Qu’il est doux de baigner pendant 2h 30 dans une langue qui
ne prend pas le « parcours court », à suivre ce coureur élégant, mais
angoissé, personnalité de notre vocabulaire commun.
Dans la version de Sivadier, habitué de la MC 2,
je me suis interrogé sur la liberté du libertin :
n’est-il pas prisonnier de son image sans cesse remise en
jeu devant son valet ?
Il fuit jamais rassasié, il se défend, écoute, se démène, mais se brûle.
Et si du temps de mes études adolescentes le ciel m’avait
semblé vide, aujourd’hui Dom Juan affronte un Dieu vengeur.
Il y a quelques additifs :
« Bébé, je suis
chaud comme un four
J'ai besoin d'amour » de Marvin Gaye.
J'ai besoin d'amour » de Marvin Gaye.
Les passantes de Brassens
« Dont la svelte
silhouette
Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui ».
La philosophie de Sade n’est pas boudée non plus :
Le texte remarquablement joué dans des registres variés
menant de la farce, aux réflexions les plus graves, a traversé les siècles et
nous parle fortement. Est si gracieuse et fluette
Qu'on en demeure épanoui ».
La philosophie de Sade n’est pas boudée non plus :
« L’idée de Dieu est je l’avoue, le seul
tort que je ne puisse pardonner à l’homme »
Le texte remarquablement joué dans des registres variés menant de la farce, aux
réflexions les plus graves, a traversé les siècles et nous parle fortement
Nicolas Bouchaud y est encore remarquable :
et ses comparses jouant plusieurs rôles rendent palpable un
sympathique effet de troupe.
Le sens du concret de Sganarelle dans les derniers mots de
la pièce, apporte le comique qui enrobe bien le destin tragique de son
orgueilleux maître :
« Voilà
par sa mort un chacun satisfait: Ciel offensé, lois violées, filles séduites,
familles déshonorées, parents outragés, femmes mises à mal, maris poussés à
bout; tout le monde est content: il n'y a que moi seul de malheureux! Mes
gages! Mes gages! Mes gages! "
Il y a bien sûr la
partie qui fut censurée en son temps où l’aristocrate demande à un mendiant de
blasphémer pour un Louis d’or ; celui-ci refuse.
Tant d’insolence et
de promesses non tenues devraient convenir en ce siècle où les mots paraissent
trop nombreux aux méprisants cadres ministériels de l’éducation nationale qui se
régalent sûrement de voir Paul Pogba référencé
plutôt que Molière. Dans cette pièce aussi, les médecins sont ridiculisés
ainsi que l’hypocrisie persistante, mais sous bien des latitudes, toujours
frais, Molière mordra encore avec élégance.
J'aime beaucoup Molière...
RépondreSupprimermais...
je le plains en constatant avec quelle véhémence il peint les affres des incroyants de tous bords.
Il y a un certain temps je trouvais que le personnage de Dom Juan souffre d'un mal... féminin... de vouloir baiser Dieu.
Propos ambiguë, certes. Comme le personnage lui-même.
Se souvenir que peut-être le seul acte de la pièce de Molière qui rachète un tant soit peu Dom Juan, c'est le fait qu'il donne la pièce de monnaie au mendiant par... grâce et pas par mérite.
Les modernes, qui ne voudraient adorer que le mérite, auraient refusé la pièce au mendiant.
Et Sganarelle ?
Il est plus décadent encore que son maître, même s'il nous paraît plus familier..