ça faisait un bail que je n’avais pas mis le nez dans le
mensuel qui a été un succès de presse tellement durable dans un univers journalistique en
crise qu’il s’est décliné en Society, So film...
Comme lorsque je lisais Libé les clins d’œil me séduisaient
avec la possibilité de me complaire dans des passions frustres sous un couvert
quelque peu cultureux, mais depuis que la première division est devenue « ligue
1 Conforama », je ne saisis plus toutes les références, en particulier
musicales parce que oui il est souvent question de reggae, de rap autour des terrains et dans les casques visés aux oreilles de certains prescripteurs de mode. Je ne suis plus de la famille, comme lorsque je feuillette Les
Inrocks, ma culture la plus récente remontant à Bénabar est insuffisante.
Alors ce numéro 150 avec 150 joueurs et personnalités qui
déclarent leur amour du football me convenait, d’autant plus que Riquelme et sa
femme Larissa, François Ruffin, Anna Karina, Gatuso, Platini, Vairelles, Stoitchokf,
Coco Suaudeau me disent quelque chose.
Et Bégodeau sait de quoi il parle :
« A l’heure de
l’universel gainage, de l’obligatoire body-buildage le foot hisse sur le toit
du monde un freluquet jamais vraiment guéri de sa native maladie de croissance. »
( Messi)
Et Maylis de Kerangal :
« C’est la vie
reconnectée à l’enfance, au sérieux de l’enfance, à sa puissance, à ce qu’elle
peut recéler d’innocence pure, quand il s’agit de se donner rendez vous à la
Chapelle le dimanche pour faire un foot ». Sous le titre « Il m’ont dit que j’étais Sergio
Ramos »
Piperno, écrivain italien, supporter de la Lazio, partisan
et malhonnête à souhait, va chercher au stade la sociabilité absente dans d’autres lieux, bien que : «
le supporter compétent m’énerve énormément -celui qui te parle de 4-3-3 de
4-4-2 . Je trouve que c’est un truc d’Américain, ces statistiques. »
Un éducateur, un intendant, un accompagnateur fidèle depuis
trente ans à leur club font figure d’exception, et si des supporters dans leur maillot et short
de leur club de cœur « repoussent les confins de l’élégance » pour
certains l’amour est déplacé :
« Un soir de PSG-OM alors que Marseille prend l’eau.
Océane neuf mois de grossesse, perd les eaux. Mais pas question d’interrompre
le spectacle : elle attendra la mi-temps pour monter dans la
voiture. » Ce supporter du PSG a prénommé le petit, Ezequiel, prénom
de Lavezzi.
Sur plus de 100 pages, il y a quelques beaux textes et des
témoignages émouvants, des réflexions justes et même une page sur 150
(mauvaises) raisons de ne pas aimer le foot où se retrouve toute la verve des
journalistes qui ont fait bouger d’autres publications : France Football
est devenu tout à fait plaisant à lire avec une pointe d’impertinence qui lui
était étrangère :
« Parce
qu’ « il y a un moment, il faut replacer les choses. On vit sur une
planète, dans un monde. Il n’y a pas que le foot, tu vois ! » Patrick
Montel.
Parce qu’on est prof
d’EPS et qu’on préfère le handball.
Parce qu’on aime pas
la vie.
Parce qu’on est arbitre… »
…………..
Par contre le titre « Footeux
du dimanche » peut attirer, mais ce recueil de petites photographies de 150 pages sur les
terrains au niveau des districts accumule les images de maladresses, les poses de
pochtrons et ne comporte pas une once de poésie. Le rapprochement des
expressions usitées : « on n’est pas rentré assez tôt dans le match »
avec quelques scores déséquilibrés, épuise assez vite son potentiel comique. « Marly Gaumont a perdu 20- 0, le gardien
de but est parti faire vêler sa vache »
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