier ou Fernand Léger connaissaient ce
qui s’enseignait à Weimar où tout a commencé, des imprimeurs, des typographes
ont aussi été intéressés. Le seul français admis à suivre les enseignements, croyant
bénéficier de leçons classiques, en est vite revenu.
Les beaux arts passaient alors aux arts appliqués.
A la fin de la première guerre, le contexte politique
mouvant est favorable aux innovations. Walter Gropius crée l’école du Bauhaus (maison de la construction)
issue de la fusion de l'école de l'artisanat et de l'académie
des beaux-arts de Weimar. Le beau se joint à
l’utile, l’esthétique au fonctionnel. L’emblème, le logo, est de Oskar Schlemmer.
La maison « Haus am Horn » fonctionnelle
et confortable présentait alors toutes les innovations des différentes disciplines:
poterie, travail du métal, du bois, des tissus… alliant recherche et
production.
Après des cours préliminaires, la forme était enseignée par des
artistes tels Paul
Klee ou Kandinsky et la pratique par un maître artisan.
Alors que le travail est collectif, les querelles viendront
plus tard avec le succès de cette lampe WG24 dont la forme suit la
fonction de Wilhelm Wagenfeld .
La chaise en tubes d'acier modèle B3 sans ses quatre pieds, mieux dénommée «
chaise
Wassily », est fabriquée d’une façon
industrielle dans les années 60.
Plongeant ses racines à l’époque médiévale, La
cathédrale du futur de Feininger qui figurait sur le manifeste de
l’institution, annonce un monde meilleur, socialiste. Mais l’environnement est
incompatible avec les ambitions de l’école : en 1924, le Land de Thuringe désormais
dirigé par l’extrême droite amène le déménagement de l’école à Dessau.
« Les maisons des maîtres » autour des bâtiments
d’enseignement tout en vitres
ou la cité « Dessau-Törten » sont devenues des références de la modernité.
Mille invités assistent à l’inauguration avec expositions,
musique et théâtre.
En 1928 Gropius, marié à Alma Malher, démissionne pour
laisser la place à
Hannes Meyer.
Celui-ci radicalise la démarche
allant vers des créations encore plus simples et accessibles à tous,
mais il ne résiste pas aux conflits politiques qui traversent l’époque.
Avant de quitter Dessau pour Berlin Oskar Schlemmer peint l’escalier du Bauhaus
où l’on retrouve le mouvement de ses ateliers de théâtre, ses ballets triadiques et ses fêtes
mémorables.
Ludwig Mies Van der Rohe, « Mies »
pour les intimes, auteur du pavillon allemand de Barcelone assure la dernière
brève installation de l’école à Berlin où elle ferme en 1933, quand les nazis prennent
le pouvoir.
Mais l’esprit du Bauhaus essaime de Tel Aviv à Mexico. Laszlo Moholo
Nagy, un des enseignants de l'école, fonde à Chicago le « New
Bauhaus » et Miers dessine dans les années 1950 le « Seagram Building »
de New York.
Bien que « Il court il court le Bauhaus » de Tom
Wolfe, qui est à prendre avec des pincettes pour Le Monde, excite la curiosité,
pour compléter cet exposé à visée historique, j’emprunte en manière de
conclusion à un site
« L'influence du
Bauhaus a été déterminante pour l’architecture : Il l’a
introduite dans la modernité, quitte à l'amener parfois vers ce côté froid et
inhumain qu'on lui a reproché ; il a imposé de nouveaux matériaux ; il a aussi
développé l'idée qu'un objet pouvait être à la fois simple, esthétique,
fonctionnel et accessible au plus grand nombre : c'est l'idée du design,
aujourd'hui omniprésente. »
Je constate qu'il n'y a pas une courbe dans ces constructions. Tout est en lignes droites. Il y règne un formalisme suffocant.
RépondreSupprimer"Qui sedes ad dexteram Patris"... quoi..
Je ne sais pas dans quelle spiritualité orientale (peut-être même un courant de l'Islam ? ou des écrits mystiques Hassidim, ma culture devient très fragmentée maintenant) on identifie le diable à ce qui est droit.
Les nues dans les tableaux de Rubens ne sont pas... droites. Elles ont des courbes, et de la belle chaire rose et plantureuse. Il y a même un peu de.. gras dans ces corps, pour une époque qui apprécie le gras et ne jure pas par l'ascétisme.
Je constate à quel point les visages du tableau en bas sont interchangeables et impersonnels... pour être plus esthétique, simple et... FONCTIONNEL pour LE PLUS GRAND NOMBRE ?? Pour que personne ne puisse se sentir exclue ?
Le vieux dicton confirme que le plus court chemin vers l'enfer passe par les bonnes intentions...